Invasion de Ferrari F40 à Silverstone

Dans les années 80, le terme que tout le monde a sur les lèvres est « Groupe B« . Cette catégorie est le théâtre d’affrontements épiques entre les monstres de tous les constructeurs. Le règlement y est relativement souple et permet de gonfler les machines à des puissances hallucinantes mais impose de construire au moins 200 exemplaires d’une version routière de la voiture de course.
A l’époque, deux spécialistes souhaitent s’y aventurer de façon officielle grâce à des voitures totalement neuves capables de tenir tête aux Lancia 037 et autres Audi Quattro Sport : il s’agit de Porsche et Ferrari.

Le choix technologique

En Allemagne, on décide de développer pour le Groupe B un engin qui pousse le plus loin possible le concept de la 911 et qui sert également de laboratoire technologique. Il s’agit de la 959, réputée pour ses 4 roues motrices, sa gestion électronique très complexe (elle gère la répartition de la puissance dans le système intégral ainsi que les réglages de la suspension pilotée), son tarif hallucinant pour l’époque (210 000 € durant la première moitié des années 80 !) et ses innombrables problèmes.

L’évolution vers la perfection

De l’autre côté, Ferrari envisage le problème différemment. Via des équipes semi-privées, le constructeur est déjà présent en Rallye avec les 308 GTB Groupe 4. Elles sont ensuite modifiées pour participer au Groupe B mais le projet meurt rapidement (3 exemplaires de 308 GT Evoluzione seulement). Apparait alors la 288 GTO, développée spécifiquement pour la catégorie et le rallye. Un an plus tard, en 1985, la GTO également devient Evoluzione mais ce monstre absolu (650 ch pour 940 kg) est coupé dans son élan par l’arrêt du Groupe B, jugé trop dangereux. Mais cet ultime dérivé de la 308, et l’arrivée de la 959 chez l’ennemi juré de Stuttgart, donne des idées à Enzo Ferrari.

Une dernière pour la route

Vieillissant, le « Commendatore » se doute qu’il ne lui reste plus qu’une seule opportunité de créer la Ferrari ultime qui couronnera son héritage et éblouira le monde entier. Et le pilote qu’il était à ses débuts sait parfaitement ce qu’il faut répliquer à la débauche technologique de Porsche : une supercar simple, radicale et minimaliste, véritable voiture de course homologuée pour la route. Nous sommes en 1987 et il se trouve que l’engin permet également de commémorer les 40 ans d’existence du constructeur. Son nom est donc tout trouvé : F40.

L’art et la manière

Le monde entier est subjugué, que ce soit par le style impressionnant de l’engin ou par sa fiche technique. Car la Ferrari F40 a beau être très simple dans sa philosophie, elle fait appel aux matériaux les plus avancés de l’époque dans sa conception. Autour d’un châssis tubulaire en acier, les éléments en carbone-kevlar côtoient ceux en fibre de verre et les vitres sont en lexan ou en plexiglas. Le dépouillement est complet à bord, avec pour seul élément de confort une climatisation. Les vitres sont fixes, les portes s’ouvrent avec une cordelette et les sièges sont des baquets en kevlar afin de maintenir le poids à un minimum : 1100 kg.

Brute

Cette masse de mini citadine est animée par une nouvelle évolution du V8, ici en 3 litres biturbo. Il annonce la bagatelle de 478 chevaux et 577 Nm de couple ! Des chiffres qui permettent à la F40 de franchir les 100 km/h en 4,4 secondes (mesurées) et les 200 km/h en 11,6 secondes avant de culminer à 324 km/h ! Aussi impressionnants que soient ces chiffres, la Ferrari F40 reste considérée comme une supercar bien plus abordable à la conduite que les très délicates Lamborghini d’époque. Et, surtout, elles sont bien plus expressives et excitantes que les Porsche 959. La F40 est donc un succès commercial et l’usine décidera même 1.315 exemplaires au lieu des 400 prévus initialement.

Commémoration

Cette année marque le 25ème anniversaire de la mythique supercar de Maranello. Pour célébrer l’évènement, pas moins de 62 exemplaires de F40 se sont réunis ce week-end sur le circuit de Silverstone à l’occasion de l’évènement « Silverstone Classic ». Un rassemblement qui permet aux organisateurs de se vanter de détenir le record du monde pour la plus grande parade de Ferrari F40 de l’histoire. Vous pouvez retrouver quelques images du défilé dans la vidéo ci-dessous ou en suivant ce lien Youtube.