Essai - Audi S5 Avant : un break surmotorisé qui perdure… et fait toujours envie

Publié le 13 juin 2025 à 10:00
Essai - Audi S5 Avant : un break surmotorisé qui perdure… et fait toujours envie

Les SUV à toutes les sauces accaparent les feux de la rampe, mais le concept du break surmotorisé perdure… et fait toujours envie. La preuve avec l'Audi S5 Avant.

Pas facile de s’y retrouver dans les multiples gammes de breaks Audi. Entre les générations de RS 6 qui passent du V8 biturbo au V10 atmo et inversement, ou encore la S4, qui s’appelle désormais S5, motorisée par un V6 essence non plus à compresseur mais turbo, après avoir cédé aux sirènes du diesel pendant quelques années… il faut suivre.
Peu importe, ces autos continuent d’attirer plus d’un passionné. Leur secret consiste à concilier l’inconciliable. C’est-à-dire l’aspect fonctionnel et le plaisir de conduite, avec un volume de chargement plus que décent et surtout un moteur à la puissance généreuse.
La S5 reste une sorte d’équilibre entre la passion et la raison. Le tout s’articule autour d’un V6 de 3 litres de cylindrée boosté par un turbo à géométrie variable. Lui-même épaulé par une hybridation, avec un (petit) moteur électrique caché à la sortie de la boîte dorénavant à double embrayage et 7 rapports, et non plus à convertisseur et 8 rapports.
Et 367 ch à la clé ; bref, de quoi doubler en toute sécurité et se faire plaisir. De fait, l’agrément débute dès le démarrage du V6 dont l’échappement résonne telle une grosse cylindrée.
D’autant plus spectaculaire que le marché actuel nous habitue désormais à des mécaniques muettes comme des carpes. Le réveil de la S5 est infiniment plus volubile, par exemple, que celui de la S3 même équipée de pots Akrapovic. On ne va pas s’en plaindre.

Furtif, mais pas trop

Le premier jeu consiste à décoller incognito, en se laissant porter par le moteur électrique. Ce qui est possible sur une très courte distance, à condition d’effleurer l’accélérateur. Pas désagréable, cela dit, pour quitter un emplacement de parking sans ameuter le quartier.
Quelques légers à-coups de transmission sont quand même à noter. Puis le V6 prend le relais avec une poussée sourde, ronde et pleine. De vraies bonnes vibrations, qui font tant défaut sur un moteur électrique, même avec le double de puissance.
A propos de moteur électrique, si le moindre d’entre eux est capable de produire la même poussée, aucun ne lui arrive à la cheville en matière d’émotions. Non pas que le V6 soit tonitruant ni particulièrement chantant, mais sa seule présence confère à la S5 un supplément d’âme inexistant sur la quasi-totalité des SUV.
En clair, les kilomètres passés au volant de la S5 n’ont rien de rébarbatif, bien au contraire. Quant à ceux qui lui reprocheront de ne pas aller assez loin dans les sensations, ce qui n’est pas tout à fait faux, ils apprécieront sa polyvalence de roulage.
En passant du mode normal au mode dynamique, la sonorité se libère gentiment, la suspension s’affermit et la direction se durcit (on se demande toujours pourquoi, étant donné que ça ne sert pas à grand-chose à part à jouer les gros bras).
La boîte franchit également un cap, en donnant de petits à-coups inutiles lors des changements de rapports, pour faire plus sport. Heureusement, un mode personnalisé permet de composer ses propres réglages.
A propos de liaisons au sol, notre modèle d’essai est équipé du pack Tech Pro (7 100 €) qui comprend notamment la suspension Sport S avec amortissement à régulation électronique. De quoi être un must du filtrage sur le papier, mais pas dans la pratique.
Une conduite rythmée sur une départementale irrégulière et bombée suffira à vous imposer de calmer le jeu, pour éviter de rebondir sur les bosses comme une Super Balle.
On aurait également aimé une direction plus communicative. En revanche, il n’y a rien à redire au niveau de l’adhérence. La transmission intégrale à embrayage multidisque et le différentiel Quattro Sport livré de série s’échinent en effet à juguler le moindre patinage.
A condition de ne pas dépasser les seuils de température de fonctionnement ; on y reviendra. Sur route ouverte, la S5 dévoile une efficacité de tout premier ordre, quelles que soient les conditions météo.
Cette sécurité active est d’autant plus estimable qu’elle tranquillise l’esprit sur longues distances, un exercice dans lequel la S5 excelle. Notamment grâce à sa suspension, en mode normal, dont on apprécie le confort au fil des kilomètres.
En comparaison des SUV verrouillés au sol au point d’être durs comme du bois, l’Audi offre un compromis avantageux. Ce dernier se déploie à mesure que les kilomètres défilent.
Le V6 devient alors un très bon compagnon de route, toujours présent, jamais envahissant. Une bonne pâte, qui jongle entre une technologie moderne et des saveurs à l’ancienne.
Même si on ne peut pas dire que l’hybridation apporte un avantage spectaculaire en matière de consommation. Comptez un bon 10 l/100 km, sans avoir le pied lourd.

Poids et mesures

Le vrai bémol, c’est le poids. Lors du passage sur notre balance de Mortefontaine, la S5 avoue 2 043 kg avec les pleins, soit presque 300 kg de plus que la S4 Avant il y a dix ans (1 750 kg, 333 ch). Cela se sent au volant.
Tout d’abord dans les enchaînements lents, avec un train avant qui s’accroche mais doit composer avec 55 % de la masse totale (c’est-à-dire 1 118 kg). L’inertie s’en ressent. Tout comme la résistance à l’échauffement.
Une conduite énergique dégage en effet une chaleur que l’auto semble avoir du mal à évacuer. Pendant notre séance de mesures de performances, le système Quattro affiche un message de surchauffe, avec le différentiel arrière qui jette l’éponge momentanément, après trois launch control pourtant espacés d’un tour complet d’anneau pour le refroidissement.
Cela dit, les performances mesurées demeurent excellentes. Le 0 à 100 km/h est avalé en 4’’5 et le 0 à 160 km/h ne réclame que 10’’7. Les 200 km/h sont atteints en 18’’3 et le 1 000 m D.A. passe sous la barre des 24 secondes (23’’8).
Les reprises de 100 à 140 km/h sont également énergiques, avec 3’’8 seulement. En clair, la S5 accélère fort et se relance en deux temps, trois mouvements. Côté freinage, la piste de Mortefontaine partiellement humide ne nous a pas permis de mesurer les distances d’arrêt depuis 200 km/h.
De fortes décélérations à vitesses élevées permettent néanmoins de constater une stabilité remarquable L’habitacle offre une ambiance cosy et feutrée, grâce à des matériaux de qualité et à une finition sans reproche.
En revanche, les commandes tactiles, notamment celles du volant, ne sont pas toujours instinctives. On se serait également passé des tonnes d’affichages et de couleurs d’éclairages d’ambiance, au profit de compteurs plus basiques et cylindriques.
Le coffre, quant à lui, conserve un volume de chargement décent, même si la batterie 48 V rehausse légèrement le plancher. L’autre bonne nouvelle concerne son malus, qui limite la casse.
Contrairement à la S3, qui le paie plein pot, la S5 passe entre les mailles du filet grâce à son hybridation légère. Avec des rejets de CO2 qui démarrent à 172 g/km, sa taxe débute à 17 247 €, contre 70 000 € pour la Mercedes-AMG C 43 4Matic à 4 cylindres (435 ch) aux performances comparables.
En clair, la proposition d’Audi mérite toutes les attentions. Non seulement pour les amateurs d’autos polyvalentes, qui veulent sortir des sentiers battus par les SUV, mais aussi pour ceux qui souhaitent renouer avec un vrai plaisir mécanique, significatif, pas tonitruant.

L'avis de notre essayeur Laurent Chevalier : 4/5

La S5 offre un très bon compromis entre la sécurité active et le plaisir de conduite. Même si son poids élevé et l’inertie qu’il dégage limitent son comportement dynamique. A préférer sur longs trajets, donc.
D’autant que le V6 dévoile ses atouts au fil des kilomètres, avec une rondeur exceptionnelle et un agrément difficile à retrouver aujourd’hui.  

Audi S5 Avant :  fiche technique

  • Moteur : V6, turbo, 24 S, micro-hybridation 48 V
  • Cylindrée : 2 995 cm³
  • Puissance maxi : 367 ch à 5 500 tr/mn
  • Couple maxi : 56 mkg à 1 700 tr/mn
  • Transmission : intégrale, 7 rapports à double embrayage
  • Antipatinage/autobloquant : électroniques de série
  • Poids annoncé/mesuré : 2 040/2 043 kg
  • Rapport poids/puissance : 3,7 kg/ch
  • L - l - h : 4 835 - 2 099 (avec rétros) - 1 444 mm
  • Empattement : 2 900 mm
  • Pneus AV & AR : 245/35 R 20
  • Réservoir : 56 l
  • Prix de base : 81 250 €
  • Prix des options/malus : 15 700/17 247 €
  • Prix du modèle essayé : 114 197 €
  • V. max. : 250 km/h (auto-limitée)
  • 0 à 100 km/h : 4’’5 (71 m)
  • 0 à 160 km/h : 10’’7 (299 m)
  • 0 à 200 km/h : 18’’3 (684 m)
  • 400 m D.A. : 12’’9 (173 km/h)
  • 1 000 m D.A. : 23’’8 (218 km/h)
  • 100 à 140 km/h en Drive : 3’’8 (127 m)

Retrouvez notre essai de l'Audi S5 Avant dans le Sport Auto n°759 du 28/03/2025. 

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