F1 - Renault doit reconstruire une équipe

Renault s'apprête à vivre une année de restructuration, notamment pour assurer une collaboration parfaite entre les usines châssis et moteur.
Renault a officiellement lancé son équipe. Le projet est ambitieux à
long terme mais les objectifs restent modestes pour cette année.
L'équipe Lotus, rachetée par Renault, a été affaiblie par des
moyens limités, et le moteur Renault n'était pas assez performant
la saison dernière. La saison à venir permettra surtout à l'équipe
de se reconstruire.
« Nous devons être réalistes pour 2016. Il faut rattraper du
terrain dans certains domaines, » prévient Cyril Abiteboul, le
directeur général de Renault Sport Racing, l'entité au dessus du
Renault Sport Formula One Team. « Ce n’est pas un secret, nous
avons manqué notre entrée dans l’ère des groupes propulseurs et
Enstone a besoin d’attention. »
« C’est une année de reconstruction des relations, de
redynamisation de Viry et d’Enstone et de création de synergies au
sein du groupe Renault Sport Racing et de l’Alliance
Renault-Nissan. Cela ne veut pas dire que nous allons sacrifier
l'année, mais nous voulons tout mettre en place pour réussir en
2017. »
Renforcer l'équipe en douceur
Dans les prochains mois, Renault va renforcer l'usine d'Enstone,
celles du châssis, et tenter de mettre en place une collaboration
efficace avec celle de Viry-Chatillon, où le moteur est développé.
Carlos Ghosn, le Président de l'Alliance Renault Nissan, a donné
trois ans à l'équipe pour gagner.
« Nous avons une feuille de route à suivre et les résultats
doivent suivre d’ici trois ans, » rappelle Frédéric Vasseur,
le nouveau responsable de la compétition. « Il faut d’abord
rassembler l'équipe comme une seule organisation, tout en veillant
à ce que tout le monde travaille bien ensemble. »
« Notre première priorité est de nous assurer que les choses
se font en douceur. Je ne veux pas me concentrer uniquement sur ce
processus, car je sais que nous devons bâtir nos succès futurs et
que nous allons devoir être efficaces rapidement. Il y a beaucoup
de choses à faire. »
La collaboration entre les deux usines sera la clé
L'homme chargé d'assurer la bonne collaboration entre Enstone et
Viry-Chatillon sera Bob Bell. Il retrouve le poste de directeur
technique qu'il a occupé de 2003 à 2008, mais avec un rôle
différent, pour surtout garantir un bon fonctionnement technique
entre les deux entités. Il pense qu'il faut renforcer les moyens du
côté du châssis et profiter d'une meilleure intégration avec une
équipe du côté du moteur.
« Il y a un potentiel énorme à exploiter de chaque
côté, » estime l'Anglais. « Pour résumer la situation
actuelle, vous avez d’une part Enstone, une organisation
structurellement très solide, mais récemment privée de ressources.
De l’autre, Viry possède les ressources pour accomplir un travail
sérieux même si le passage aux nouveaux groupes propulseurs a été
très difficile, impactant ainsi le fonctionnement de
l’usine. »
« Pour Viry, la clé est de galvaniser la direction prise grâce
aux nouvelles opportunités offertes par l’écurie de F1. Il faut
alors miser sur le structurel tandis qu’il s’agit plutôt d’une
question de ressources à Enstone. Nous avons fait le point sur les
problèmes en amont et nous remettons les choses en
place. »
Réussir cette intégration est capital pour réussir en F1 depuis
l'introduction des groupes propulseurs, ce que Bell a connu chez
Mercedes de 2011 à 2014: « Nous voulons combiner les deux
unités opérationnelles au sein d’une entité unique, à un niveau
d’intégration bien plus poussé qu’auparavant, » souligne Bell.
« En regardant l'histoire de l'équipe et l’évolution de la F1,
on constate qu’il était possible d’avoir une relation assez
indépendante entre la partie moteur et le côté châssis durant l’ère
du V8, et même avant avec les V10. »
« Il faut désormais beaucoup plus d’intégration pour réussir
avec ces groupes propulseurs sophistiqués et l'évolution permanente
qu’apporte la concurrence. Cette intégration se mesure non
seulement par la performance en piste, mais aussi par la manière
dont vous optimisez les ressources dont vous disposez. Il ne s’agit
pas de gagner à tout prix, mais de gagner tout en maîtrise. Avec
deux sites, nous pouvons rechercher des économies d'échelle pour
nous assurer de les utiliser efficacement. Nous avons besoin de
plus d’intégration et de moins de dispersion
qu’auparavant. »
La saison 2016 sera probablement difficile
La conception de la RS16, la monoplace utilisée cette année, a
été compliquée par les soucis financiers de Lotus en 2016 et le
rachat tardif par Renault. Pendant plusieurs semaines, deux
solutions étaient étudiées, pour que la monoplace soit
adaptée au V6 Mercedes, utilisé l'an dernier, ou au V6 Renault.
« Nous étions avancés sur le développement du châssis avec
l’ancien groupe propulseur, mais notre objectif s’est ajusté au fur
et à mesure de la probabilité, finalement confirmée, de réintégrer
la famille Renault, » explique Nick Chester, le directeur
technique châssis. « On peut dire que nous avons été très
occupés ! »
Chester sait que Renault ne pourra pas prétendre à de bons
résultats dès 2016 : « Sur le court terme, cela
s’apparente à un numéro de jonglage. La nouvelle orientation du
programme de développement de la voiture 2016 est survenue
tardivement. Cela nous a laissé un calendrier serré pour le
châssis. La gestation a été courte, mais l’homologation réussie
démontre notre réactivité et notre qualité de travail. Les employés
d’Enstone ont été exceptionnels. Après tous les problèmes, ils sont
de retour pour tourner à plein régime, travaillant inlassablement
sur les différentes tâches. C’est incroyable. »
A plus long terme, l'équipe dispose désormais de moyens importants
pour s'imposer : « Avec Renault, nous avons un projet à
long terme extrêmement excitant, » se félicite Chester.
« Nous pouvons maintenant prévoir ce qui nous sera utile dans
le développement et l’étude de nouveaux champs. Sans les
difficultés auxquelles nous avons fait face l’an passé, nous avons
déjà vu que nous pouvions faire rapidement d’énormes progrès pour
obtenir tous les composants à temps. »


