Essai - Audi RS 6 Avant GT (2025) : le jeu en vaut-il la chandelle ?

Publié le 5 février 2025 à 15:00
Essai - Audi RS 6 Avant GT (2025) : le jeu en vaut-il la chandelle ?

L'Audi RS 6 tire sa révérence avec cette version spéciale, un collector (sur)facturé au prix d’une GT ! Sport Auto a eu la chance de l’essayer pour déterminer si le jeu en vaut la chandelle.

Audi remanie sa nomenclature de fond en comble. Désormais, les modèles pairs (A4, A6…) seront exclusivement électriques, tandis que les modèles impairs (A5, A7…) conserveront des moteurs thermiques.
La RS 6 actuelle sera donc la dernière à carburer au sans‑plomb, et pas question pour elle de quitter la scène sur la pointe des pieds : avant de tirer sa révérence, elle nous offre un ultime numéro de cirque avec cette version GT éditée à 660 exemplaires numérotés, dont seulement 36 réservés au marché français.
Son tarif : 230 000 €, auxquels il convient d’ajouter les 60 000 € de malus – voire 70 000 € en 2025 si la voiture est immatriculée en 2025 et que le nouveau barème prévu est adopté. Soit un supplément d’au moins 82 000 € par rapport à la RS 6 Avant Performance, qui fournissait exactement le même niveau de puissance (630 ch).
Une rallonge substantielle qui a sans doute poussé les concepteurs de la bête à faire en sorte que ça se remarque dès le premier regard. Mission accomplie : la RS 6 Avant GT impose un style spectaculaire.
Dans cette livrée blanche (un gris et un noir plus sobres sont proposés sur d’autres marchés), la RS 6 Avant GT arbore des décalcomanies flamboyantes inspirées par l’Audi 90 qui a couru dans le championnat américain IMSA (relativement obscur de ce côté de l’Atlantique) en 1989.
Ce monstre récupérait le 5 cylindres 2.2 turbo de l’Audi Quattro Pikes Peak (jusqu’à 720 ch) et surtout une transmission intégrale qui lui apportait un avantage déterminant sur ses rivales. Avec de telles peintures de guerre, la RS 6 GT ne passe pas inaperçue, même à Ingolstadt, patrie d’Audi, où les habitants en ont pourtant vu d’autres !
Le capot et les ailes avant (élargies) en carbone permettent d’économiser quelques kilos et renforcent l’aspect bestial de l’engin, tout comme la face redessinée qui reçoit une lame agrandie, l’énorme aileron arrière ou encore les impressionnantes jantes forgées de 22 pouces dont la forme emprunte au concept car Avus de 1991.
Enfin, les barres de toit ont disparu. Malgré tout, le gain en masse apparaît symbolique : 15 petits kilogrammes perdus, sachant qu’il en reste… 2 075 !

Audi RS 6 Avant GT : appétissant

La présentation interne est un parfait mélange de luxe et de sportivité. Côté finition, cette RS 6 fait figure d’appartement témoin du savoir‑faire Audi, tandis que l’ergonomie irréprochable fait de cet habitacle un vrai cocon.
On apprécie également que chaque exemplaire soit individuellement numéroté (une gravure sur la console centrale) et non simplement estampillé « 1 of 660 » comme on l’a déjà vu sur d’autres séries limitées Audi.
La touche de sportivité est apportée par les superbes sièges baquets à coque en carbone et l’Alcantara à surpiqûres rouges et grises qui tapisse tout l’intérieur. Trouver une position de conduite idéale est un jeu d’enfant, et l’on se dépêche d’appuyer sur le bouton « stop/start » pour aller batifoler un peu avec la bête !
Le V8 s’éveille aussitôt avec un grondement appétissant. Inchangé, donc, par rapport à celui équipant la RS 6 Avant Performance, il revendique la bagatelle de 630 ch, tandis que le couple atteint les 86,6 mkg sur un plateau s’étendant de 2 300 à 4 500 tr/mn.
La puissance est transmise aux quatre roues par l’intermédiaire d’une boîte automatique ZF à 8 rapports. Audi annonce tout de même un gain d’un dixième de seconde sur le 0 à 100 km/h, désormais effectué en 3”3 au lieu de 3”4 sur la RS 6 Performance, alors que la bride de vitesse a été relevée de 280 à… 305 km/h.
De quoi faire de cette auto de plus de 2 t une terreur des autoroutes, ce qui n’empêche pas d’être frappé dès les premiers kilomètres par la docilité de l’ensemble moteur‑boîte, qui, si sa colossale réserve de puissance est sensible au moindre effleurement de la pédale de droite, se contente de ronronner comme un gros chat en faisant patte de velours.
On apprécie également immédiatement la précision de la direction, et l’on éprouve par ailleurs le sentiment que la caisse affiche une inébranlable rigidité, comme si la voiture était taillée dans un roc.
Une sensation renforcée par les suspensions exclusives à cette déclinaison GT, qui troque ses ressorts pneumatiques et ses amortisseurs pilotés pour des… combinés filetés réglables KW.
Un choix pour le moins iconoclaste sur un modèle aussi haut de gamme, et ce n’est vraiment pas sûr que beaucoup de propriétaires s’amusent à ajuster les liaisons au sol de leur break… mais ils peuvent le faire.
Audi fournit la boîte à outils associée, qui permettra de modifier les valeurs de compression et de détente ainsi que la hauteur de caisse. L’auto est livrée avec un réglage typé route (celui de notre essai), tandis qu’un autre pour le circuit est suggéré dans le manuel, même si, là encore, je doute qu’un grand nombre de détenteurs aillent sur piste avec leur RS 6 Avant GT de presque 2,1 t…

Audi RS 6 Avant GT : bien réglée

A l’usage, cette suspension magnifie le break Audi. En conduite quotidienne, l’amortissement apparaît ferme mais jamais cassant, ce qui tient de l’exploit vu le profil ultra-bas des pneus (en 22 pouces).
Et lorsque le rythme s’accélère et que les masses commencent à basculer d’un côté ou de l’autre, la RS 6 Avant GT maintient avec autorité sa caisse, sans pour autant excessivement verrouiller ses appuis.
Pour reprendre une expression chère à l’ami Yves Bey-Rozet : « Mieux vaut une suspension bien réglée qu’une suspension réglable ! » Ici, elle est réglable… et heureusement bien réglée dès la sortie d’usine.
Grâce à ses liaisons au sol, l’Audi parvient presque à faire oublier sa masse ! Elle se joue notamment des ondulations de la route, que les suspensions digèrent avec une aisance étonnante : pas de talonnage ni de pompage. Il en résulte une tenue de cap impériale quel que soit l’état du bitume.
Mieux : loin d’offrir une conduite unidimensionnelle, la RS 6 Avant GT pivote à la remise des gaz en virage ! Elle doit ce caractère plus frivole à une re-programmation de son différentiel arrière sport, qui distribue plus généreusement le couple à la roue extérieure au virage en cas d’amorce de sous-virage… ou au contraire à la roue intérieure si l’effet s’inverse.
Il en découle un comportement à la fois ludique, rassurant et accessible, qui procure du plaisir, y compris sur parcours sinueux, domaine où les grosses sportives Audi n’ont pas toujours brillé (euphémisme).
Et si l’on fait preuve d’un peu trop d’optimisme en entrée de virage, ça se traduira par une progressive glisse des quatre roues qui viendra vite calmer le jeu. De son côté, le V8 répond constamment à l’appel grâce à son souffle inépuisable.
Plutôt mélodieux, il bénéficie du soutien efficace de la boîte automatique, qui, si elle n’égale pas la réactivité d’une PDK Porsche, n’en possède pas moins du panache.
En l’absence de suspension pilotée, les modes de l’Audi Drive Select se contentent d’altérer les réactions du moteur, de la boîte et de la transmission Quattro et revêtent donc une importance très secondaire.
Un petit vent de fraîcheur lorsque l’on est trop souvent habitué à hésiter entre deux réglages d’une portion de route à l’autre ! Terminons par les freins en carbone-céramique : puissants et incroyablement endurants, ils affichent des performances à la hauteur de celles de la mécanique.

L’avis de Vincent Desmonts : 5/5

On peut débattre du tarif excessif de la RS 6 Avant GT par rapport à la version d’origine. En revanche, il faut avoir la sagesse de reconnaître qu’Audi signe là l’un de ses modèles les plus passionnants à conduire.
Grâce à sa suspension spécifique et à sa transmission Quattro retravaillée, elle affiche une agilité et un compromis entre confort et comportement inattendus.

Audi RS 6 Avant GT : fiche technique

  • Moteur : V8 à 90°, injection directe, turbo, 32 S
  • Cylindrée : 3 996 cm3
  • Puissance maxi : 630 ch à 6 000 tr/mn
  • Couple maxi : 86,6 mkg de 2 300 à 4 500 tr/mn
  • Transmission : intégrale, 8 rapports automatiques à convertisseur
  • Antipatinage/autobloquant : de série/de série
  • Poids annoncé : 2 075 kg
  • Rapport poids/puissance : 3,3 kg/ch
  • L - l - h : 5 018 - 1 951 - 1 437 mm
  • Empattement : 2 927 mm
  • Voies AV/AR : 1 668/1 650 mm
  • Pneus : 285/30 R 22
  • Réservoir : 73 l
  • Prix de base : 230 000 €
  • Prix des options/malus : 0/60 000 €
  • Prix du modèle essayé : 290 000 € (malus compris)
  • V. max. : 305 km/h
  • 0 à 100 km/h : 3”3

Retrouvez notre essai de l'Audi RS 6 Avant GT dans le Sport Auto n°756 du 27/12/2024.

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