F1 - Comment Kubica compense son handicap

Robert Kubica fait son retour en F1 huit ans après son accident de rallye. Il a appris à compenser son manque de mobilité dans la main droite.
Robert Kubica fait son retour en Formule 1, ce qui paraissait
encore impossible il y a quelques années. Il y a huit ans, il a
failli perdre sa main droite dans un grave accident de rallye.
Aujourd'hui, il manque de mobilité dans le bras droit et il ne peut
pas saisir fermement le volant. Il a dû changer son approche de
tous les gestes quotidiens : « J'étais droitier et maintenant je
suis gaucher, » expliquait Kubica l'an dernier.
Comment Kubica peut-il piloter une F1 malgré ce handicap ? Le
pilote Williams a subi 18 opérations, dont plusieurs pour lui donner
plus de mobilité. Aujourd'hui, il ne pilote pas à une main mais la
main droite lui sert surtout d'appuis. Avant même son accident, il
avait l'habitude de ne pas serrer fermement le volant. «
Après mon accident, j'ai découvert dans une voiture de série qu'on
n'a pas besoin de serrer le volant, » indiquait le Polonais à Motor Sport Magazine
fin 2018. « On peut utiliser la pression pour tourner. »
« Quand je roulais (en F1), en Malaisie en 2006, des images
montraient que je roulais avec trois doigts ouverts. Je me rappelle
que les ingénieurs étaient choqués. Ils avaient demandé pourquoi,
j'avais dit "Je ne sais pas, on n'a peut-être pas besoin d'utiliser
toute (sa) puissance, il faut juste utiliser ce dont on a besoin".
»
Kubica a su s'adapter
Le retour de Robert Kubica a la compétition est le fruit de
plusieurs années de rééducation et de préparation. Dans les
mois qui sont suivi son accident, Kubica a effectué une partie de
sa rééducation chez Formula Medicine, la structure du Dr.
Riccardo Ceccarelli, spécialiste de la préparation des pilotes. Il
a pu s'entraîner dans un simulateur, alors qu'il avait encore la
jambe cassée et que son bras était moins mobile qu'aujourd'hui.
Kubica était déjà très performant, ce que le Dr. Ceccarelli a pu
constater en le comparant à un pilote de GP3 qui s'entraînait dans
le simulateur.
« Le pilote de GP3 attaquait vraiment, » a expliqué le Dr.
Ceccarelli au site officiel de la F1. « On pouvait voir le
mouvement dans son corps, on pouvait le voir attaquer. Robert était
très doux, il ne pilotait qu’à une main, ses mouvements sur la
direction étaient lents. Je pensais qu’il apprenait le circuit,
mais quand j’ai regardé les temps, Robert était une demi-seconde
devant. Robert ne faisait aucun mouvement inutile. Il était très
précis. C’était incroyable. »
Il a fallu plusieurs années pour que Kubica reprenne le volant
d'une monoplace. Son manque de mobilité dans le bras droit l'a
longtemps empêché de le faire et il s'est tourné vers le rallye. Il
a roulé en WRC de 2013 à 2016. Il a aussi fait des essais en DTM,
dès 2013, mais il n'a commencé à envisager sérieusement à un retour
en circuit qu'en 2017. Ill a fait des essais dans une GP3 puis pour
Renault en F1, dans une Lotus. Il est ensuite devenu le troisième
pilote de Williams, qui l'a titularisé cette année.
Chaque tour en piste aide Kubica
Chez Williams, tout a été fait pour adapter la monoplace aux
besoins de Robert Kubica. Le pilote a demandé des modifications sur
son volant, pour déplacer certains boutons et contrôleurs. Kubica
parle régulièrement de « limitations physiques » mais
plus il roule, plus les contourner devient naturel.
« Piloter une F1 est le meilleur entraînement, surtout dans ma
situation, parce qu’avec mes limitations, je dois redécouvrir mes
(...) limites, » a expliqué Kubica au site officiel de la F1.
« Rouler plus souvent sera bon pour moi, pour mon
corps. Le pilotage est comme tous les sports, si on en fait
régulièrement, cela devient naturel. »
Le talent inné de Kubica lui permet de compenser ses faiblesses
physiques : « C’est la force de Robert, » indique le Dr.
Ceccarelli. « Ce n’est pas une question de tests physiques ou du
nombre de kilos qu’il peut soulever. C’est l’ensemble et il est
chanceux (grâce à son talent). C’est l’ensemble qui fait un
pilote. »
« Il y a déjà de grands musiciens à l’âge de trois ans. Dans le
sport automobile, Robert est comme ça. Il est né pour faire ça. Il
est naturellement très bon. »


