Quels futurs pilotes pour Renault en 2016 ?

Publié le 15 septembre 2015 à 09:48
Mis à jour le 20 novembre 2020 à 10:26
Quels futurs pilotes pour Renault en 2016 ?

Alors que l'avenir de Renault est en train de se décider, quels pourraient être les pilotes en vue du retour dès 2016 ? Pistes et éléments de réflexions.

Pour un grand constructeur, un retour en F1 est tout sauf anodin. C'est une décision lourde, un événement majeur, un coup de pub et une opération marketing d'ampleur mondiale. Il ne faut donc pas se louper. Et l'annonce des pilotes, celle que les fans et médias attendent le plus, permet à la fois de mesurer l'intensité de l'engagement et de définir le ton des premières lignes de la future grande histoire que le constructeur veut nous raconter.
Le meilleur exemple n'est autre que Mercedes. A double titre. En 1954, Mercedes avait sorti l'artillerie lourde avec Juan Manuel Fangio, certes une ''seule'' fois champion du monde alors, mais déjà considéré comme le plus grand. Associés à lui, selon les grands prix, deux Allemands, Karl Kling et Hans Hermann. Un champion et un pilote national, voilà la combinaison la plus logique et naturelle pour un grand constructeur.
Même chose en 2010, pour l'autre retour de Mercedes, en mieux cette fois. Car le champion n'était autre que Michael Schumacher, 7 fois couronné et... Allemand en plus. Avec, à ses côtés, un jeune loup de la nation, Nico Rosberg. Difficile de faire mieux quand on s'attaque à nouveau à la scène des grands prix.
D'autres retours ou arrivées de constructeurs ont eu lieu ces dernières années : Jaguar, en 2000, avec Eddie Irvine et Johnny Herbert, pas de champion mais deux pilotes confirmés et solides ; Toyota, en 2002, avec Mika Salo et Allan McNish, faute de mieux il est vrai, Toyota étant arrivé sur le tard et dans des conditions qui n'attiraient pas les grands pilotes ; ou enfin BMW qui fit confiance à Jacques Villeneuve et Nick Heidfeld, en 2006, confirmant l'équation du champion et du compatriote.

L'impossibilité d'un champion

Parlons de Renault maintenant. En 2002, pour son premier retour en tant qu'écurie complète, Renault avait misé sur la paire Jarno Trulli et Jenson Button. Pas vraiment des stars (qui s'appelaient alors Schumacher, Häkkinen, Montoya et Räikkönen), mais un choix judicieux autour de jeunes espoirs. Et surtout, un an après, Fernando Alonso arrivait dans l'aventure, après une année en tant que pilote d'essais. Il n'était pas encore le champion que l'on a connu ensuite mais tous les éléments étaient réunis pour qu'il le devienne.
En cas de retour en 2016, on sera plus près d'un scenario de transition à la 2002 qu'à la Mercedes 2010. Déjà car il n'y a pas d'immenses pilotes français en exercice, ni même de futures stars incontestables en évolution dans d'autres championnats. Par ailleurs, Renault n'a pas la capacité financière et sportive d'aller chercher un champion. Qui voudrait tenter le coup ? Hamilton ? Non. Vettel ? Non. Räikkönen ? Non plus (même si en 2013, Kimi était encore la vedette d'Enstone). Alonso ? Renault ne pourrait pas s'aligner sur le salaire mirobolant de l'Espagnol. Et cela ferait un peu trop Retour vers le Futur, avec pas toujours que des souvenirs joyeux autour d'Alonso.
Renault n'a jamais pu ou voulu fracasser sa tirelire pour attirer un champion en exercice (hors cas d'Alain Prost puis Ayrton Senna chez Williams en 1993 puis 1994, mais dans d'autres conditions). Dommage d'ailleurs, cela montrerait que cette nouvelle aventure démarre sous les meilleurs auspices financiers. Ce qui, en 2015, parait une condition première pour gagner. Ne rêvons pas. Il resterait Jenson Button, sans doute pas intéressé.
Sans oublier que l'aventure Renault peut d'ores et déjà inspirer de la méfiance, se basant sur les cendres de Lotus et sur un moteur encore en retrait. Il faudra donc pour les futurs patrons de l'écurie française, notamment Cyril Abiteboul, beaucoup d'énergie et de persuasion pour attirer, à terme, un très grand pilote.

Peu de choix en 2016

Mais alors qui ? Qui Renault va-t-il bien pouvoir nous annoncer comme défendant officiellement ses couleurs en F1 ? Première hypothèse, le choix de l'histoire à la Française. Façon Jabouille-Arnoux, ou Arnoux-Prost. Renault est Français et fier de l'être. Ce qui était vrai il y a plus de 35 ans peut l'être encore aujourd'hui. L'épopée Acte I de Renault s'est autant faite sur la révolution turbo que sur son écurie Cocorico. Cela ne gagnait pas toujours mais cela parlait au coeur des gens. Dans cette optique, Romain Grosjean et Jean-Eric Vergne seraient parfait dans le rôle, pour raconter une belle histoire à notre pays et pour s'attirer d'entrée un socle solide de popularité en ses terres. C'est le minimum syndical. Ou même un Grosjean-Ocon, avec l'introduction d'un peu de sang frais. Esteban Ocon est sans doute encore un peu trop tendre et jeune, mais un poste de pilote d'essais avec de vraies séances de roulage serait une excellente idée le concernant.
Quoiqu'il en soit, l'argument ''nationaliste'' prévaudra au moins pour l'un des pilotes. Romain Grosjean est à 99,9% sûr de faire partie de l'aventure. Malgré son comportement plus que moyen envers le moteur Renault pendant la cauchemardesque saison 2014 de Lotus, le Français a tout pour lui : la nationalité, la connaissance d'Enstone, et le talent. En montant sur le podium à Spa, il a démontré qu'il restait un pilote à fort potentiel même s'il faudra encore retailler un peu son image. Grosjean est d'autant plus favori que décidément, Jean-Eric Vergne se heurte à une loi presque inviolable des grands prix : l'impossibilité d'une seconde chance. A quelques exceptions près (Massa ou Grosjean), une seconde chance n'est jamais offerte. Dommage pour lui. Si quelqu'un peut l'affranchir de cette loi, c'est Renault.

Maldonado ou Pérez, le casse-tête moral

Aux côtés de Grosjean, il faudra donc aller piocher ailleurs. On ne peut pas imaginer un seul instant Renault revenir en F1 et conserver Pastor Maldonado. Celui-ci a trop une image de pilote payant pour qu'un constructeur base son programme sportif dans la discipline reine sur quelqu'un qui est là, outre son coup de volant, pour ses pétrodollars. Renault commettrait une erreur originelle de communication, que les millions de Maldonado ne suffiraient pas à soulager.
C'est à peu près la même situation pour un autre candidat, dit-on le plus sérieux à l'heure actuelle, Sergio Pérez. A ceci près que Pérez réalise une intéressante saison 2015, la plupart du temps au moins au même niveau que Hülkenberg (il a plus de points que lui), et qu'il y a encore trois ans, il était sur les tablettes de Ferrari avant que McLaren ne l'utilise, sans résultats probants. Pérez a aussi pour lui un gros budget sponsor qui renforcerait les finances initiales de Renault. Mais là-encore, quelle identité propre à prendre un Pérez ? Aucune.
Selon nous, il n'y aurait que trois choix possibles, crédibles et justifiés. Nico Hülkenberg, qui a aujourd'hui une excellente image depuis notamment sa victoire aux 24 Heures du Mans, et qui, en plus, est considéré comme le maudit du plateau. Qu'aucun top team n'ait jamais fait appel à lui semble scandaliser les fans et donc, Renault ferait oeuvre de courage en le prenant. Grosjean-Hülkenberg, cela aurait de la gueule pour commencer. Il faudrait pour cela que Nico le veuille et notamment qu'il tire un trait sur son projet de conserver son titre au Mans avec Porsche. C'est tout sauf impossible, la décision de Hülk de rester chez Force India prouvant que son objectif n°1 demeure la F1. La présence probable de Frédéric Vasseur en tant que soit directeur sportif soit team manager de Renault pourrait permettre de convaincre Nico. Ensemble, chez ART, ils ont remporté les titres F3 et GP2. Encore, donc, une belle histoire à écrire.

Puiser chez Toro Rosso ?

Deuxième choix... Carlos Sainz Jr. L'Espagnol est l'une des surprises de la saison. Annoncé sur le papier comme de la chaire pour le canon Hollandais Verstappen, le fils du double champion du monde des rallyes fait mieux que de se défendre. Il va vite, très vite et est constant en course. Cela se voit moins dans le second exercice, le manque de fiabilité de sa monture et de son moteur l'handicapant fortement. En plus, Sainz a gagné deux des formules de promotion de Renault (la 2.0 et la 3.5), il est espagnol (nationalité qui rappelle Alonso et les deux titres de 2005 et 2006), il a du charisme et il a une bonne gueule, ce qui ne gâche rien ! Carlos sera bientôt à l'étroit dans la famille Red Bull, surtout que Max Verstappen est clairement le chouchou. Grosjean-Sainz Jr : c'est un peu notre choix de coeur et de raison.
Troisième choix... Max Verstappen. Si le Hollandais est vraiment la future star que les top team voudront s'arracher dès 2017, autant que Renault met le paquet maintenant sur lui. Ce pourrait un excellent coup, façon Alonso en 2002, quand l'Espagnol était encore dans le radar de Ferrari. Mais Verstappen est sans doute pieds et poings liés à Red Bull. Et pas sûr qu'il ait envie de tenter un coup de poker, en attendant les propositions de Ferrari, Red Bull et peut-être Mercedes.
Puiser chez Toro Rosso parait une des meilleures options de Renault. Le constructeur français les côtoyant depuis un an, la communication ne repartirait pas de zéro, et même si les performances moteur laissent à désirer en 2015, un pilote peut très bien se laisser tenter par une place chez un constructeur de premier plan.

Et en 2017 ?

En revanche, le marché des transferts va exploser pour 2017. C'est désormais acté avec plusieurs fins de contrat, dont Räikkönen et Rosberg. Renault a surtout le regard tourné vers cette échéance-là, pour vraiment lancer son projet. Justement, Nico Rosberg pourrait être un excellent choix pour Renault. Il est encore jeune, sort de sept saisons avec Mercedes où il a connu l'excellence des méthodes de travail, et voudra se relancer après avoir subi le joug d'Hamilton. Il est intelligent, bon metteur au point. Il ferait un bon choix. Idem pour Daniel Ricciardo, pilote rapide et très populaire, également lié à Renault dans les formules de promotion. Mais on n'en est pas encore là, Renault devant déjà se décider et réussir la future délicate année de transition. Rien ne lui sera épargné en cas de déception dès 2016.
Conclusion :
Si Grosjean/Pérez parait le plus probable pour cette saison 2016 de transition et de lancement, cette association ne nous convainc pas. Pas assez forte, sportivement et surtout symboliquement. Au contraire d'un duo 100% français Grosjean/Vergne ou Grosjean/Ocon, et aussi et surtout d'un Grosjean/Hülkenberg ou Grosjean/Sainz. A Renault maintenant de conclure son retour et de faire son annonce. On saura alors quelle histoire ils comptent nous raconter.

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