Fernando Alonso : de Minardi à Aston Martin, retour sur les 7 vies de l'Espagnol

Publié le 24 juillet 2024 à 15:00
Mis à jour le 26 juillet 2024 à 14:35
De Minardi à Aston Martin, retour sur les 7 vies en F1 de Fernando Alonso

Alors que la rumeur l’envoyait chez Red Bull ou Mercedes en 2025, Alonso a finalement prolongé chez Aston Martin . Ce sera probablement la dernière équipe pour laquelle l’Espagnol roulera au plus haut niveau. Si on y ajoute son expérience avec Toyota, l’Asturien aura donc couru pour 7 constructeurs en Formule 1. Flash-back sur un parcours hors normes.

Selon certaines indiscrétions, le recrutement de Fernando Alonso, dont on connaît le caractère éruptif, n’a jamais été envisagé du côté de Mercedes. Et seule la certitude de perdre Max Verstappen aurait encouragé les responsables de l’équipe Red Bull a étudier l’arrivée du double champion du monde à Milton Keynes.
L’Espagnol qui n’aime rien tant que d’être désiré n’avait pas d’autre choix que de poursuivre et sans doute achever sa carrière chez Aston Martin où il est cajolé et respecté. Et très bien payé, ce qui ne gâte rien.
Flavio Briatore, son manager de toujours aujourd'hui de retour chez Renault/Alpine, continue d’ailleurs à prélever sa dîme. Il faut rappeler que c’est l’Italien qui, fin 2000, a eu le réflexe de se précipiter au pied du podium de Spa-Francorchamps après une course de F3000 pour faire signer à Alonso un de ses fameux contrats de longue durée.
Le jeune Espagnol, alors débutant dans la catégorie, venait de faire une démonstration pour s’imposer dans des conditions difficiles, typiques sur le circuit belge. Adrián Campos, le premier manager de l’Asturien, fut écarté mais la carrière d’Alonso lancée.
Et l’association Alonso-Briatore gravée dans le marbre. On verra que cette association a résisté aux épreuves du temps et des aléas d’une carrière qui s’est avérée riche en rebondissements, coups d’éclat, triomphes… mais aussi crises et scandales.

Minardi : premier contrat

Après une seule saison dans l’antichambre de la Formule 1, Fernando Alonso y accède dès 2001, Briatore ayant négocié un volant dans la petite équipe Minardi dont son poulain a été le pilote d’essais. Il a dans l’idée de le titulariser dès que possible dans l’écurie Renault qu’il dirige alors.
Comme tous les cracks en devenir, Fernando Alonso ne tarde pas à se faire remarquer au volant de sa modeste Minardi. Ce n’est pas spectaculaire mais subtile, et surtout les données de la télémétrie ne se trompent pas. Alonso à quelque chose en plus. L’écurie qui fut italienne, et créée par Giancarlo Minardi, est alors la propriété de l’Australien Paul Stoddart depuis le début de l’année 2001. Stoddart garde un souvenir lumineux du passage d’Alonso dans son équipe.
"Déjà à l’époque, je pouvais voir que Fernando Alonso était un futur champion du monde. Il était évident qu’il avait un caractère spécial. Dès le premier grand prix avec nous, Fernando est resté avec les ingénieurs jusqu’à minuit. Il voulait tout savoir. Il s’est classé 12e pour ses débuts. Au fil des courses, il n’a pas cessé de montrer son génie technique, et sa détermination."
Quant à la qualité de son pilotage, Stoddart se souvient du dernier grand prix d’Alonso avec Minardi. L’Espagnol était contrarié à cause d’une mauvaise qualification. « Nous avons eu une discussion et je lui ai dit : Fernando, c’est ta dernière course avec nous, vas-y et profites-en. Ce qu’il a fait, c’est boucler les 53 tours de Suzuka en mode qualification ! »
Qualifié 18e (sur 22), Alonso est ainsi remonté jusqu’à la 11e place. Et pour avoir suivi la progression puis l’éclosion de son ancien pilote, Paul Stoddart est catégorique. « Alonso est l’un des plus grands pilotes de tous les temps. Il a mérité chacun de ses podiums. Par manque de chance, il est seulement deux fois champion du monde. Il aurait dû l’être au moins quatre fois. »
Beaucoup le pensent, mais il se trouve que la carrière d’Alonso ne fut pas un chemin parsemé de roses comme le prouve un déroulé rapide de ses nombreux allers-retours dans les paddocks. Après la première saison d’Alonso, Briatore considère d’ailleurs que son pilote apprendra plus en le désignant réserviste de l’équipe Renault.

Renault : deux fois couronné

Titularisé en 2003, il obtient sa première pole position à sa deuxième course et remporte son premier grand prix à la mi-saison. Bousculé en 2004 par son coéquipier Jarno Trulli – qui s’impose à Monaco – Fernando Alonso dévoile une facette de son caractère en se montrant irascible et très influent dans la coulisse. Etrangement, Trulli est écarté avant la fin de la saison.
En 2005, l’Espagnol profitant d’une Renault enfin compétitive et de toute l’attention de Flavio Briatore, se lance dans un bras de fer contre Kimi Raïkkönen (McLaren-Mercedes), puis Michael Schumacher (Ferrari), en 2006, dont il sort victorieux et donc couronné à deux reprises.
Avec un tel statut, Fernando Alonso est sollicité par les plus grandes équipes et porte son choix sur McLaren, avec un juteux contrat à la clé et, bien sûr, l’aval de son gourou Flavio Briatore. On verra qu’il reviendra chez Renault, pas vraiment pour le meilleur mais surtout pour le pire.

McLaren : clash et trahison

En 2007, ce Latin jusqu’au bout des gants débarque en Angleterre chez McLaren et compte bien être un digne successeur des Fittipaldi, Hunt, Lauda, Prost et évidemment Senna, son idole. « Ayrton Senna est la référence de tous les pilotes. Il s’est toujours battu jusqu’à la fin et c’est ce qui lui a valu de gagner le respect et le statut de légende aujourd’hui », dit-il.
Mais les choses vont mal se passer dans la mythique équipe anglaise où Alonso tombe sur un os en la personne de Lewis Hamilton (autre admirateur de Senna). Le débutant s’avère coriace, rapide et au moins aussi ambitieux que son aîné.
Leur lutte farouche va déboucher sur un fameux clash lorsque, après une qualification houleuse (en Hongrie) où les deux pilotes se sont gênés, Alonso va finalement trahir son équipe en l’accusant d’espionnage au détriment de Ferrari en le dénonçant auprès de la FIA.
Tout ça débouchera sur la perte du titre mondial pour Hamilton et Alonso (à égalité de points à la 2e  place), une amende record de 100 millions de dollars pour McLaren, la perte des points constructeurs et la séparation du pilote espagnol et de l’équipe de Ron Dennis.

Renault (bis) : retour raté et scandale

Pour 2008, Flavio Briatore fait le ménage chez ses pilotes, recueille Fernando Alonso qui n’avait plus de volant, et lui adjoint pour coéquipier le peu dérangeant (croit-il) Nelsinho Piquet. La Renault de cette époque a perdu de sa superbe et ce n’est qu’en fin de saison qu’Alonso ajoute deux victoires à son palmarès.
Dont une lors du premier Grand Prix de Singapour de l’Histoire, grâce à la safety car provoquée par la sortie de piste de … Piquet junior. Et dont on apprendra presque un an plus tard que tout était manigancé par Briatore et Pat Symonds, alors le directeur technique de Renault F1.
Personne dans le paddock n’imagine que Fernando Alonso ne fut pas au courant de cette « stratégie » extrême. Le pilote n’a jamais été inquiété par la FIA, mais cet épisode a terni son image. Sa punition est de végéter une année de plus chez Renault avant de réaliser le rêve de beaucoup de pilotes : courir pour Ferrari.

Ferrari : quel gâchis !

Que retenir du passage d’Alonso à Maranello ? Qu’il aurait mérité d’y remporter au moins deux titres supplémentaires en 2010 et 2012, perdus sur le fil et à chaque fois lors de la dernière course face à Sebastian Vettel, alors dominateur chez Red Bull.
Les errements stratégiques finissent par lasser Alonso et l’ambiance en interne s’en ressent, même si Alonso est l’incontestable leader de l’équipe. Ils sont nombreux au sein de la Scuderia à ne pas apprécier les manœuvres en coulisses d’Alonso, capable d’être aussi génial au volant qu’imbuvable en dehors du cockpit.
Ce n’est donc pas sous les applaudissements qu’il quitte la Scuderia à la fin de la saison après cinq années où il se sera classé trois fois 2e du championnat et remporté 11 grands prix, dont son 32e et dernier succès en F1 à ce jour.

McLaren (bis) : mauvaise idée

Le retour de McLaren entretient l’espoir pour Alonso. L’équipe anglaise n’est plus dirigée par Ron Dennis, mais par Zak Brown, beaucoup plus détendu. Alonso rate toutefois le début de la saison 2015 après un accident lors des tests privés.
Cette deuxième époque McLaren va surtout être marquée par la rupture culturelle et sportive entre l’Espagnol et le motoriste Honda. Plus étonnant, en 2017, la star Alonso fait l’impasse sur le GP de Monaco pour disputer les 500 Miles d’Indianapolis (également sur une McLaren-Honda), figurant longtemps en tête avant d’être victime… de son moteur Honda.
A la fin d’une anonyme saison 2018, Alonso annonce qu’il prend sa retraite de la F1. L’occasion d’une belle cérémonie des adieux à Abu Dhabi…

Toyota : victoires au Mans, déroute à Indy

Alonso ne reste pas longtemps inactif. Il profite de son sabbat pour disputer et gagner les 24 heures du Mans deux années de suite, en 2018 et 2019 au volant des Toyota seules dans ce monde d’endurance.
En revanche, ses deux participations supplémentaires à Indianapolis sont des fiascos (2019 et 2020). Honda ayant refusé qu’il pilote une monoplace propulsée par leur moteur. Ils n’ont pas digéré les critiques de l’Espagnol, lorsque celui-ci avait hurlé furieux « GP2 engine ! » dans sa radio et qui fut diffusé en mondovision à Suzuka 2015 !

Alpine : les affaires reprennent

Comme on pouvait s’y attendre, Fernando Alonso malgré ses multiples engagements s’ennuie loin de la F1. Briatore négocie le retour de son célèbre client en 2021. Et c’est encore une fois l’ex-équipe Renault, rebaptisée Alpine, qui est sa planche de salut.
Alonso justifie son retour. « J’adore piloter. Durant ces deux années sans F1, je me suis libéré l’esprit de mes envies et j’ai rayé sur ma liste des choses que je rêvais de faire : Daytona, Endurance, 24 Heures du Mans, Dakar… »
Mais Fernando Alonso n’est pas revenu pour faire de la figuration, et surtout il ne supporte pas qu’on puisse douter de sa motivation et de son talent. Lorsque ses employeurs tergiversent au moment de prolonger son contrat, au prétexte qu’il se fait vieux (41 ans), le fier Espagnol claque la porte. Et file chez Aston Martin.

Aston Martin : toujours vert

Début 2023, l’ambitieux Lawrence Stroll déroule le tapis vert (qui est aussi la couleur des dollars) à Fernando Alonso. Le Guerrier des Asturies n’a pas rejoint l’équipe de Silverstone pour assurer ses points retraite. Très vite, le « vieux » démontre qu’il n’a rien perdu de son coup de volant, enfilant les podiums comme des perles. Mais il y a mieux.
Désireux de découvrir ce que sera la Formule 1 à partir de 2026, Fernando Alonso qui fêtera cette saison-là ses 45 ans, a prolongé son bail de pilote. Si l’Espagnol garde l’espoir d’accrocher une 33e  victoire, il peut faire son deuil d’une troisième couronne, pour intégrer un club où il aurait pourtant toute sa place.

Retrouvez notre article sur les 7 vies en F1 de Fernando Alonso dans le Sport Auto n°749 du 31/05/2024.

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