L'humeur d'avant GP : Ferrari/Mercedes, l'intox

Avant et après chaque GP, Sport Auto.fr se laisse aller à une humeur très personnelle. En Chine, on ne parle que du duel Ferrari/Mercedes. Sur fond d'intox.
Il n'est pas si lointain le temps où Mercedes allait assurément
dominer la saison encore plus qu'en 2014, où le public et la presse
avaient déjà fait une croix sur 2015, où la concurrence ne se
faisait pas le moindre début d'une illusion, et où, même, un
certain Sebastian Vettel chambrait, en pleine conférence de presse,
les pilotes Mercedes avec un défaitisme assumé : "d’où vous croyez
que l'on va revenir alors que vous nous avez collé trente secondes
sur un GP..."
Mais tout çà, visiblement, c'était avant. Avant le miracle malais
et la victoire totalement inattendue de Ferrari et de Vettel. En à
peine 1h30 de grand prix, la vision du monde F1 a changé. Tout a
basculé. Ferrari montre maintenant les muscles, certains (une
petite minorité) chez les Rouges vont jusqu'à parler de titre
mondial. De même, effet papillon, Mercedes se met d'un coup à
trembler. L'écurie allemande multiplie les déclarations
d'inquiétude, se somme de réagir, et rapatrie en urgence et en
grande pompe ses pilotes au QG pour tirer les conséquences de la
défaite de Sepang et repartir de l'avant. Personne ne peut nier la
théâtralité de la semaine qui vient de s'écouler.
Encore 3 ou 4 dixièmes d'avance ?
Mais tout cela est évidemment la nature même de la F1. Un sport
de très haute concurrence où la méfiance voire la paranoïa règne.
L’instinct de survie mécanique. Une écurie qui n'a plus peur est
une écurie déjà sur une pente descendante. Et même quand tout cela
est un peu sur-joué, il faut mieux accentuer la menace que de la
sous-estimer. Mercedes sait très bien qu'il y a encore 3 ans,
personne ne les prenait au sérieux et qu'aujourd'hui, ils sont les
maîtres du jeu.
Mercedes a toutefois encore de quoi voir venir. S'ils n'avaient pas
commis d'impaires stratégiques à Sepang, Ferrari n'aurait pas
gagné. L'analyse des chronos montre encore une supériorité de
Mercedes, d'au moins 3 à 4 dixièmes sur la Ferrari. Mercedes a
perdu 3 GP l'an passé mais a largement remporté le championnat. Red
Bull a perdu à 6 reprises en 2013 mais Vettel n'a quand même fait
qu'une bouchée de la concurrence. McLaren a été défaite 6 fois en
1989 et a malgré tout filé vers le triomphe.
Ce week-end, en Chine, la communication, le jeu de dupe et l'intox
prendra fin. Le tracé de Shanghaï nous donnera un premier indice
fort : Ferrari peut-elle vraiment battre Mercedes sur la durée ?
Sur un circuit au design proche de celui de Sepang, mais avec des
températures fraîches qui remettront Mercedes dans le jeu, on en
saura plus. Avec, une semaine après, un autre test dans la chaleur
de Bahreïn, où l'on peut être sûr que les troupes de Brackley ne
feront pas deux fois la même erreur.
Si Ferrari fait jeu égal ou titille Mercedes lors de ces deux
grands prix, on pourra dire que la Scuderia est en lutte pour la
bataille mondiale. En revanche, si Ferrari prend une valise en
Chine comme à Melbourne (1 seconde en qualif’ et 30 secondes en
course), et si Mercedes se reprend dans les conditions de
température extrême de Bahreïn, il sera évident que nos espoirs
étaient de courte durée. Ferrari parait aujourd’hui au mieux parti
pour jouer le rôle du Lotus/Räikkönen de 2013, le trouble-fête des
conditions extrêmes. D'ici à ce que cela change durablement, rêvons
encore.


