Essai - Alpine A290 GTS vs Mini Cooper S JCW : laquelle choisir en 2025 ?
La Mini Cooper S et l'Alpine A290 GTS ne sont pas prêtes de se réconcilier. Alors, c’est à Sport Auto de les départager.
Longtemps, on lui a collé l’image de voiture à la mode. La Cooper S, c’était le modèle qu’il fallait conduire pour se pavaner dans les beaux quartiers ou exhiber son bras bronzé et tatoué sur la French Riviera.
Son double échappement central suffisait à annoncer son arrivée imminente, et son comportement, ferme pour rester poli, faisait de cette citadine l’auto que les maris adoraient chiper à leur femme pour une petite sortie sur route tortueuse. Mais au fil des années, la Mini a perdu un peu de sa fougue.
La française se montrerait plus véloce pour atteindre les 100 km/h : 6”4 contre 6”6. La fée électricité a encore frappé. Comme nous organisons ce match à une période de l’année où l’anneau de Mortefontaine est, dans le meilleur des cas, humide mais la plupart du temps congelé, nous n’avons hélas pas pu vérifier la bonne santé des deux teignes.
Explication pour les râleurs : quand le goudron est mouillé, les accélérations sont moins solides et notre radar est inutile. Je le regrette, mais en attendant que la rédaction soit délocalisée à Abu Dhabi, il nous faut faire avec la météo hexagonale.
Il se produit, la première fois qu’on voit l’A290, un effet waouh indéniable. C’est elle, la nouveauté, et les regards écarquillés et pouces levés prouvent qu’Alpine a visé juste en matière de design.
« Ils n’ont pas pris de risque », fustigent pourtant les insatisfaits. « Comme Mini », leur rétorqué-je. Mais les goûts et les couleurs n’ont pas grand-chose à faire dans un duel à Sport Auto, focalisons-nous plutôt sur l’essentiel, à savoir notre « plaisiromètre » derrière le volant.
Alpine A290 GTS vs Mini Cooper S JCW : à bord ?
C’est paradoxal, mais dans la Mini Cooper S (ici en finition JCW), il me faut avancer le siège franchement. La position de conduite est basse même si le volant se trouve un peu trop loin du buste.
Il y a peu de commandes physiques (hélas), mais une immense galette tactile qui permet d’interagir avec les différents menus (re-hélas). Derrière cet écran rond, deux projecteurs drapent la planche de bord d’un motif lumineux qui varie en fonction des programmes, pardon, des « expériences ».
C’est original mais ça attire trop l’œil, en particulier de nuit. Dans l’Alpine, l’ambiance est moins atypique : on retrouve un bloc d’instrumentation à double dalle… façon BMW. Si, à bord de l’anglo-allemande, le conducteur est assis au ras des pâquerettes, ce n’est pas le cas dans l’A290.
Les sièges, distincts de ceux d’une Renault 5 E-Tech, sont confortables, mais les guiboles sont plus à angle droit que dans la Cooper S. La place y est surtout plus comptée, et si mon double mètre loge avec aisance à l’intérieur de la Mini (avec encore un peu de place derrière moi pour faire voyager Kiki le teckel), il est impossible d’envisager de transporter un être vivant une fois que je m’installe au volant de la française.
Même si cette dernière bénéficie de portes arrière, contrairement à sa rivale. Pour les férus de l’assemblage nickel et du point de croix maîtrisé, sachez que la Mini est un peu plus rigoureuse dans ce secteur.
L’Alpine n’est pas mal finie, avec un soin louable en partie haute de la planche de bord et quelques touches métallisées sympathiques. En revanche, certains éléments en plastique brut de décoffrage chagrinent.
Au chapitre de la vie à bord, les deux ambiances s’opposent. Les technophiles préféreront l’intérieur de l’Alpine, alors que les grands conducteurs se sentiront plus choyés dans la Mini. Et comme je suis grand…
Alpine A290 GTS vs Mini Cooper S JCW : moteur ?
Faute d’anneau de vitesse en état pour les mesures, nous devons faire confiance aux valeurs revendiquées et aux sensations de conduite. L’Alpine part avec un énorme handicap : elle n’a pas de moteur.
Enfin si, mais son élément synchrone à rotor bobiné de 220 ch, logé haut dans le berceau avant, fait l’impasse sur ce qui nous rend heureux à Sport Auto : des pistons. O.K., décamper du feu plus vite qu’un deux-roues fait toujours son petit effet, mais sur le plan des zygomatiques, ça génère autant de plaisir qu’un jeudi de novembre dans le brouillard du Gâtinais.
Les performances, évidemment, sont au rendez-vous, et l’A290 est une bonne cliente pour les radars du périph’. Mais dès 140 km/h, l’essoufflement de la poussée est sensible, et la bride (à 170 km/h) est à la fois une punition et un soulagement, tant l’Alpine préfère les relances à faible allure aux vitesses élevées.
Il n’y a plus, à bord de la Cooper S, les pétarades de feu de camp qui ont fait sa renommée. C’est mieux pour le voisinage quand on en a, moins bien pour moi qui vis reclus. D’ailleurs, il n’y a même plus d’échappement visible. En mode Go-Kart, l’accélérateur se fait plus délicat.
Le 4 cylindres 2 litres (une Mini Cooper C doit se contenter d’un 3 cylindres de 1 500 cm3 ) se comporte sans panache mais avec entrain. Ce n’est pas antinomique. Les montées en régime ne dressent pas les poils, mais la charge du turbo vers 2 200 tr/mn, ajoutant un punch appréciable non instantané, est plus plaisante que les accélérations « On/Off » de l’A290, surtout lorsqu’on presse le bouton rouge OV (pour « overtake »).
Celle-ci se prive de boîte de vitesses. Le conducteur doit donc composer avec le récital lancinant du rotor à mesure que la vitesse augmente. La Cooper S a droit à une boîte à double embrayage, probablement privilégiée par rapport à une automatique pour des contingences de poids. Les palettes au volant ne sont pas de série mais incluses avec la finition JCW (3 770 €).
Comme la vélocité n’est pas la vertu première de cette transmission, il vaut mieux la laisser gérer toute seule les changements de rapport, sauf en mode Go-Kart où la vitesse supérieure tarde à s’engrener et fait inutilement hurler le moteur, même quand la pression à l’accélérateur est relâchée.
Sur le 0 à 100 km/h, l’écart entre les deux pseudo-citadines serait de deux dixièmes, en faveur de l’Alpine. Et pourtant, pied au plancher, la célérité avec laquelle l’A290 décanille n’est guère plus sensible que dans la Cooper S, qui doit en prime patienter pendant que sa suralimentation se gave d’air frais.
Mais comme je préfère la viande mijotée à celle cuite au micro-ondes, j’accorde une nouvelle fois le point à l’anglaise, dont le tempérament est plus en accord avec l’image que je me fais du plaisir de conduite.
Alpine A290 GTS vs Mini Cooper S JCW : comportement ?
Avant de me coller l’étiquette de défenseur invétéré de l’ancien monde et de déduire que mon aversion totalement subjective pour les autos électriques coûte la victoire à la française, attendez de lire ce qui suit.
Si l’A290 n’est probablement pas l’Alpine électrique que j’aurais souhaitée, il me faut reconnaître que la mise au point des trains roulants mérite de nombreux compliments. La R5 E-Tech avait reçu les éloges de la presse pour son comportement plaisant, mais Alpine ne s’est pas contenté de changer la couleur et d’accoler ses badges pour en faire une GTi des temps modernes.
Le berceau avant, à la rigidité torsionnelle accrue, est différent, tout comme le carrossage arrière, les barres antiroulis (plus grosses) et les porte-fusées. La direction 100 % électrique est également re-calibrée et se prive d’un véritable auto-bloquant mécanique, jugé trop lourd au moment du développement.
A sa place, un ersatz électronique, associé à un système de contrôle en amont du couple censé limiter les pertes de motricité et le sous-virage. Et ça marche. Très bien sur sol sec, moyennement sur sol humide, avec une tendance à l’élargissement de la trajectoire qui impose d’être plus doux avec le braquage, surtout s’il est virulent.
Les batteries (300 kg) sont logées dans le plancher. C’est gage de centre de gravité abaissé et de comportement peaufiné. Avec ses amortisseurs à butée hydraulique, l’Alpine conjugue le meilleur des deux mondes : suffisamment de ouaté sur les phases de compression et un rebond tempéré.
Elle est à la fois confortable sur les saillies de goudron et bien maintenue en détente quand le rythme s’accélère. Seul l’arrière, sur une route enchaînant les bosses, est parfois sujet à un délestage mal maîtrisé.
Si la Mini (1 346 kg vérifiés) prend le dessus au chapitre mécanique, elle ne peut lutter lorsqu’on évoque l’efficacité. Le train avant se prive de tout auto-bloquant, et les pneus Pirelli Cinturato P7 goûtent peu les conditions hivernales avec des pertes de motricité précoces.
Les remontées d’informations sont trop gommées, et le conducteur ne trouve plus le tempérament incisif des millésimes du début du siècle. L’autre grief concerne la suspension. Même sans sélectionner l’expérience Go-Kart, l’amortissement n’est guère cohérent.
Trop raide, il encaisse plus qu’il n’absorbe. Son format compact et cette fermeté générale en font une « virevolteuse » hors pair dans le trafic. Mais l’A290, malgré ses 1 505 kg vérifiés, rend une copie plus aboutie. Une fois l’ESP débranché totalement, et lorsqu’on la brusque, elle ne rechigne pas à quelques déhanchés.
Tout comme la Cooper S, même quand l’électronique est activée et que les conditions sont humides. Un braquage un peu véhément en appui, après avoir relâché l’accélérateur, peut se solder par un survirage étonnant. Au chapitre de la tenue de route, l’A290 apparaît plus réussie, à défaut d’être plus marrante.
Alpine A290 GTS vs Mini Cooper S JCW : plaisir de courte durée
Reste à évoquer le sujet qui fâche : l’autonomie. Il est facile de pointer du doigt toujours le même grief, mais tant que les constructeurs de voitures électriques n’auront pas remédié à ce problème, il serait fautif que nous le gardions sous silence. La batterie de l’A290 a une petite capacité de 52 kWh.
La brochure prétend que la voiture serait en mesure de tenir 361 km : c’est faux, et ce, sans adopter une conduite à la Ragnotti. Batterie à 100 %, l’ordinateur, qui calcule en fonction des habitudes de conduite, nous annonce 231 km au moment du départ. C’est bien trop peu.
La Mini, avec son réservoir riquiqui de 44 litres, nous permettrait en théorie d’effectuer quasi 280 km… de plus. A l’issue de la séance photos (par une température de 6 °C) et après avoir parcouru 86 km, l’écran central de l’Alpine indique une réserve de… 90 km !
Nous nous sommes certes alloué six accélérations franches, mais nous n’avons pas roulé sur l’autoroute. Comme l’A290 demande 30 mn pour se recharger de 15 à 80 % (à 100 kW maximum), ce manque d’autonomie donne lieu à quelques tracas.
La Française paie ainsi son positionnement de voiture électrique « légère ». Moins d’accus, c’est moins de poids, mais c’est aussi un rayon d’action moindre. Et étant donné que l’A290 n’a même pas l’atout.
L'avis de notre essayeur Sylvain Vétaux
L’A290 a de nombreuses qualités. Elle est bien mieux amortie, distille un véritable plaisir de conduite avec son guidage rigoureux, et son look fait mouche. Mais son autonomie ridicule et son tarif haut perché la desservent.
La Mini, malgré sa suspension « casse-noix » et son train avant moins accrocheur, continue de délivrer davantage de plaisir. Plus légère, elle peut même se montrer exigeante quand les conditions sont difficiles. Bref : elle implique davantage son conducteur.
Mini Cooper S JCW : fiche technique
- Moteur : 4 en ligne, turbo, 16 S
- Cylindrée : 1 998 cm3
- Puissance maxi : 204 ch à 5 000 tr/mn
- Couple maxi : 30,6 mkg à 1 450 tr/mn
- Transmission : roues AV, 7 rapports à double embrayage
- Antipatinage : de série, déconnectable
- Autobloquant : non
- Poids annoncé/contrôlé : 1 285/1 346 kg
- L - l - h : 3 876 - 1 744 - 1 432 mm
- Empattement : 2 495 mm
- Pneus AV & AR : 215/45 R 17
- Réservoir : 44 l
- Prix de base : 31 400 €
- Prix des options/malus : 9 960/1 386 € (1)
- Prix du modèle essayé : 42 746 € (malus compris)
- V. max. : 242 km/h
- 0 à 100 km/h : 6”6
Alpine A290 GTS : fiche technique
- Moteur : électrique synchrone à rotor bobiné
- Puissance maxi : 220 ch
- Couple maxi : 30,6 mkg
- Capacité de la batterie : 52 kWh (net)
- Puissance de recharge : 100 kW
- Transmission : roues AV, 1 rapport
- Antipatinage : de série, déconnectable
- Autobloquant : de série, électronique
- Poids annoncé/contrôlé : 1 479/1 505 kg
- L - l - h : 3 990 - 1 823 - 1 502 mm
- Empattement : 2 534 mm Pneus : 225/40 R 19
- Prix de base : 44 700 € (GTS)
- Prix des options/bonus : 2 700/2 000 €
- Prix du modèle essayé : 45 400 € (bonus compris)
- V. max. : 170 km/h
- 0 à 100 km/h : 6”4
Retrouvez notre essai comparatif entre les Alpine A290 GTS et Mini Cooper S JCW dans le Sport Auto n°757 du 31/01/2025.