PODCAST - Andrea Kimi Antonelli : le prodige italien raconté par Gwen Lagrue (Mercedes)
Dans un entretien exclusif avec Sport Auto, Gwen Lagrue, le Responsable du programme de détection et de formation des jeunes pilotes de Mercedes-AMG, revient sur la découverte et l'ascension d'Andrea Kimi Antonelli du kart à la F1.
Sport Auto a eu le plaisir de rencontrer en exclusivité Gwen Lagrue. Depuis des années, ce Français fait partie de ces piliers du paddock F1 impliqués dans les carrières de nombreux pilotes, du Karting vers les sommets de la pyramide.
Gwen Lagrue, la force motrice du programme Junior de Mercedes F1
Après avoir géré le programme du Renault F1 Team, il est contacté en 2016 par Mercedes pour reprendre leur structure de détection des jeunes pilotes. Ce poste lui permet d'accompagner une nouvelle génération d'aspirants titulaires en F1, dont certains ont fait leur trou dans la discipline comme George Russell ou Esteban Ocon.
Très actif sur tous les terrains, ce grand passionné de Karting gère au quotidien la progression d'une sélection de pilotes triés sur le volet, dont la Française Doriane Pin, le Jamaïcain Alex Powell ou l'Espagnole Luna Fluxá. Mais de tous les espoirs signés par Mercedes-AMG, Kimi Antonelli sort du lot.
"Kimi a pris part à cinq championnats de monoplace en deux ans et demi, et les a gagnés tous les cinq. Cela fait bien longtemps qu'on considère qu'on a affaire à un candidat hors norme. Et qui dit candidat hors norme, dit programme hors norme", nous explique Gwen Lagrue dans le paddock de Spa-Francorchamps.
[La pression médiatique] fait partie du jeu", ajoute-t-il. "Quand vous gagnez depuis le Karting, vous êtes toujours envié, jalousé, plus exposé, etc. Il y est habitué depuis tout petit mais on l'aide à faire un peu le tri avec tout ça."
Ecoutez la suite de notre interview dans le nouveau podcast de Sport Auto, disponible ci-dessous. Si vous appréciez notre série de podcasts Inside Racing : l’essence de la vitesse, découvrez l'intégralité des épisodes à cet onglet mais aussi sur les plateformes d’écoute Spotify et Deezer, en accès gratuit.
Andrea Kimi Antonelli : un espoir pas comme les autres
Pour votre humble serviteur, Andrea "Kimi" Antonelli n'a rien d'un inconnu. Voici en effet bien longtemps que son nom est inscrit en lettres majuscules dans mon calepin des promesses à suivre vers le sommet de la pyramide du sport auto.
Quand je ne prends pas la plume dans ces colonnes, je couvre en effet le vaste monde du Karting où j'ai le plaisir de commenter bon nombre d'épreuves internationales comme les championnats d'Europe et du monde FIA Karting.
C'est ainsi que ma route a croisé celle d'Antonelli dès 2019. A l'époque, ce jeune Italien au look de "Senninha" (du nom du personnage de BD inspiré d'Ayrton Senna) est déjà précédé d'une jolie réputation bâtie au niveau local.
Fils de Marco Antonelli, pilote en GT et fondateur d'une écurie portant son nom (AKM Motorsport), "Kimi" a la course dans le sang et un sacré coup de volant dans les catégories Mini.
Ses premiers résultats probants remontent à 2015, d'abord en Easykart, le premier échelon du kart transalpin, puis en Mini 60. Sous les couleurs du team familial puis de la réputée formation Energy Corse, le natif de Bologne rafle courses et championnats, nationaux comme en WSK (World Series of Karting), au point de taper dans l'oeil de Gwen Lagrue, le responsable du programme junior de Mercedes-AMG qui le signe en 2018.
La saison suivante, il monte en OK-Junior sous l'égide de Dino Chiesa, le fondateur de l'usine Kart Republic, l'une des références mondiales, et véritable "gourou" formateur de pilotes depuis des décennies, dont Nico Rosberg et Lewis Hamilton au début des années 2000 sous la bannière MBM (Mercedes-Benz-McLaren).
A partir de 2019, Chiesa aligne Kimi sous les couleurs d'un de ses nouveaux teams satellites, la Rosberg Racing Academy, justement fondée pas son ancien protégé. Au volant du châssis KR avec le logo à l'étoile sur sa combinaison, Antonelli prend une autre dimension en tant que "Junior Mercedes-AMG F1". En piste, il rafle presque tout sur son passage dans les compétitions WSK et termine vice-champion d'Europe FIA Karting.
En 2020, une saison tronquée par le Covid-19, il fait main basse sur le sacre européen en OK-Senior et se distingue partout où il roule avant d'être victime, en fin d'année, d'un effrayant crash au Mondial de Portimao qui lui brise la jambe.
Après un hiver de convalescence, Antonelli revient plus déterminé que jamais en 2021. Pour ce qui est, déjà, sa dernière campagne en Karting, il double la mise en Championnat d'Europe OK et goûte à la classe ultime, le KZ à boite de vitesses.
Son aventure en monoplace débute par la F4 italienne dont il dispute les trois derniers week-end de 2021 avec... quatre victoires "rookie" en neuf tentatives ! Durant l'hiver, il parfait sa préparation dans les Emirats Arabes Unis où il signe cinq podiums et deux victoires en huit courses.
De quoi augurer d'une saison 2022 folle pour Antonelli qui remporte non-pas un mais deux titres F4 en Italie et en Allemagne. Sous les couleurs de Prema, il affole les statistiques à domicile avec 14 poles, 14 meilleurs tours, 15 podiums, dont 13 succès, en 20 courses. Outre-Rhin ? 7 poles, 8 meilleurs tours, 12 podiums pour 9 succès en 15 manches !
Et comme pour mieux marquer l'année de son empreinte, il conclut par une victoire dans la deuxième édition des FIA Motorsport Games au Paul Ricard, certes face à plus faible opposition ... mais un poignet dans le plâtre !
Pressenti en F3 pour 2023, Kimi et son entourage chez Mercedes-AMG F1 optent plutôt pour la très relevée Formule Régionale (FRECA), histoire de ne pas brûler les étapes. Un pari qui débute sur les chapeaux de roue dès l'hiver au Moyen-Orient où 7 podiums et 3 victoires en 15 courses lui offrent un nouveau sacre.
La saison européenne est du même tonneau et se conclut avec 11 podiums et 5 succès pour une quatrième couronne en monoplace en à peine deux saisons sur deux échelons différents. Et a-t-on omis les deux piges au volant d'une Mercedes-AMG SLS dans le championnat GT3 Sprint italien ? Avec, là aussi, une victoire à la clé.
Fin d'année dernière, il est annoncé qu'Antonelli saute la F3 pour la F2, toujours couvé par Prema. Au volant d'une nouvelle génération de monoplaces, les débuts sont plus laborieux que prévu, l'écurie italienne pêchant aussi sur le plan de la compétitivité. Ce qui n'empêche pas le "rookie" de se distinguer en devançant son équipier Oliver Bearman en qualifications avec un premier point à la clé dès l'entame à Bahreïn.
Durant la suite de la première partie de saison, Kimi monte en puissance, progresse contre le chrono et cumule les arrivées dans les points jusqu'à ouvrir son compteur de victoires en arrachant deux succès, dont un sur le mouillé, à Silverstone puis Budapest. Avant la reprise de la campagne, il occupe provisoirement le septième rang du classement général avec 87 points, soit plus du double de Bearman (34), d'ores et déjà promu titulaire en F1 chez Haas.