Le jour où : le Grand Prix de Monaco 2004 vira au chaos absolu ! (+ vidéo)
En 2004, le Grand Prix de Monaco de Formule 1 accouchait d'une course-thriller dont on reparle toujours dans le paddock, 20 ans après. Sport Auto revient sur l'une des épreuves du rocher les plus folles de l'histoire, vidéo-résumé en bonus.
Il y a deux décennies, Monaco a vécu un Grand Prix de Formule 1 complètement fou, à une époque où les monoplaces parvenaient encore à doubler efficacement sur l'étroit tourniquet princier. Flash-back sur un classique !
2004 : quand la F1 se drapait de rouge...
Il y a 20 ans, la Formule 1 vivait les dernières heures d'une
génération vécue au rythme des moteurs V10 de 3
litres - intronisés de 1989 jusqu'en 2006, remplacés par
les V8 2.6 litres, eux-mêmes suivis par les
V6 1.6 turbo-hybrides - et des luttes roue contre
roue entre des monoplaces à la taille de guêpe
chaussées de gommes rainurées.
A dire vrai, la saison 2004 ne restera pas dans les annales comme
la plus exaltante de ce début du siècle, une
époque outrageusement dominée par Ferrari. Depuis
2001, la Scuderia et Michael Schumacher empilent en
effet victoires et titres sans sourciller, au point de faire
grincer des dents parmi les passionnés.
Le début de saison enfonce encore davantage le
clou, le "Baron rouge" enchaînant cinq succès de
rang au volant de l'invincible F2004,
l'une des meilleures machines accouchées par Maranello. De quoi
doucher les maigres espoirs des fans, et des instances dirigeantes,
que les soubresauts des McLaren-Mercedes,
Williams-BMW et autres Renault en 2003 -
lorsque le sacre se décida pour un point entre Kimi Räikkönen et
"Schumi" à Suzuka - n'essoufflent l'hégémonie rouge.
En vain... jusque Monaco. Disputée le week-end des
22 et 23 mai, la sixième manche de la campagne
débute par une surprise et la première pole position en F1 signée
Jarno Trulli. Deuxième surprise : aucune Ferrari
n'occupe la première ligne ! A la place, Jenson
Button, auteur d'un brillant début de saison avec
BAR-Honda.
La première monoplace écarlate, celle de Schumacher, n'est que
quatrième, à une demi-seconde de la pole, aux
côtés de Fernando Alonso. Tous deux ont été promus d'un rang suite
à la pénalité de Ralf Schumacher, auteur d'un
excellent deuxième chrono mais relégué en
milieu de grille suite à un changement de
moteur.
Récit d'une course chaotique !
A l'extinction des feux, les Renault prennent un envol
parfait devant Button, la McLaren de Kimi Raïkkönen et
Takuma Sato. Le Japonais, futur double
vainqueur d'Indy 500, part
comme un balle et grille la priorité aux Ferrari, au point de
légèrement tasser Schumacher !
La course démarre sur les chapeaux de roue, "Iceman" perdant un
bout d'aileron avant sur le poteau en plastique à la corde de
Sainte-Dévote, quelques virages avant que Christian
Klein ne plante sa Jaguar dans le rail de
l'épingle du Loews, provoquant une premier drapeau
jaune.
A la relance, Sato tient la dragée haute aux
Ferrari. Trop, peut-être ? Si bien que le moteur
Honda de sa BAR explose à la fin du troisième tour,
vomissant essence et huile sur la trajectoire au virage du
Bureau de Tabac.
La monoplace, sitôt rangée sur le côté, laisse échapper un
énorme nuage de fumée, juste devant les grandes
tribunes (!), au point que le peloton n'y voit goutte au moment de
débouler dans l'étroit gauche avant le secteur de la
Piscine.
C'est dans cette véritable purée de pois que Giancarlo
Fisichella oublie de suffisamment lever le pied et
escalade la McLaren de David Coulthard. Si
l'Ecossais parvient à continuer, aileron arrière brisé, l'Italien
retourne violemment sa Sauber contre un rail !
Plus de peur que de mal pour "Fisico" qui s'extrait rapidement de
la voiture avec l'aide des commissaires.
Michael Schumacher... sur trois roues !
Arrêtée au drapeau rouge, la course reprend
mais perd Räikkönen, victime de sa fragile McLaren
MP4/19. Après quelques tours d'accalmie, le Grand Prix
rebondit lorsque Fernando Alonso tape brutalement
le mur à la sortie du tunnel !
L'Espagnol, qui ne compte alors qu'une victoire en F1 (Hungaroring
2003), a perdu le contrôle de sa Renault en voulant doubler une
Williams, sous le tunnel, par l'extérieur de la trajectoire.
Emportée par sa vitesse élevée, la monoplace lui
échappe dans le muret. La course est de nouveau interrompue, à la
voiture de sécurité, le temps de nettoyer la piste.
C'est alors que se produit l'un des incidents les plus
étranges, pas seulement de l'histoire du Grand Prix de Monaco, mais de
l'histoire de la F1 tout court. Schumacher mène le
peloton derrière la safety-car. Mais au moment d'aborder le tunnel
à basse vitesse, l'Allemand pile soudain sur les
freins, sans doute pour garder un minimum de distance
réglementaire avec le pace-car. Sauf que Juan
Pablo Montoya, qui le suit, ne s'attend pas à pareille
manoeuvre et heurte involontairement la Ferrari qui part en
tête-à-queue, déchirant sa roue avant gauche contre le
mur !
Toute la séquence se déroule en une poignée de
secondes, sous régime de voiture de sécurité et à un
endroit ne présentant à priori aucun danger, si bien que c'est la
stupeur lorsque la Ferrari de tête émerge de la pénombre du
tunnel... sur trois roues !
Le temps pour les fans de reprendre leurs esprits que le
"Kaiser" est déjà de retour au box, la mine sombre. C'est
l'abandon.
Pendant ce temps-là, le Grand Prix reprend ses droits. Repassé en
tête au terme d'une course exemplaire, Jarno
Trulli ne peut guère s'endormir car Jenson Button revient
sur lui. A coups de dixièmes grignotés par secteur, le futur
champion du monde (2009) met la pression sur la Renault mais doit
finalement s'incliner pour moins d'une
demi-seconde !
Sur le podium, complété par un Rubens Barrichello
sauvant quelque peu la face pour Ferrari, c'est l'euphorie autour
d'un Trulli signant le doublé pole et victoire, sa
première en F1 où il évolue depuis 1997, à la plus grande joie de
Flavio Briatore.
Hélas pour les fans, le coup du sort frappant Schumacher et Ferrari
ne sera que passager, le champion en titre remportant les...
sept Grands Prix suivants pour faire main basse sur son
septième et ultime sacre dès Spa-Francorchamps....
Revivez le déroulement du Grand Prix de Monaco de Formule 1 2004 dans cette vidéo-résumé.



