F1 - Pénalités: la FIA est-elle assez constante ?

La FIA a-t-elle été constante dans le respect des limites de la piste à Austin ? Retour sur la pénalité de Max Verstappen et les incidents du week-end.
La pénalité de Max Verstappen relance le débat sur la constance
de la FIA dans l'application des pénalités. A Austin, le
Néerlandais a doublé Kimi Räikkönen au virage 17 dans le dernier
tour. Après l'arrivée, il a perdu la troisième place au profit du
pilote Ferrari, en raison d'une pénalité de cinq secondes. Les
commissaires lui reprochaient d'être passé hors de la piste dans
son dépassement.
Verstappen a exprimé sa colère face à la décision des commissaires,
et il estime que cette décision nuit au spectacle en Formule 1.
Retour sur cet incident mais aussi sur les autres, non pénalisés,
qui ont suscité le débat depuis dimanche.
Ce que dit le règlement
Le règlement sportif définit précisément ce qui est interdit
: « Les pilotes doivent faire des efforts pour rester sur
la piste en permanence et ne pas quitter la piste sans raison
explicable, » indique l'article 27.3 du Règlement Sportif.
« Un pilote sera considéré comme hors de la piste si aucune
partie de la voiture ne reste en contact avec elle, et pour éviter
tous les doutes, les lignes blanches qui définissent les limites de
la piste sont considérées comme faisant partie de la piste mais les
vibreurs ne le sont pas. »
Cela signifie donc qu'un pilote reste dans la légalité sur les
roues touchent encore la ligne blanche. S'il passe sur un vibreur
large, mais avec les roues derrière la ligne, il est considéré
comme étant hors de la piste.
Dans les faits, une tolérance est laissée, notamment si le pilote a
fait une erreur ou s'il a dû passer hors de la piste pour éviter un
concurrent. C'est si le pilote ressort avec un avantage
quantifiable, comme une position gagnée ou des passages répétés qui
lui font gagner du temps, qu'une sanction devient possible. «
Si une voiture quitte la piste et que le pilote revient en piste,
il doit le faire d'une manière sûre et sans obtenir un avantage
qu'il conserve, » souligne le règlement.
Le plus souvent, il n'y a pas de pénalité, mais surtout une
position à rendre : « C'est à la discrétion absolue
du directeur de course de décider si un pilote doit abandonner
l'avantage obtenu en passant hors de la piste. »
Le cas Verstappen
Pour analyser un incident, deux critères sont donc à prendre en
compte. Le pilote a-t-il dépassé les lignes blanches qui
définissent la piste ? Et le pilote a-t-il obtenu un avantage
? Dans le cas de Max Verstappen, les images montrent qu'il a
dépassé les lignes blanches, même s'il est resté sur le vibreur, et
il a gagné une position. L'infraction est donc claire.
« Les commissaires ont analysé les preuves vidéo et conclu que
la voiture (de Verstappen) a bien quitté la piste, avec les quatre
roues clairement hors de la piste, d'au moins un demi-mètre, et il
a doublé la voiture (de Räikkönen) dans la manoeuvre, » ont
indiqué les commissaires dans leur décision. « Le pilote a
bien obtenu un avantage, qu'il a conservé. »
Le règlement précise que le directeur de course peut demander au
pilote de rendre la position. Mais puisque la manoeuvre de
Verstappen est survenue dans le dernier tour, il n'était plus
possible de faire cette demande. Les commissaires de course ont
donc décidé de pénaliser Verstappen de cinq secondes.
- Brawn approuve la pénalité de Verstappen
Les autres cas
Ce qui peut poser problème n'est pas tant la pénalité de Max
Verstappen, mais l'absence de sanction dans d'autres incidents
durant le week-end à Austin. Le Néerlandais a lui-même souligné que
« tout le monde est sorti large tout le week-end », sans
recevoir pénalité. Sur les réseaux sociaux, des supporters ont
fait remonter plusieurs séquences du Grand Prix des Etats-Unis.
Il faut distinguer les essais, ou l'avantage obtenu en sortant de
la piste ne donne aucun bénéfice concret, les qualifications, où le
temps gagné peut aider à être mieux placé, et la course, où
l'avantage obtenu est, dans la grande majorité des cas, un gain de
position. Certains avantages obtenus ne sont pas quantifiables
aussi clairement.
Concernant la course, deux images sont surtout mises en avant sur
les réseaux sociaux. Dans le deuxième tour, dans sa lutte face
à Daniel Ricciardo, Valtteri Bottas a résisté en passant hors de la
piste à la sortie du premier virage. La FIA a bien relevé
l'incident mais aucun pilote n'a été pénalisé. La fédération n'a
pas communiqué sur l'incident, mais la différence avec celui entre
Verstappen et Räikkönen est que le possible avantage concernait une
défense, celle de Bottas, et pas une attaque. Il n'y a pas eu de
changement de position, ce qui a probablement rendu la notion
d'avantage gagné plus difficile à quantifier pour les
commissaires.
L'autre image concerne, à tort, la lutte entre Carlos Sainz et
Sergio Pérez. Une capture d'écran montre Sainz à l'intérieur du
virage 14, en effet avec les quatre roues hors de la piste... mais
il ne s'agit pas de son dépassement sur Sergio Pérez. C'est
tentative, infructueuse, sur Esteban Ocon. Le pilote Renault n'a donc gagné
aucun avantage. Son dépassement sur Pérez est survenu 15 tours plus
tôt, au virage 19, et Sainz était sur la gauche de la piste, pas
sur la droite.
D'autres incidents montrent des pilotes dépasser les lignes de
la piste, mais sans gagner de place. Sans acte répété, qui aurait
gagner du temps au pilote à chaque tour, et sans position gagnée,
il ne peut pas y avoir de sanction.
Plusieurs images montrent aussi des pilotes dépasser les limites en
qualifications, notamment Lewis Hamilton au virage 19. Le temps
gagné est cependant difficilement quantifiable et comme pour
l'incident entre Ricciardo et Bottas, les commissaires ont
probablement eu du mal à être certains de l'infraction.
Sur certaines courses, notamment l'an dernier, la FIA a été très
sévères avec les passages hors piste sur certains virages, que les
pilotes tendent à élargir. Cette question a visiblement été moins
présente à Austin, mais le débat autour de la pénalité de
Verstappen pourrait pousser la fédération à définir un cadre plus
strict.
La question devrait être abordée lors du briefing des pilotes à
Mexico. Dans celui d'Austin, Verstappen a évoqué les lignes
blanches... mais uniquement pour signaler qu'elles étaient
glissantes.


