Les 10 choses à retenir du sondage des fans de F1

Juste avant Monaco, l'Association des pilotes de GP a lancé un grand sondage mondial auprès des fans. Le but, améliorer la F1. Que faut-il en retenir ?
1. La France est bien placée, pas l'Allemagne, encore moins l'Italie
Sur les 217 756 votants, la France apparait en deuxième position des pays les plus impliqués. Derrière la Grande-Bretagne mais devant les Etats-Unis et l'Autriche. L'Allemagne confirme son décrochage d'avec la F1, en cinquième position. Incroyable alors que Mercedes domine, que Rosberg est en lutte pour le titre et que Vettel gagne chez Ferrari. On en comprendrait presque pourquoi il n'y aura pas de GP d'Allemagne cette saison. L'Italie est totalement larguée, en neuvième position. Ferrari ne semble plus suffire. C'est une bonne nouvelle pour la France, que l'on disait de moins en moins intéressée par la F1. Il faut dire que les Français sont toujours là pour donner leur avis et critiquer !
2. La F1 se rajeunit
Selon le sondage, la moitié des fans de F1 ont entre 25 et 44 ans. Avec une moyenne d'âge de 37 ans. Les trois quart suivent la F1 depuis plus de 10 ans. Les références remontent à Prost/Senna, mais pas avant.
3. La F1 passionne moins et se coupe des gens
Seul un quart de ses fans place la F1 en position de sport préféré. C'est peu. De même, seulement 1 fan sur 5 est allé sur une course dans les douze derniers mois. La moitié des fans, elle, ne regarde pas plus de 12 GP par an.
4. Des fans moins présents devant la TV
C'est l'un des enseignements majeurs de cette enquête. Le traitement de la F1 à la télévision a changé la relation entre les fans et le sport. Plus de la moitié des fans ne regarde plus les courses en direct, depuis le passage assez généralisé aux télévisions payantes. C'est un vrai désaveu. La télévision, pourtant plus présente et plus complète qu'avant (avec des heures et des heures de direct) est mise en difficultés par le web. 45% les suivent depuis internet. C'est devenu le canal numéro 1 pour les informations relatives au sport, et ce pour 55% des votes. La montée en puissance de Twitter est confirmée.
5. Ferrari et Räikkönen, les chouchous
Un tiers des votants dit suivre plus d'un seul pilote ou d'une seule écurie. C'est Ferrari qui est toutefois en tête, devant McLaren et Williams. Bref, les écuries historiques. Red Bull ne s'est pas imposée dans le coeur des gens. (Pas étonnant...).
Chez les pilotes, 80 % des fans avouent ne pas suivre un seul pilote en particulier. Un chiffre assez bizarre. Mais là-aussi, un pilote sort du lot : Kimi Räikkönen. Il devance Alonso et Button. Mais les fans sont un peu contradictoires. Car ils reprochent aux pilotes de ne pas être proches d'eux et ne pas être assez présents sur les réseaux sociaux - et ils leur demandent par ailleurs de l'être (86%) -, mais plébiscitent Räikkönen. Le pilote justement le plus fermé et le plus secret.
Tout et son contraire
6. La nostalgie des années 2000
Côté look des voitures, les années 2000 sont à l'honneur. 32% des fans trouvent que les F1 étaient plus belles dans ces années-là. Assez largement devant les années 90 (20%), les années 80 (18%) puis les années 70 (à seulement 12%). Les années 2010 devancent les années 60 et 50 (5%). C'est assez discutable. Le point clé ici est de voir que les années 50, 60 et même 70 sont maintenant rangées au grenier. Comme si la F1 était née avec Prost/Senna, le point culminant de la discipline.
7. Le trio magique
Les fans ont élu le trio de leurs pilotes favoris dans l'histoire. Senna est premier, devant Schumacher et Prost.
8. Les fans sont inquiets et sévères
Moins de 10 % des fans trouvent la F1 en bonne santé. Ils sont très sévères dans leurs jugements sur la saison 2015. Au jeu des qualificatifs, ils ont choisi pour cette saison : cher, technologique et ennuyeux. Un constat sans appel. Et quand on leur demande la même chose sur 2010 ils choisissent : technologique, compétitif, excitant.
Encore plus sévère, seuls 45% des fans pensent que la F1 a les meilleurs pilotes. Contre 65% en 2010. Un décalage difficile à comprendre vu le niveau du plateau.
Ils veulent également que les F1 soient les plus compétitives possibles (88%). Il n'y a plus que 60% à croire que la F1 est le pinacle du sport auto. 56 % se plaignent que les voitures soient trop faciles à conduire. La campagne de dénigrement de la F1 (et parfois de mensonges) a fait effet...
9. La F1 doit rester la F1
En revanche, les fans ne sont pas prêts à tout pour améliorer la F1. Ils ne sont que 16% à réclamer des voitures identiques pour tout le monde, 16% à demander un moteur identique à tous, 14% à vouloir moins d'écuries mais plus de voitures. De même 44% pensent que des voitures clientes sont une bonne chose. Enfin 18% sont prêts à accepter une grille de départ inversée pour favoriser le spectacle.
Les fans restent des puristes. Ils veulent que la F1 demeure un lieu de luttes entre constructeurs, motoristes et même manufacturiers de pneus. 80% veulent un retour d'une guerre des pneus ! 60 % demandent le retour des ravitaillements en essence. C'est la prime à la performance.
10. Les fans sont paradoxaux...
Il ressort clairement que les fans sont nostalgiques d'une époque précise : celle des voitures plus rapides, d'une lutte entre manufacturiers de pneus et de la présence de ravitaillement en essence. Or tout cela nous ramène aux débuts des années 2000 où pourtant, à l'époque, le spectacle était montré du doigt. Schumacher gagnait tout, ça doublait très peu, les coûts explosaient. Les fans sont également nombreux à regretter l'omniprésence de la sécurité, tout en appelant plus, à 86%.
Autre contradiction, ils supplient que l'on augmente les performances, que l'on concède plus de liberté règlementaire, mais ils trouvent que la F1 dépense trop (68%) et qu'il faudrait une limite budgétaire (54%). Cela ne va pas de pair.
Conclusion
Jacques Villeneuve a sans doute raison. Demander l'avis aux fans n'est pas forcément une idée de génie pour sauver la F1. Oui, savoir ce que pensent les fans est très important, et il est sain de savoir ce qui leur plait ou pas. Ce sont eux qui font vivre le milieu de la F1. Mais on voit bien avec ce sondage que si le bilan général dressé est très sévère, il est aussi et surtout assez contradictoire. On en revient au problème central de la F1 : on veut tout et son contraire. Il n'y a pas de solutions miracles.
Ce sondage est très décevant et ne fait qu'effleurer les problèmes. On en revient toujours à des voeux pieux et à des déclarations d'intention un peu faciles. Evidemment, on rêve tous de F1 d'une rapidité féroce, le tout avec des dépassements. Sauf que cela n'existe pas ! On n'apprend rien sur l'équilibre souhaité par les fans entre performance et spectacle.
Les fans défendent quand même assez clairement une vision pure de la F1, quitte derrière à critiquer le manque de spectacle qui en résulte. Tout en étant extrêmement rudes avec la saison 2015, ils en appellent au retour à des règles d'années pas plus brillantes. Cette nostalgie des années où la performance était tellement maximum qu'elle nuisait au spectacle est fortement ancrée.
Le plus sain serait donc de couper la poire en deux et de trouver un juste milieu entre les années 2004/2005 et les années 2014/2015. Une sorte d'art de la synthèse, si chère à un certain Président... normal !