F1 - Renault se donne trois ans pour gagner

Carlos Ghosn, le PDG de l'Alliance Renault Nissan, pense qu'il faudra trois ans pour être au sommet en F1. Renault a obtenu gain de cause sur les revenus.
Renault a enfin confirmé le rachat de Lotus jeudi soir. Le
constructeur a cependant conscience qu'il lui faudra du temps pour
jouer la victoire. Le groupe propulseur n'est pour le moment
pas au niveau et Lotus avait des difficultés financières, ce qui a
énormément limité le développement sur le châssis. Renault
ne vise pas la victoire avant 2018.
« Je pense que, compte tenu de l'envie de nos équipes, cela va
prendre trois ans pour être compétitif, » explique Carlos
Ghosn, le PDG de l'Alliance Renault-Nissan, dans une interview
au Figaro. L'activité de motoriste, qui devait
être arrêtée, a finalement été maintenue
puisque Renault va continuer à fournir Red Bull: « Nous
continuerons d'ailleurs de développer notre activité motoriste,
mais en fonction de l'intérêt de notre propre écurie. »
Renault semble avoir la volonté de respecter les contrats de Jolyon Palmer et de Pastor Maldonado, titularisés pour 2016,
mais le constructeur attendra avant de donner tous les
détails: « Il faut attendre quelques semaines, »
indique Ghosn. « Je vous donne rendez-vous en janvier 2016. On
vous expliquera l'organisation, les objectifs, les pilotes, la
stratégie, les partenaires. »
Frédéric Vasseur, patron d'ART en GP2 et GP3, l'équipe titrée avec
Stoffel Vandoorne et le Français Esteban Ocon cette année, pourrait
diriger l'équipe. Bob Bell devrait être directeur technique.
Tous les éléments sont réunis
Les négociations avec Bernie Ecclestone, le gestionnaire
commercial de la F1, ont été très longues. Renault voulait un statut d'équipe historique, qui garantit une
plus grande part des revenus issus des droits commerciaux, même si
cela est remis en cause par certaines équipes. La marque a visiblement
obtenu gain de cause, ce qui justifie un engagement sur neuf
saisons, avec de meilleures conditions que lors de son dernier
passage.
« Un certain nombre d'accords obtenus permettent le retour de
Renault dans de bonnes conditions, » souligne Ghosn.
« Nous finalisons les accords avec Lotus F1, écurie que nous
connaissons bien pour avoir été champion du monde avec eux en 2005
et 2006. La répartition des gains provenant des droits TV est
aujourd'hui plus favorable à ce qu'elle était en 2009. »
Renault veut s'appuyer sur la F1 pour faire sa promotion sur des
marchés émergents comme l'Inde, la Chine, le Brésil et la
Russie : « Nous avons besoin de renforcer la marque
Renault dans ces marchés, » estime Ghosn. « L'écurie de
Formule 1 Renault sera un excellent moyen de le faire. C'est
une compétition très importante dans ces pays émergents. En Europe,
elle est également très populaire, mais la marque Renault est déjà
très connue. »
Être motoriste n'était pas suffisant
Si Renault a choisi de racheter une équipe, c'est parce que le
statut de motoriste ne représentait pas un retour sur
investissement suffisant. Le constructeur n'a pas eu les retombées
qu'il espérait après les quatre titres constructeurs de Red Bull et
les quatre titres de pilote de Sebastian Vettel entre 2010 et
2013.
« Il faut d'abord se rappeler que nous avons opté pour la
position de motoriste en 2010, après la crise financière, »
précise Ghosn. « À cette époque, beaucoup d'autres
constructeurs ont tout simplement abandonné la Formule 1,
comme Toyota, Honda et BMW. Nous non. »
« Cependant, depuis quelques mois, il nous fallait choisir:
soit revenir en tant qu'écurie, soit sortir définitivement. La
position de motoriste ne permet pas un retour sur investissement
suffisant. Nous avons donc mené une réflexion économique, mais il y
a eu également une réflexion liée à l'histoire de
Renault. »
« Il y a un attachement à cette compétition en interne et j'ai
pu aussi mesurer combien il y avait un attachement à Renault de la
part des membres du monde de la Formule 1, aussi bien de la
FIA, de la FOM, voire même d'un certain nombre de concurrents. Vous
avez également une grande motivation des collaborateurs Renault sur
l'engagement en Formule 1. Il y a un caractère passionné chez
Renault autour de la compétition. »


