Essai - Audi S5 Avant : un break surmotorisé qui perdure… et fait toujours envie
Les SUV à toutes les sauces accaparent les feux de la rampe, mais le concept du break surmotorisé perdure… et fait toujours envie. La preuve avec l'Audi S5 Avant.
Pas facile de s’y retrouver dans les multiples gammes de
breaks Audi. Entre les
générations de RS 6 qui passent du V8 biturbo au V10 atmo et
inversement, ou encore la S4, qui s’appelle désormais S5,
motorisée par un V6 essence non plus à compresseur mais turbo,
après avoir cédé aux sirènes du diesel pendant quelques années… il
faut suivre.
Peu importe, ces autos continuent d’attirer plus d’un passionné.
Leur secret consiste à concilier l’inconciliable. C’est-à-dire
l’aspect fonctionnel et le plaisir de conduite, avec un volume de
chargement plus que décent et surtout un moteur à la puissance
généreuse.
La S5 reste une sorte d’équilibre entre la passion et la raison. Le
tout s’articule autour d’un V6 de 3 litres de cylindrée boosté par
un turbo à géométrie variable. Lui-même épaulé par une hybridation,
avec un (petit) moteur électrique caché à la sortie de la boîte
dorénavant à double embrayage et 7 rapports, et non plus à
convertisseur et 8 rapports.
Et 367 ch à la clé ; bref, de quoi doubler en toute sécurité et se
faire plaisir. De fait, l’agrément débute dès le démarrage du V6
dont l’échappement résonne telle une grosse cylindrée.
D’autant plus spectaculaire que le marché actuel nous habitue
désormais à des mécaniques muettes comme des carpes. Le réveil de
la S5 est infiniment plus volubile, par exemple, que celui de la S3
même équipée de pots Akrapovic. On ne va pas s’en plaindre.
Furtif, mais pas trop
Le premier jeu consiste à décoller incognito, en se laissant
porter par le moteur électrique. Ce qui est possible sur une très
courte distance, à condition d’effleurer l’accélérateur. Pas
désagréable, cela dit, pour quitter un emplacement de parking sans
ameuter le quartier.
Quelques légers à-coups de transmission sont quand même à noter.
Puis le V6 prend le relais avec une poussée sourde, ronde et
pleine. De vraies bonnes vibrations, qui font tant défaut sur un
moteur électrique, même avec le double de puissance.
A propos de moteur électrique, si le moindre d’entre eux est
capable de produire la même poussée, aucun ne lui arrive à la
cheville en matière d’émotions. Non pas que le V6 soit tonitruant
ni particulièrement chantant, mais sa seule présence confère à la
S5 un supplément d’âme inexistant sur la quasi-totalité des
SUV.
En clair, les kilomètres passés au volant de la S5 n’ont rien de
rébarbatif, bien au contraire. Quant à ceux qui lui reprocheront de
ne pas aller assez loin dans les sensations, ce qui n’est pas tout
à fait faux, ils apprécieront sa polyvalence de roulage.
En passant du mode normal au mode dynamique, la sonorité se libère
gentiment, la suspension s’affermit et la direction se durcit (on
se demande toujours pourquoi, étant donné que ça ne sert pas à
grand-chose à part à jouer les gros bras).
La boîte franchit également un cap, en donnant de petits à-coups
inutiles lors des changements de rapports, pour faire plus sport.
Heureusement, un mode personnalisé permet de composer ses propres
réglages.
A propos de liaisons au sol, notre modèle d’essai est équipé du
pack Tech Pro (7 100 €) qui comprend notamment la suspension Sport
S avec amortissement à régulation électronique. De quoi être un
must du filtrage sur le papier, mais pas dans la pratique.
Une conduite rythmée sur une départementale irrégulière et bombée
suffira à vous imposer de calmer le jeu, pour éviter de rebondir
sur les bosses comme une Super Balle.
On aurait également aimé une direction plus communicative. En
revanche, il n’y a rien à redire au niveau de l’adhérence. La
transmission intégrale à embrayage multidisque et le différentiel
Quattro Sport livré de série s’échinent en effet à juguler le
moindre patinage.
A condition de ne pas dépasser les seuils de température de
fonctionnement ; on y reviendra. Sur route ouverte, la S5 dévoile
une efficacité de tout premier ordre, quelles que soient les
conditions météo.
Cette sécurité active est d’autant plus estimable qu’elle
tranquillise l’esprit sur longues distances, un exercice dans
lequel la S5 excelle. Notamment grâce à sa suspension, en mode
normal, dont on apprécie le confort au fil des kilomètres.
En comparaison des SUV verrouillés au sol au point d’être durs
comme du bois, l’Audi offre un compromis
avantageux. Ce dernier se déploie à mesure que les kilomètres
défilent.
Le V6 devient alors un très bon compagnon de route, toujours
présent, jamais envahissant. Une bonne pâte, qui jongle entre une
technologie moderne et des saveurs à l’ancienne.
Même si on ne peut pas dire que l’hybridation apporte un avantage
spectaculaire en matière de consommation. Comptez un bon 10 l/100
km, sans avoir le pied lourd.
Poids et mesures
Le vrai bémol, c’est le poids. Lors du passage sur notre balance
de Mortefontaine, la S5 avoue 2 043 kg avec les pleins, soit
presque 300 kg de plus que la S4 Avant il y a dix ans (1 750 kg,
333 ch). Cela se sent au volant.
Tout d’abord dans les enchaînements lents, avec un train avant qui
s’accroche mais doit composer avec 55 % de la masse totale
(c’est-à-dire 1 118 kg). L’inertie s’en ressent. Tout comme la
résistance à l’échauffement.
Une conduite énergique dégage en effet une chaleur que l’auto
semble avoir du mal à évacuer. Pendant notre séance de mesures de
performances, le système Quattro affiche un message de surchauffe,
avec le différentiel arrière qui jette l’éponge momentanément,
après trois launch control pourtant espacés d’un tour complet
d’anneau pour le refroidissement.
Cela dit, les performances mesurées demeurent excellentes. Le 0 à
100 km/h est avalé en 4’’5 et le 0 à 160 km/h ne réclame que 10’’7.
Les 200 km/h sont atteints en 18’’3 et le 1 000 m D.A. passe sous
la barre des 24 secondes (23’’8).
Les reprises de 100 à 140 km/h sont également énergiques, avec 3’’8
seulement. En clair, la S5 accélère fort et se relance en deux
temps, trois mouvements. Côté freinage, la piste de Mortefontaine
partiellement humide ne nous a pas permis de mesurer les distances
d’arrêt depuis 200 km/h.
De fortes décélérations à vitesses élevées permettent néanmoins de
constater une stabilité remarquable L’habitacle offre une ambiance
cosy et feutrée, grâce à des matériaux de qualité et à une finition
sans reproche.
En revanche, les commandes tactiles, notamment celles du volant, ne
sont pas toujours instinctives. On se serait également passé des
tonnes d’affichages et de couleurs d’éclairages d’ambiance, au
profit de compteurs plus basiques et cylindriques.
Le coffre, quant à lui, conserve un volume de chargement décent,
même si la batterie 48 V rehausse légèrement le plancher. L’autre
bonne nouvelle concerne son malus, qui limite la casse.
Contrairement à la S3, qui le paie plein pot, la S5 passe entre les
mailles du filet grâce à son hybridation légère. Avec des rejets de
CO2 qui démarrent à 172 g/km, sa taxe débute à 17 247 €, contre 70
000 € pour la Mercedes-AMG C 43 4Matic à 4 cylindres (435 ch) aux
performances comparables.
En clair, la proposition d’Audi mérite toutes les attentions. Non
seulement pour les amateurs d’autos polyvalentes, qui veulent
sortir des sentiers battus par les SUV, mais aussi pour ceux qui
souhaitent renouer avec un vrai plaisir mécanique, significatif,
pas tonitruant.
L'avis de notre essayeur Laurent Chevalier : 4/5
La S5 offre un très bon compromis entre la sécurité active
et le plaisir de conduite. Même si son poids élevé et l’inertie
qu’il dégage limitent son comportement dynamique. A préférer sur
longs trajets, donc.
D’autant que le V6 dévoile ses atouts au fil des kilomètres, avec
une rondeur exceptionnelle et un agrément difficile à retrouver
aujourd’hui.
Audi S5 Avant : fiche technique
- Moteur : V6, turbo, 24 S, micro-hybridation 48 V
- Cylindrée : 2 995 cm³
- Puissance maxi : 367 ch à 5 500 tr/mn
- Couple maxi : 56 mkg à 1 700 tr/mn
- Transmission : intégrale, 7 rapports à double embrayage
- Antipatinage/autobloquant : électroniques de série
- Poids annoncé/mesuré : 2 040/2 043 kg
- Rapport poids/puissance : 3,7 kg/ch
- L - l - h : 4 835 - 2 099 (avec rétros) - 1 444 mm
- Empattement : 2 900 mm
- Pneus AV & AR : 245/35 R 20
- Réservoir : 56 l
- Prix de base : 81 250 €
- Prix des options/malus : 15 700/17 247 €
- Prix du modèle essayé : 114 197 €
- V. max. : 250 km/h (auto-limitée)
- 0 à 100 km/h : 4’’5 (71 m)
- 0 à 160 km/h : 10’’7 (299 m)
- 0 à 200 km/h : 18’’3 (684 m)
- 400 m D.A. : 12’’9 (173 km/h)
- 1 000 m D.A. : 23’’8 (218 km/h)
- 100 à 140 km/h en Drive : 3’’8 (127 m)
Retrouvez notre essai de l'Audi S5 Avant dans le Sport Auto n°759 du 28/03/2025.


