Ferrari 488 GTB : des chronos incroyables !

Nous avons passé au crible le modèle le plus sportif de la gamme Ferrari : la 488 GTB de 670 ch ! On vous embarque pour des chronos et un essai inoubliables.
Vous avez été nombreux à demander pourquoi Ferrari ne figurait
pas au classement des Supertests Sport Auto. "Nous n'avons qu'une auto dédiée à ce
genre de test pour toute l'Europe", se défend un responsable
italien de la marque. "Nous souhaitons réaliser ces tests avec
notre modèle le plus sportif". Inutile d'insister sur la venue
d'une F12tdf ou d'un LaFerrari : "Nous n'en avons plus pour la
presse."
Et une GTC4Lusso ? "Elle n'est pas faite pour le
circuit." On ne parle même pas des cabriolets... Pas grave,
l'instant est solennel : nous pouvons enfin supertester une Ferrari
! Mais ce n'est pas la première fois. Rappelez-vous, nous avions
opposé la 458 à une 12C lors d'un supermatch en 2012... Sous la
pluie ! Contrairement à l'époque où il s'agissait d'un match,
l'atmosphère est détendue, malgré la présence de McLaren pour des
tests indépendants. Notre 488 GTB est bien préparée pour les
chronos (carbone optionnel, pneus neufs), et elle reste facile à
appréhender, en dépit de sa puissance et de son architecture.
Foncez voir la vidéo du Supertest de la 488 GTB !
Que la fête commence
Turbo à tous les étages Une fête sans une bonne sono, c'est
comme une sportive sans carburant : un beau gâchis. La première
crainte va à l'égard de ces insonorisants mécaniques que sont les
turbos. Elle disparaît en écrasant la pédale de droite. Oui, les
montées en régimes ont moins de saveur qu'à bord des 458 et Huracán. Mais le taux de pétage de plomb lié à
la mécanique reste très élevé.
Rien à voir avec la California T. Dès le démarrage, une tonalité
de moto supersportive retentit. A pleine charge, le concert
d'échappement (titane optionnel) bat son plein, savamment orchestré
et oscillant dans le rauque « coursifié ». Agréable. Les valves
s'activent en fonction de la position de l'accélérateur, du régime
et du mode de conduite. En clair, elles sont souvent ouvertes ! Les
passants, eux, perçoivent soit un vrombissement de moto à bas
régime, soit un sifflement très aigu émanant des turbos à pleine
charge. Ce dernier s'avère frappant dans la ligne droite des stands
au Mans et rappelle la M2, dotée d'un échappement M Performance.
Rassuré ? Aucune crainte à avoir concernant les sensations
mécaniques, surtout que Ferrari réduit à quasi-néant le temps de
réponse de la suralimentation. Comme un pétard sans mèche qu'on
allume du pied droit, le V8 explose à 2 000 tr/mn et change de
tonalité à 4 000 tr/mn, puis à 6 000 tr/mn en incrustant davantage
au fond du baquet.Le caractère n'est pas fluctuant comme par le
passé, mais la pêche est d'enfer. Le terrain de jeu se prolonge
jusqu'à 8 000 tr/mn (sans signe de fatigue) et est couvert en un
clin d'œil. Les LED sur le volant sont les bienvenues à partir de 6
000 tr/mn et évitent de taper le limiteur. Face à la concurrence,
le 3,9 litres se montre plus communicatif que le pilon flat-6
biturbo, plus réactif et lissé que le 3,8 litres McLaren. Mais ce
dernier se défend bien : coup de massue, cordes vocales. Au final,
le bloc italien à injection directe et vilebrequin plat se révèle
plus latino et caliente.Trop caliente selon nos experts DM
Performance ? Les mauvaises langues vont être déçues, le contrôle
antidopage se révèle négatif. Il manque même 10 ch à l'appel en
raison de la chaleur écrasante (voir encadré ci-contre) . Quant au
couple maxi annoncé, il n'est pas atteint pour une autre raison :
il est bridé sur les six premiers rapports et ne déboule qu'en 7 .
Or, la mesure s'effectue en 6e pour ne pas dépasser les 300 km/h
sur le banc.
Vers l'infini !
Au regard des conditions, notre modèle d'essai cadre avec les
valeurs revendiquées et, franchement, il a du punch à revendre. La
séance de mesures au Ceram le confirme et devient vite épique.
La démonstration de force débute par des reprises qui se
rapprochent de la sacro-sainte 918 Spyder : 1''89 pour doubler
de 100 à 140 km/h en Drive, soit quasi 1'' de mieux que la 458 sur
le 4e rapport.
Le temps de respirer un grand coup et de chauffer les semi-slicks
(Michelin Sport Cup 2, cocorico !), place au Launch Control. Une
procédure cachée ? Non, la version classique réservée à tous les
clients : aides sur off, freins et gaz. Simple et renversant. Sans
une once de fumée, le Cavallino détale sur les pattes arrière et
coupe le souffle. La boîte à double embrayage balance des rafales,
et le moteur oscille entre 7 et 8 000 tr/mn, sauf en 7e rallongée
où le régime « retombe » à 6 000 tr/mn.
A ce stade, il évolue à 300 km/h compteur en sortie de banking. La
borne kilométrique est atomisée en 19'', à 278 km/h réels. La
poussée ne faiblit pas, et le cap des 300 km/h réels n'est qu'une
formalité, franchie sereinement. Même si elle n'a rien à voir avec
la compétition, la charge aéro s'élèverait tout de même à 325 kg à
250 km/h. La mesure s'achève à 308 km/h réels et offense une
certaine Aventador SV sur le 0 à 300 km/h : 24''3,
contre 25''4 relevés à Châteauroux. Un temps dont rêvent la plupart
des sportives pour le 1 000 m ! La scuderia Ferrari est satisfaite.
Seuls les freinages depuis 200 km/h la chagrinent. Pourtant, ils
sont excellents : 134 m de moyenne ! Mais ils s'éloignent
grandement des valeurs proclamées (117 m). Pourquoi ? Les
collaudatores tapent les freins à 230 km/h, il s'agit donc d'une
mesure intermédiaire. Tout s'explique. En dehors de la guerre des
chiffres, un élément perturbe : le feeling inconstant de la pédale
de freins, qui ne met pas en confiance sur le circuit routier,
alors que le paysage défile anormalement vite.
La pseudo-ligne droite est saluée à 265 km/h compteur. Au secours !
La cuvette qui s'en suit oblige à ralentir pour ne pas casser le
nez en carbone (supplément). Aïe ! De mauvais augure pour un usage
quotidien ? Non, la 488 GTB s'en sort bien, mais un lift system
rend plus serein (moyennant finances). Sur long trajet, le filtrage
de suspension satisfait (Magnetic Ride de série), mais la sellerie
n'est pas tendre (baquets à coque carbone optionnels), et le bruit
ambiant est bien celui d'une supersportive. En clair, c'est
acceptable pour la catégorie et moins confortable que la 650S,
surtout si les clapets d'échappement sont ouverts (à partir de 155
km/h en Sport). Quels que soient l'endroit et l'heure, la magie
Ferrari opère et délie les langues des badauds, dont l'enthousiasme
se traduit par quelques grossièretés. On leur pardonne, nous sommes
tout aussi excités d'être à bord d'un mythe roulant et de l'emmener
dans un lieu à la hauteur de son aura : Le Mans. Impatient de connaître son chrono ? Le voici en
vidéo !
Ça va trop vite
Même notre pilote préféré ne tient plus en place et brûle
d'envie d'atomiser le chrono. Le couperet tombe dès le premier tour
lancé. Le négociant en virages hisse la berlinette sur le podium,
derrière la 918 et le coupé Radical. En résumé, ça va très vite.
Trop vite. Les repères volent en éclats. Les temps morts ?
Inexistants. Aux côtés de Christophe, les vannes et boutades
habituelles cessent.
Le cerveau n'a pas le temps d'analyser tout ce qui se passe. Mieux
vaut reprendre les commandes pour retrouver la raison. Enfin,
essayer. Afin de se mettre dans le bain, la courbe Dunlop est
abordée à 250 km/h compteur, les yeux écarquillés et le fessier
serré.
La stabilité pardonne les petites erreurs. Le freinage qui s'en
suit est ultracostaud. Suite à la purge du circuit pendant un
changement de pneus, le mordant des galettes carbone-céramique (de
série) redevient constant et à la hauteur des accélérations. Il
n'empêche, l'arche Dunlop arrive trop vite et sur les premiers
tours, la trajectoire de la Chicane n'est guère catholique.
Heureusement, le train avant croque le bitume, avec toutefois moins
de tranchant et de pureté que celui d'une 650S. La direction, qui demeure à assistance
hydraulique, est très franche et s'accorde à merveille au scalpel.
Le long virage de La Chapelle met en avant l'équilibre de la
berlinette, une relative neutralité de comportement et des aides au
pilotage parfaitement calibrées. Vous avez deux solutions : les
conserver (Race) et écraser l'accélérateur en sortie (légère dérive
autorisée), ou les remercier et prendre les commandes. Au regard de
la bête, la crainte de rouler sans filet électronique est
compréhensible, voire logique. Mais la 488 reste prévenante et
maîtrisable aux limites d'adhérence.
En témoigne son déhanché dans la courbe suivante, qui se referme :
Le Musée. En la plaçant aux freins, le léger sous-virage se
transforme vite en survirage. Le mode TC Off (antipatinage) permet
déjà de profiter de cela et de doser davantage les gaz, en admirant
la motricité et le travail du différentiel actif, qui aide à
pivoter. Mais autant tout faire soi-même (ESC Off), quitte à abuser
de l'accélérateur et de la glisse, en prenant soin de ne pas
prendre trop d'angle (poids sur l'arrière). Oui, cette Ferrari sait
tout faire : se détendre et se battre contre la montre. Il faut
choisir son camp au Garage-Vert, qui se déroule en deux temps et
trois mouvements. En repartant, le V8 dopé place aussitôt sur
orbite. Pas de quoi effrayer les freins, qui ne bougent pas, et il
en sera ainsi toute la journée. Chapeau ! La boîte à double
embrayage mérite aussi des louanges : réactivité, commandes...
Cette F1 est la meilleure du marché ! L'enchaînement du
Chemin-aux-Bœufs met en avant l'amortissement piloté, qui absorbe
les vibreurs sans broncher, y compris en le raffermissant (bouton
au volant). Le dernier virage le confirme, le Raccordement, où l'on
abuse des bas-côtés. Le tour de manège s'achève déjà, et les sens
sont consumés. La 488 sidère par ses vitesses de passage, son grip,
ses freins et sa facilité de conduite. Pour aller aussi vite, une
McLaren 675LT réclame davantage de bagarre au volant. Mais au
final, le plaisir n'en est que plus intense. Ferrari est parvenu à
créer une supersportive ultrarapide qui, paradoxalement, s'adresse
au plus grand nombre. Un exploit. Comment pourrait-il améliorer la
copie pour une version radicale ? Difficile à imaginer. Il reste de
la marge en termes de puissance (absorbée par les aides), de
suspension (au détriment de la polyvalence), de poids et de gommes
(Trofeo R). Quoi qu'il en soit, cette « Speciale » devrait réduire
la docilité naturelle de la 488. N'hésitez pas à revoir la vidéo du supertest de la
488 GTB, afin de mesurer son potentiel !
Quelques données
Pour finir, voici quelques chiffres montrant le pedigree de
cette italienne au V8 biturbo central arrière. Ferrari frappe fort
au Mans et partout ailleurs ! La 488 affirme sa position au sommet
de la hiérarchie. McLaren conserve l'ascendant en confort et en
vivacité, mais s'incline en termes de réactivité moteur et de
facilité de conduite, y compris sur piste.
Ce dernier point est le plus inattendu.
> Moteur : V8 biturbo, 670 ch à 8 000 tr/m, 77,4 mkg à 3 000
tr/m, 8 000 tr/mn maxi
> Transmission : aux roues AR, 7 robotisés
> Poids constructeur/contrôlé : 1 475 / 1 547 kg
> Performances : 0 à 100 km/h en 3"0, 1 000 m en 19''0, 335 km/h
annoncés.
> Prix de bas/modèle essayé :209 240 / 290 360 €
Photo : L.Villaron / EMAS


