F12 tdf : la Ferrari absolue [vidéo]
![F12 tdf : la Ferrari absolue [vidéo]](https://sf1.sportauto.fr/wp-content/uploads/sportauto/2020/11/Ferrari_F12berlinetta_tdf_2015_eacb4-750x410.jpg)
La F12 Berlinetta coulait des jours heureux, au sommet du grand tourisme. Jusqu'à ce que la tdf débarque et bouscule la hiérarchie des Supercars.
Circuit de Fiorano, mercedi 18 novembre, 9 heures. Dario
Benuzzi, l'essayeur attitré de Maranello, qui connaît
personnellement le moindre centimètre des trois kilomètres que
compte la piste, sort des stands, l'air chaud-bouillant. Ça
commence bien. Depuis le siège passager, je tire un coup sec sur ma
ceinture pour bloquer l'enrouleur et me caler au fond du baquet de
cette Ferrari F12berlinetta tdf. En lui faisant le
signe du pouce levé et en agitant mon poing serré pour l'énerver un
peu. Dario attend à peine d'avoir les roues droites pour souder
l'accélérateur au plancher. Le V12 répond au coup d'éperon par un
déluge de puissance instantanée. Comme si une digue de barrage
venait de céder. Le déferlement invisible s'accompagne d'une
musique grisante et tellement rapide qu'elle semble passer en
accéléré. Sous le capot, ça déborde de tous les côtés. Mais les
roues arrière canalisent le déluge et la tdf se transforme en
projectile. Un peu comme dans une Pagani Huayra, mais en plus
élastique. A peine le temps d'écarquiller les yeux, que Dario saute
sur les freins pour attaquer le droite à 90° du bout de la ligne
droite. La F12 plante une herse dans le bitume et casse
immédiatement la vitesse, sans piquer du nez. Filet de gaz jusqu'à
la corde, puis louche en grand, et rebelote. L'aiguille du
compte-tours est aimantée par la zone rouge : 8 900 tr/mn au maxi
(!) puis retombe à 6 500 au changement de rapport, avant de
repartir aussi sec. La dernière fois que je suis passé à cet
endroit, c'était dans une 488 GTB, et j'avais l'impression que ça
allait vite, mais là, c'est différent. Ce ne sont plus les mêmes
repères. Les mises en vitesse de la tdf sont tellement rapides
qu'elles effacent toutes les références.
Oubliez les McLaren 675 LT et autres Porsche GT3 RS, cette F12 se
rapproche de la poussée ressentie dans LaFerrari. En comparaison,
le V12 de la Lamborghini Aventador paraît bien plus lourd dans ses
montées en régime. Le biturbo de la Pagani Huayra a moins
d'allonge, moins de souffle et donne le sentiment d'avoir moins de
portée. Tout comme le V8 de la Koenigsegg Agera, qui frappe fort
mais une seule fois, tandis que la tdf prolonge la poussée pendant
une plage de régime infinie. Et je ne parle pas des boîtes de
vitesses des Huyara, Agera et Aventador, dont les à-coups et la
violence gratuite n'arrivent pas à la cheville de la transmission
F1 de Maranello. Dario en active les palettes comme s'il jouait la
multiballe d'un flipper. Mais sans donner l'impression de buter
contre un bumper à chaque changement de rapport, contrairement au
mode Corsa de l'Aventador.
Mirage
Comparativement à la F12 Berlinetta, la rapidité des passages de
vitesses augmente de 30 % en montée et de 40 % au rétrogradage. Le
tout, ponctué par des « vraaaaps » bien plus rapides en raison de
la baisse d'inertie du moteur. On comprend mieux pourquoi la tdf
donne autant l'impression de conduire une moto... mais avec plus de
chevaux ! Il faut également préciser que les six premiers rapports
de la boîte sept sont raccourcis pour l'occasion. Cette seule
modification permettrait, selon Ferrari, d'augmenter l'accélération
longitudinale de 18 %. Mais revenons-en à la pratique, avec Dario,
notre chargé de T.D. qui jette la tdf dans le long gauche avant le
pont de Fiorano. Il explique : « Ici, il ne faut pas hésiter à se
mettre bien à l'extérieur, pour plonger tard à la corde. » La tdf
se cale sur sa trajectoire avec une stabilité qui laisse sans voix.
Impossible de quantifier à quel point le nouveau système de roues
arrière directrices aide à faire pivoter le nez, mais le moins
qu'on puisse dire, c'est que ça fonctionne.
Reste à savoir si le microbraquage de l'arrière se ressent au
volant, j'y reviendrai quand Dario me l'aura passé. Pour le moment,
notre collaudatore est chaud bouillant. Il plonge la tdf dans
l'épingle qui suit le grand gauche du pont, en visant la corde.
Rien, pas le début du commencement de prémices d'amorce de
sous-virage. Calée sur ses appuis, avec un filet de gaz, la F12 est
une sangsue. Sous le capot, ça se déchaîne. Le cri repart de plus
belle, strident, cristallin, comme une voix de poitrine qui se
transforme en voix de tête à 5 000, puis en sifflet à 7 000, avant
de déchirer l'air à 9 000, d'un cri aigu. Douze octaves de pur
plaisir, avec un timbre, une épaisseur et une tessiture jamais
rencontrés ailleurs. Et toujours la même vigueur, quelle que soit
la vitesse engagée.
Extase
Dario rentre aux stands et me regarde en souriant : «
Profitez-en bien ! » Comptez sur moi ! La première accélération
confirme l'impression depuis le siège passager : ce V12 n'a aucune
inertie, pas de plage d'utilisation, pas de limite. La différence
avec la F12 Berlinetta est beaucoup plus importante que les 40
chevaux le laissent supposer. A l'usage, le 6,3 litres n'a plus du
tout le même caractère. Quelques détails techniques sont très
révélateurs de cette saute d'humeur. Comme la distribution à
poussoirs hydrauliques de LaFerrari, jugée trop lente et trop
lourde dans le cas présent, remplacée par les poussoirs mécaniques
de la FXX K.
Oui, vous avez bien lu, la distrib' de LaFerrari, c'est bien, mais
la tdf ne s'en contente pas ! Sans parler des collecteurs
d'admission à longueur variable, comme en F1, pour ne citer que la
partie immergée de l'iceberg. A peine le temps de se familiariser
avec la poussée du Faucon Millénium que le bout de la grande la
ligne droite de Fiorano saute déjà dans le pare-brise. Pied sur le
frein, la F12 jette l'ancre et s'arrête net. Pour info, Ferrari
avance le chiffre de 122 mètres pour passer de 200 km/h à 0, soit
10 mètres de moins que le modèle d'origine. D'où l'impression de
faire un arrêt sur image quand on plante les freins. L'autre
sensation inattendue provient du comportement. Si la Berlinetta
d'origine donne l'impression d'avoir un V12 en position très
centrale, celui de la tdf passerait presque pour un central
arrière. Je m'explique. De mémoire, jamais une GT à moteur avant ne
s'est avérée aussi agile dans ses placements. C'est le jour et la
nuit par rapport à une Aston Martin GT12, pourtant entraînée et
entraînante, ou une Mercedes SL65 Black Series, dont l'équilibre se
rapproche davantage d'un culbuto, en comparaison. Il faut préciser
que Ferrari a recours à l'artifice des roues arrière directrices,
comme sur la GT3 RS. Mais avec des microbraquages arrière
uniquement dans le même sens que ceux des roues avant,
contrairement à la Porsche. Ce système, baptisé Passo Corto Virtual
en clin d'œil au passé, fonctionne de concert avec l'ESP, l'ABS,
l'E-Diff, l'antipatinage et la suspension variable SCM. Ouf. Il est
totalement imperceptible au volant. Re-ouf. En clair, la tdf pivote
comme une toupie mais reste stable, et offre un grip latéral de
centrifugeuse.
A tel point que les sensations mécaniques et dynamiques se
rapprochent de LaFerrari. Idem en ce qui concerne la stabilité à
haute vitesse. Les multiples modifications aérodynamiques portent
leur fruit. Selon Ferrari, le pare-chocs avant et les custodes
latérales augmenteraient l'appui de 33 kg à 200 km/h, par rapport à
la F12 Berlinetta. Avec la partie arrière redessinée, le nouvel
aérobridge avant et le fond plat, l'ensemble des modifications
parviendrait à un appui de 230 kg, toujours à 200 km/h, au lieu de
123 kg pour la Berlinetta. Quant au poids total, la baisse serait
de l'ordre de 110 kg. Avec une valeur revendiquée à 1 520 kg, avec
les pleins et des pincettes, étant donné l'habituel optimisme de
Maranello sur la balance. Cela dit, les sensations au volant
confirment une différence de poids très sensible par rapport à la
F12 Berlinetta. Les performances revendiquées vont également dans
ce sens. Le 0 à 100 km/h passerait à 2''9 au lieu de 3''1 tandis
que le 0 à 200 km/h serait expédié en 7''9 contre 8''5 secondes
précédemment. Mais au-delà de ces chiffres mirobolants, le plus
stupéfiant concerne le plaisir au volant, même aux allures
usuelles.
D'autant que sur la route, la tdf conserve une réelle polyvalence
d'usage. Avec une suspension moins prévenante que celle d'une 488
Spider, certes, mais plus filtrée que celle d'une Aventador ou
d'une Agera. C'est là que réside le tour de force de Maranello :
concevoir un ensemble moteur/boîte qui surclasse ceux de la
concurrence, tout en conservant une vraie facilité d'utilisation.
Quant à l'éternelle question de mon concierge, qui se demande
toujours à quoi bon rouler dans un tel engin sur route ouverte, la
réponse coule de source : les sensations ! Aussi bien pour ceux qui
ont la chance de la conduire, que pour ceux qui ont la chance de la
croiser.
Ce que Sport Auto pense de la Ferrari F12tdf
> L'avis de Laurent Chevalier :
Cette Ferrari est l'une des voitures les plus surprenantes qu'il
nous ait été donné d'essayer au cours de ces dernières années. Sa
puissance magistrale, son agilité extrême et sa stabilité en font
une perle rare. Qu'il s'agisse du V12 retravaillé ou du châssis
optimisé, c'est le sans-faute.
Voir la vidéo de l'essai Ferrari F12berlinetta tdf.
Fiche technique
Moteur : V12 à 65°
Cylindrée : 6 262 cm 3
Régime maxi : 8 900 tr/mn
Puissance maxi : 780 ch à 8 500 tr/mn
Couple maxi : 70,3 mkg à 6 250 tr/mn
Transmission : aux roues AR, 7 rapports
Autobloquant/antipatinage : en série + contrôle de trajectoire
Poids annoncé : 1 520 kg (avec les pleins)
Rapport poids/puissance : 1,9 kg/ch
L - l - h : 4 656 - 1 961 - 1 273 mm
Voies AV/AR : 1 673/1 648 mm
Empattement : 2 720 mm
Pneumatiques AV & AR : 275/35 ZR 20 & 315/35 ZR 20
Carburant : 92 l
Prix de base : 387 197 €
Production : limitée à 799 ex. (tous vendus)
PERFORMANCES
V. max : 340 km/h
0 à 100 km/h : 2''9
0 à 200 km/h : 7''9
Photo : J.Peyrou / EMAS


