Essai - Nouvelle Toyota GR Yaris (2024) : premier contact sur le circuit de Jarama !
La GR Yaris a réinventé la sportive esprit rallye en 2020. Quatre ans plus tard, Toyota améliore son châssis et son moteur et lui offre même une boîte automatique optionnelle en guise de bouquet final. Premier contact pour Sport Auto sur le circuit de Jarama.
En attendant de découvrir en chair et en os cette évolution de la GR Yaris, la
conférence de presse bat son plein dans un des box de la piste de
Jarama. Le sempiternel vidéo-projecteur cohabite ici avec une drôle
de table accueillant des pièces en mauvais état.
Piston à la tête noircie par une trop forte pression, triangle
inférieur de suspension avant tordu, bouclier avant abîmé avec les
grilles d’ouverture percées, radiateur fendu, pignon de boîte de
transfert surchauffé et que sais-je encore s’exposent sans aucune
pudeur sous l’œil amusé de l’ingénieur en chef Naohiko Sato, chargé
du projet GR Yaris :
« Ces casses, généralement survenues en utilisation intensive
en course dans le championnat japonais de Rallye, nous permettent
d’identifier les points faibles de la voiture et de corriger le
tir. Nous nous en sommes énormément servis pour développer la
nouvelle évolution de la GR Yaris. Nos pilotes Sébastien Ogier et
Kalle Rovanperä ont également été mis à contribution, sur
différentes surfaces, afin de profiter de leurs retours.
Développer, courir, casser et réparer constituent les quatre
principes de base du projet. »
Alors, certes, les prétendues passerelles avec la compétition dans
le développement d’une sportive de série servent souvent à
enjoliver l’histoire, mais elles sont particulièrement étroites sur
la GR Yaris et chez Toyota.
Cadeau
Quand on connaît la capacité de la GR Yaris à se suffire à
elle-même, on ne peut que féliciter Toyota pour son
jusqu’au-boutisme et d’en proposer une évolution. D’abord, parce
que son concept est encore sans concurrence depuis sa sortie en
2020.
Son typage rallye nous replonge une vingtaine d’années en arrière,
en plein âge d’or des sportives destinées à homologuer les machines
de compétition. Ensuite, parce que la période est particulièrement
compliquée pour les petites sportives.
Dans un contexte où un malus délétère revient pratiquement au prix
de l’auto, la décision de commercialiser en France à partir d’août
2024 cette nouvelle mouture uniquement disponible en version Track
(différentiels avant et arrière autobloquants, suspension raffermie
et Michelin Pilot Sport 4 S) est singulièrement courageuse.
A condition de faire vite puisque les 5 000 à 6 000 nouvelles GR
Yaris allouées pour l’Europe cesseront d’être produites début 2025,
avant de disparaître définitivement des écrans radars. Enfin, parce
qu’avec une approche purement pragmatique, les qualités de la
première édition de la petite bombe signée Toyota ne justifient
guère de mise à jour.
La livrée camouflage de cette nouvelle mouture peine à cacher les
subtiles modifications extérieures par rapport à la version
actuelle. Le bouclier avant, désormais fabriqué en deux parties
pour faciliter sa réparation, s’offre des grillages en acier et une
ouverture plus grande pour mieux rafraîchir les éléments
mécaniques.
S’y ajoute un pack de refroidissement optionnel comprenant un
radiateur supplémentaire, un brumisateur pour l’intercooler et une
prise d’air modifiée. A l’arrière, le troisième feu stop implanté
sur l’aileron et les antibrouillards nichés dans la partie
inférieure migrent dorénavant au niveau du bloc optique
central.
Le diffuseur est également retouché pour gagner en efficacité.
C’est pourtant bel et bien l’arrivée d’une inédite livrée Gris
Platine qui permettra aux moins observateurs de la reconnaître de
loin.
A la serpe
Les différences sont plus marquées en ouvrant la porte, avec une
nouvelle planche de bord taillée à la serpe. Derrière un style qui
prête à sourire, elle participe à corriger le principal défaut de
sa devancière en améliorant la visibilité avant : écran tactile
implanté 50 mm plus bas, rétroviseur intérieur remonté de 20 mm et
assise de siège abaissée de 25 mm.
Résultat des courses, le pilote conserve une position de conduite
assez dominante, plutôt logique sur une machine destinée à écumer
des spéciales, sans avoir désormais la désagréable impression
d’être assis sur une chaise à porteurs.
Le nouveau combiné d’instrumentation numérique et personnalisable
tient de l’anecdote, d’autant que son compte-tours est moins
lisible que le précédent bon vieux bloc à aiguilles. Deux modes de
conduite (Sport et Eco), influant sur la direction, la réponse
moteur, la climatisation et l’affichage, s’invitent à la fête.
La transmission intégrale change peu dans son fonctionnement, mais
sa répartition de puissance entre l’avant et l’arrière évolue. Si
le mode Normal est identique (60/40), le nouveau programme Gravel y
ajoute un ratio de 53/47, et la position Track varie désormais de
60/40 à 30/70 selon les situations.
Peaufinée
Sauter de l’actuelle à la nouvelle GR Yaris permet de ressentir
quelques différences en plus d’être mieux installé. Le 3 cylindres
fait toujours preuve d’une jolie santé à partir de 3 000 tr/mn et
grimpe jusqu’à 7 200 tr/mn, même s’il n’est pas indispensable de
dépasser 6 500 tr/mn. Il y ajoute une petite pointe de punch
lorsque son turbo souffle à pleins poumons.
Le compteur, qui indique ici 210 km/h, contre à peine plus de 200
km/h sur la première GR Yaris, au bout de la ligne droite du
circuit, montre une meilleure forme. Les pistons allégés et dotés
de segments plus robustes et les soupapes d’échappement au matériau
plus résistant permettent aux motoristes d’augmenter la pression
d’injection et de suralimentation (de 1,6 à 1,8 bar), afin de
gagner 19 ch, soit 280 au total.
La valeur de couple, qui passe de 36,7 à 39,8 mkg, est obtenue 250
tr/mn plus tard. S’y ajoutent également un nouveau capteur de
pression d’injection et un refroidissement optimisé. Toujours
pourvue d’une relance moteur au rétrogradage désactivable, la boîte
manuelle à 6 rapports revoit par ailleurs sa commande à câbles,
bien que les différences soient difficilement perceptibles.
Elle conserve peu ou prou la même fermeté et des verrouillages
francs, à défaut d’être aussi rapide et addictive que celle d’une
Honda Civic Type R. La principale nouveauté tient dans l’arrivée
d’une boîte automatique optionnelle à 8 rapports. A l’usage, cette
unité réalisée par Aisin et dotée d’un convertisseur se montre à
son aise sur la piste de Jarama.
Suffisamment percutante à la montée des rapports et réactive aux
rétrogradages musclés, elle facilite d’autant plus le pilotage que
son mode Sport est très bien inspiré, quand son pilote décide de
lui laisser la main. Les amateurs d’efficacité y trouveront leur
compte, malgré un surpoids de 20 kg, alors que les puristes
préféreront le bon vieux levier traditionnel.
De toute façon, c’est d’abord dans les virages que le sourire d’un
pilote de GR Yaris s’élargit. Son châssis taillé pour les spéciales
de rallye ne l’empêche pas de donner beaucoup de plaisir sur la
piste de Jarama. Les subtils mouvements de caisse la rendent
vivante au placement, même si elle ne pivote pas de manière
particulièrement marquée dans les passages lents.
Son train avant costaud permet de rentrer fort, avant de conserver
le nez à la corde, mais c’est comme toujours en sortie que la
bestiole épate le plus. La motricité procurée par sa transmission
intégrale est telle qu’elle donne l’impression de ne jamais avoir
accéléré assez tôt.
La puce maintient alors sa trajectoire sans élargir ni dessiner la
moindre virgule dans ces conditions sèches, même en jouant sur la
répartition de la transmission intégrale. Toyota ne s’est pas privé
de peaufiner la partie châssis : coque rigidifiée avec 13 % de
points de soudure supplémentaires et 24 % de colle en plus, trois
points de fixation sur les amortisseurs avant au lieu d’un et
ressorts avant et arrière aux tarages un peu plus fermes. Mises
bout à bout, ces améliorations ne changent guère l’équilibre
général d’une auto toujours aussi vivante dans les passages
rapides.
Sa direction un brin plus douce mais informative rend son toucher
de route un tantinet moins musclé, mais les différences de ressenti
sont subtiles, même si la petite nouvelle promet une efficacité
certainement supérieure chrono en main.
Réponse lors d’un prochain Supertest ? Espérons-le tant cette très
agitée Yaris donne toujours autant envie de se glisser derrière son
volant !
L'avis de notre essayeur Jacques Warnery
Les subtiles améliorations châssis et moteur ne démodent pas le modèle initial et méritent un second rendez-vous pour les quantifier chrono en main. En attendant un éventuel complément d’enquête, cette GR Yaris revue et corrigée reste cet attachant mouton à trois pattes que le typage rallye rend unique en son genre.
Toyota GR Yaris (2024) : fiche technique
- Moteur : 3 cyl. turbo, 12 S
- Cylindrée : 1 618 cm3
- Puissance maxi : 280 ch à 6 500 tr/mn
- Couple maxi : 39,8 mkg à 3 250 tr/mn
- Transmission : intégrale, 6 rapports manuels ou 8 rapports automatiques
- Antipatinage : de série
(déconnectable + contrôle de trajectoire) - Autobloquant : AV & AR de type Torsen
- Poids annoncé : 1 280 kg (version boîte auto : 1 300 kg)
- Rapport poids/puissance : 4,6 kg/ch
- L - l - h : 3 995 - 1 805 - 1 455 mm
- Empattement : 2 560 mm
- Pneumatiques : 225/40 ZR 18
- Réservoir : 50 l
- Prix de base : non communiqué
Retrouvez notre essai de la Toyota GR Yaris dans le Sport Auto n°745 du 26/01/2024.


