Essai - Toyota GR Yaris automatique (2024) : la maîtresse des cols
Après un premier speed dating sur circuit fin 2023, la Toyota GR Yaris restylée accorde à Sport Auto une entrevue plus poussée sur son terrain de prédilection : les spéciales de rallye. Complément d’enquête dans sa version dotée d’une boîte automatique à huit rapports.
Fin décembre 2023, circuit du Jarama. La toute dernière version de la
Toyota GR Yaris encore camouflée nous donne un premier aperçu de
ses talents sur une piste espagnole ensoleillée.
Les quatre sessions de quelques tours à bord de l’ancienne puis de
la nouvelle mouture permettent de se faire une première idée sur un
terrain pourtant pas particulièrement adapté à ses qualités
premières.
Son châssis taillé pour les spéciales ne l’empêche pas de dévorer
les vibreurs avec appétit, de s’accrocher au bitume comme une
teigne et d’en ressortir bien plus fort encore par la magie de sa
transmission intégrale.
Le sourire derrière le volant devient vite contagieux, même si les
modifications techniques offrent une différence de ressenti subtile
: une direction un peu plus douce, une pointe de précision
supplémentaire en entrée de virage, des mouvements de caisse un
poil plus contenus et 10 km/h de gagnés dans la ligne droite, grâce
aux évolutions moteur.
Revue dans le moindre détail, la GR Yaris procure toujours autant
de plaisir et invite à une investigation plus poussée sur son
terrain de prédilection. Autrement dit sur des routes de préférence
sinueuses et bosselées.
Refroidissement soigné
Fin juin 2024, circuit du Laquais, région lyonnaise. La seconde
entrevue sur une piste offrant ici de jolis dénivelés confirme les
bonnes impressions ressenties à Jarama. Très stable et pas
spécialement joueuse dans les parties lentes, elle le devient plus
dans les passages rapides où son empattement court la rend
particulièrement vivante.
Son châssis réactif et précis ainsi que son excellente motricité
qui l’empêche de dessiner la moindre virgule en sortie permettent
de discuter avec les compactes sportives de la catégorie
supérieure. C’est efficace et amusant, même si les pneus avant qui
montent constamment en température au fil des tours la rendent de
moins en moins directive.
Vu que ce défaut apparaît plus marqué encore sur les tractions, ce
n’est pas un problème majeur. Après cette agréable entrée en
matière, le plat de résistance qui nous mène vers le massif de la
Chartreuse s’annonce bien plus savoureux. Surtout que la région
regorge de spéciales autrefois empruntées par le Rallye
Monte-Carlo.
La GR Yaris nouvelle mouture a
évolué en douceur et s’offre une inédite livrée gris platine. Parmi
les modifications par rapport au précédent modèle, nous pouvons
constater l’expérience mise en pratique à partir des versions de
course. Ainsi, son bouclier avant plus aéré se répare plus
facilement grâce à ses prises d’air latérales démontables
séparément.
Il intègre également de série sur le marché européen un pack
refroidissement, comprenant un radiateur supplémentaire, des prises
d’air redessinées et un brumisateur pour l’intercooler, actionnable
au tableau de bord. Le différentiel arrière auparavant sujet à
quelques cas de surchauffe en utilisation intensive est aussi plus
aéré. L’arrière hérite d’un diffuseur restylé, de sorties
d’échappement plus larges et d’un ensemble feux stop et
antibrouillards désormais intégré dans le bandeau lumineux
arrière.
A l’intérieur, la planche de bord entièrement cubique et aux
plastiques basiques vous renvoie en plein milieu des années 70. Le
nouveau bloc d’instrumentation numérique de 12,3 pouces,
configurable selon les deux modes (Normal et Sport), est, lui,
parfaitement actuel. Il propose certes une instrumentation
ultra‑complète, mais son compte‑tours apparaît bien moins lisible
que sur le précédent système à aiguille.
En revanche, l’abaissement de 50 mm de l’écran tactile 8 pouces et
le rétroviseur intérieur rehaussé de 20 mm favorisent la visibilité
avant. La position de conduite à présent rabaissée de 25 mm demeure
un peu dominante, mais cela reste justement une bonne chose sur une
auto appelée à viser les cordes !
Nouvelle boîte
La principale nouveauté tient dans l’arrivée d’une boîte automatique optionnelle à huit
rapports. Facturée 2 500 € de plus, elle rend la conduite plus
reposante en ville où la puce fait preuve d’une fermeté toute
sportive. Ferme certes, mais pas inconfortable pour autant,
contrairement aux Ford Fiesta ST et Hyundai i20N récemment
disparues du catalogue.
Cette boîte à convertisseur isole peut‑être davantage son pilote de
la mécanique par rapport à la bonne vieille commande de boîte
manuelle, mais ses deux derniers rapports rallongés abaissent le
niveau sonore sur autoroute, malgré des bruits de roulement
suffisamment marqués. L’arrivée vers le village de
Saint‑Pierre‑d’Entremont sonne comme le début d’une inoubliable
récréation.
Avec ses passages rapides, ses épingles, son revêtement bosselé et
ses nombreuses enfilades, la D912 qui monte vers le col du Granier
puis redescend vers Chambéry devient la spéciale idéale pour tester
toutes ces évolutions.
Avec sa transmission intégrale, son gabarit inférieur à 4 m de long
et son moteur désormais rallye unique chez les sportives actuelles
en fait la descendante naturelle des Groupe A de route des années
1990 et la fille spirituelle des Lancia Delta Integrale, Subaru
Impreza et leurs semblables.
La première ligne droite permet de solliciter un 3 cylindres turbo
optimisé pour l’occasion : pistons allégés avec segments plus
robustes, soupapes d’échappement dotées d’un matériau plus
résistant et pression suralimentée augmentée de 1,6 à 1,8 bar pour
gagner 19 ch et faire passer le couple de 36,7 à 39,8 mkg.
Le caractère moteur reste identique, avec ce fameux calme avant la
tempête qui se déclenche au‑delà de 3 000 tr/mn. Les modifications
apportent un effet turbo plus marqué à mi‑régime, puis une petite
pointe d’allonge supplémentaire jusqu’à une zone rouge fixée à 7
200 tr/mn.
La montée des rapports percutante en mode Sport et les
rétrogradages ultra‑réactifs, même en reprenant la main au moyen
des palettes, autorisent à en profiter sans arrière‑pensée.
Ennuyeuse ? Jamais !
ne épingle qui surgit en pratiquement moins de temps qu’il n’en
faut pour le dire incite à taper franchement dans la pédale de
gauche. Le système de freinage inchangé rassure par sa consistance
et par son dosage parfaitement naturel. Une fois placée, la poupe
ne pivote pas spontanément, mais le train avant guidé par une
direction informative, à l’assistance mesurée, plonge à la corde et
ne faiblit pas sous l’effort.
Il ne reste alors plus qu’à tirer le frein à main pour enrouler la
difficulté ou à s’en passer pour les amateurs d’une conduite plus
académique. Quelle que soit la méthode choisie, la petite japonaise
déguerpit ensuite à la vitesse de l’éclair sans trop tirer dans les
bras comme les tractions surpuissantes.
Cette impression de ne jamais avoir accéléré assez tôt est due à
cette fameuse transmission intégrale. Toujours typée traction en
conditions normales (60/40), elle évolue dans le mode Track en
passant de 50/50 à une valeur variable de 60/40 à 30/70, alors que
la précédente position Sport (30/70) laisse place à un nouveau
programme Gravel (53/47).
Si l’écart entre ces différents menus se ressent sûrement sur route
glissante, il apparaît peu marqué sur ce revêtement sec et
parfaitement adhérent. Il suffit d’écraser la pédale de droite sans
se poser la moindre question. La GR Yaris ne se déhanche pas de
l’arrière comme une propulsion et ne vient pas renifler les
bas‑côtés extérieurs à la manière d’une traction.
Elle conserve sa trajectoire ou l’élargit d’une façon
imperceptible, si le préposé au volant décide d’en faire des
tonnes. La Yaris bondit de virage en virage avec la hargne d’un
pitbull, avec son châssis réactualisé : coque rigidifiée avec 13 %
de points de soudure supplémentaires et 24 % de colle en plus,
trois points de fixation sur les amortisseurs avant au lieu d’un,
et ressorts avant et arrière aux tarages un peu plus fermes.
Sa manière unique de transformer son conducteur en rallyman en fait
sans doute l’un des meilleurs outils pour les départementales, si
ce n’est le meilleur. Dans des virages à moyenne vitesse, la GR
Yaris devient plus vivante encore et se place au coup de volant.
Son insolente facilité à imprimer un rythme d’enfer ne la rend pas
ennuyeuse pour autant. Elle décoince bien au contraire les
zygomatiques comme pratiquement aucune autre.
La bombinette ajoute à tous ces atouts un amortissement
remarquable. A l’exception peut‑être de l’Alpine A110 R, impossible
de trouver une sportive capable d’absorber trous, bosses et
revêtement dégradé avec une telle aisance.
La confiance qu’inspire cette GR Yaris sur tous les terrains donne
sans cesse envie d’attaquer et de retarder ses freinages en
dénichant constamment de nouveaux itinéraires. Quel outil !
L'avis de notre essayeur Jacques Warnery
Après nous avoir donné le sourire sur circuit, la seconde
mouture de la GR Yaris rend euphorique sur son terrain de
prédilection. Son typage rallye transforme chaque départementale en
spéciale.
Plus unique que jamais depuis la disparition des autres petites
GTi, elle profite de sa transmission intégrale pour devenir une
licorne qui marquera non seulement la décennie, mais l’histoire des
sportives. Il est d’autant plus dommage que le malus écologique
rédhibitoire vienne gâcher un prix raisonnable.
retrouvez notre essai de la Toyota GR Yaris automatique dans le Sport Auto n°751 du 26/07/2024.


