GP d'Italie F1 1988 : quand Senna offrit à Ferrari un doublé "divin" à Monza
En 1988, Ayrton Senna aurait dû remporter le Grand Prix d'Italie. Sauf que les "dieux de la F1" en décidèrent autrement sur les terres d'une Scuderia Ferrari orpheline de son légendaire fondateur. Sport Auto vous raconte.
Monza : surnommé le "Temple de la vitesse", l'Autodromo italien a été le théâtre de bien des exploits, moments dramatiques et performances inoubliables depuis sa naissance en 1922. Sport Auto fouille la boite aux souvenirs jusqu'en 1988, date à laquelle Ayrton Senna précipita, bien malgré lui, un morceau d'histoire de la Scuderia Ferrari..
Grand Prix d'Italie 1988 : un rendez-vous dans un contexte à part
Nous sommes le 11 septembre 1988. En ce
dimanche ensoleillé, les tifosi
s'apprêtent à vivre un grand moment dans les annales de la
Formule 1. Depuis l'entame de la saison, le Championnat du
monde s'est paré de rouge et de blanc, soit la
livrée restée célèbre de la McLaren-Honda MP4/4,
l'une des monoplaces les plus irréprochables de tous les
temps.
A son volant, Ayrton Senna et
Alain Prost écrasent toute concurrence :
11 courses, 11 victoires et 10 pole positions,
seul un valeureux Gerhard Berger parvenant à
devancer l'infernal duo lors des qualifications
en Grande-Bretagne (où Ferrari s'accapare
même la première ligne de la grille avec Michele
Alboreto, avant de rentrer dans le rang en course).
Puis vient l'Italie. Dans un contexte particulier.
Moins d'un mois plus tôt, le 14 août,
disparaissait le Commendatore Enzo
Ferrari. C'est donc une Scuderia en deuil
qui se présente à Monza. Et si le public local,
tout acquis à la cause du Cheval cabré, rêve d'un
miracle, la séance qualificative enterre vite
leurs maigres espoirs, les McLaren verrouillant le haut de la
grille.
Grand Prix d'Italie 1988 : quand le "miracle" a lieu !
Le départ et la majorité du Grand Prix ne changent rien à la
donne : Senna et Prost devant,
les autres loin derrière. Pourtant, une faille survient
dans la machine bien huilée de Woking lorsque, au 35ème
tour, le double Champion du monde français voit son V6
Honda partir en fumée, c'est l'abandon !
Mis au courant du souci de son équipier mais néanmoins rival pour
le titre, le Brésilien lève le pied pour soulager la
mécanique et rallier l'arrivée sans encombres. Roulant en
tête avec plus de 50 secondes d’avance sur la Ferrari de
Berger, "Magic" revient à deux tours de
l’arrivée dans l'aspiration de Jean-Louis
Schlesser.
Le Français, qui remplace un
Nigel Mansell malade au
volant de l'une des deux Williams-Judd, navigue à
une lointaine 11ème position avec plusieurs tours
de retard. Quelque peu pressé par la McLaren au passage de la ligne
droite des stands, il loupe son freinage à la première chicane
Del Rettifilo, allume un pneu mais tente
de négocier l'étroit goulet.
Sauf que Senna, pensant avoir assez d'espace pour
doubler ce retardataire, n'attend pas la sortie de la chicane et
plonge à la corde. Hélas, leurs roues se
touchent et le leader est envoyé en tête-à-queue ! Planté
sur un vibreur avec la suspension endommagée, le Pauliste n'a
d'autre choix que d'abandonner à son tour.
Dans un scénario trop beau pour être vrai, moins d'un mois après l'ultime départ d'Enzo Ferrari à l'âge de 88 ans, voici que ses monoplaces écarlates signent un fracassant doublé dans le Grand Prix d'Italie, célébré par une marée de tifosi hystériques ! Ils furent nombreux ce jour-là à remercier les "dieux de la course" de ce petit coup de pouce du destin pour rendre un dernier hommage à l'une des plus grandes figures de l'histoire de l'automobile et de la course...



