BMW M5 (2004-2010) : que vaut-elle sur le marché de l'occasion ?
Parmi les BMW sportives, la sacro-sainte M3 n’est pas la seule à compter ! La M5 a aussi toute sa place auprès des passionnés, et peut-être plus encore pour cette génération E60, la seule à avoir reçu un fantastique V10 dérivé d’une… Formule 1 !
Depuis la M1, le département sportif de BMW a pris de plus en plus de place dans la gamme, pour le plus grand bonheur des amateurs de sensations fortes. Si son best-seller reste la M3, la BMW M5 ne démérite pas non plus.
BMW M5 (2004-2010) : un V10 dérivé d'une Formule 1
Née avec le fameux 6 cylindres en ligne maison, la
M5 a ensuite succombé au V8
(E39), puis à cet improbable V10 avec cette 4ème
génération apparue en 2004 (E60). Passons
rapidement sur le design clivant signé Chris
Bangle. Disons que le styliste s’en est beaucoup
mieux sorti avec cette Série 5 qu’avec la
Série 7. Choisir cette M5, c’est d’abord opter
pour un moteur unique dans l’histoire du
constructeur. Ce V10 5.0
atmosphérique développe 507 ch à 7 750 tr/mn. Il dispose
d’un bloc (S85) tout en alliage et d’un concentré
de haute technologie intégrant le double
Vanos cher à BMW (calage et temps
d’ouverture des soupapes variables), des pistons en
aluminium, 10 boîtiers papillon
(un par cylindre) et 2 pompes à huile. Le tout se lie à une boîte
séquentielle robotisée
mono-embrayage à 7 rapports baptisée « SMG III
».
Cette coquetterie technique encore rare en
2005, année de sa sortie
commerciale, est accompagnée d’autres
raffinements, comme l’autobloquant M
Variable, la gestion Drivelogic de la
nouvelle boîte et la suspension variable EDC. Ces
dispositifs ne sont pas toujours opérationnels,
notamment sur des modèles d’occasion au suivi
parfois trouble. Mieux vaut donc être vigilant
avant de craquer pour cette belle bavaroise. Par
ailleurs, si la berline est plus répandue, elle a
été déclinée en break Touring (E61) à partir du
restylage effectué en 2007, variante rare produite
à 1 025 exemplaires, contre 20 548 berlines.
Carrosserie et structure
Cette M5 reprend la coque en acier des E60 avec des ailes subtilement bombées, indispensables pour les voies élargies qui accueillent les roues de 19 pouces, à carrossage légèrement négatif. Bien sûr, par rapport à une Série 5 classique, elle reçoit des boucliers spécifiques ainsi que 4 sorties d’échappement bien visibles à l’arrière. Pour réduire sa masse, cette M5 bénéficie de nombreuses pièces en aluminium, au niveau des soubassements, des trains roulants et des ouvrants. Des éléments qui nécessitent un passage auprès d’un spécialiste pour effectuer d’éventuelles réparations. D’origine, cette M5 présente un bon niveau d’ajustage et de peinture et semble pour l’instant à l’abri de la corrosion. Seul bémol : les phares bixénon en polycarbonate ont tendance à s’opacifier avec le temps. S’ils peuvent se repolir à moindres frais, leur remplacement coûte 1 617 € pièce !
Transmission
En Europe, la BMW M5 impose une boîte
robotisée à simple embrayage de type SMG
III. Les chanceux Américains se sont vu
proposer la
boîte manuelle. La transmission robotisée a
mal supporté les spectaculaires progrès
techniques accomplis depuis dans ce
domaine. Elle s’avère parfois
brutale dans le changement des
rapports, et sa gestion manque de
fluidité et de logique. Dès lors,
mieux vaut l’utiliser en mode manuel pour passer
les vitesses à bon escient. Si cette
transmission est bruyante, surtout à haute
vitesse, méfiance ! À l’usage, la pompe
hydraulique peut faire des
siennes.
Il faudra aussi songer à
remplacer l’embrayage à l’approche des 100
000 km, celui-ci étant facturé 1 260 €…
sans la coûteuse main-d’œuvre, dont le prix varie
du simple au double selon que vous alliez chez un
indépendant ou chez BMW. Comptez
au minimum 3 000 € tout compris, avec le volant
moteur. À noter qu’à partir du
restylage de 2007, cette
transmission a été améliorée par BMW et se montre plus
agréable et plus fiable.
Intérieur
Cette génération de Série 5 a marqué un net
recul sur le plan de la finition par rapport à la
génération E39, avec des
plastiques de qualité médiocre.
La BMW M5, version haut de gamme parvient pourtant
à faire bonne impression grâce à la présence de
placages en aluminium, d’un volant « sport » gainé
de cuir et de superbes sièges
aussi en cuir, confortables et
enveloppants. La dotation de
série est riche avec des sièges
électriques, un affichage tête haute et une
climatisation bizone. Vérifiez le bon
fonctionnement de ces équipements avant
d’acheter. L’électronique
embarquée, importante, peut parfois faire l'objet
de dysfonctionnements, notamment le système
iDrive, qui peut réclamer des
reprogrammations en atelier.
Nous vous conseillons de ne pas laisser l’auto
immobilisée trop longtemps pour ne pas
décharger la batterie. À partir du
restylage de 2007, la finition est plus
rigoureuse, et la voiture
bénéficie d’un système multimédia
iDrive à disque dur et de prises USB pratiques à
l’usage. Notez qu’un pack Driver optionnel
rehaussant la vitesse maxi de 250 à 305 km/h
apparaissait au catalogue d'options.
Moteur
Entièrement construit en alliage léger, ce
bloc qui tourne à des régimes
très élevés (jusqu’à 8 200 tr/mn !) réclame un
entretien pointu et régulier. En cas de
négligence, ça casse ! Côté
distribution, malgré la présence
de deux chaînes (une par banc de cylindre), il n’y a pas de soucis.
Tant mieux, car chaque chaîne coûte 2 100 €… sans
la main‑d’œuvre. En revanche, le système
double Vanos peut connaître des
ennuis au niveau des tuyaux
d’alimentation d’huile et de la
pompe. Son remplacement coûte
3 000 € environ. À l’usage, les volets des
papillons des électrovannes
peuvent se gripper, et la pompe à essence peut se
montrer défaillante. À partir de 80 000
km, si l’auto a été maltraitée (temps de
chauffe insuffisants et/ou fortes sollicitations répétées), il est
conseillé de changer les 10
coussinets de bielle (3 000 € à peu près).
Bien entretenu, l’ensemble peut tenir plus de
200 000 km. Quant à l’entretien
courant, quoique BMW préconise une
maintenance tous les deux ans dans la limite de
30 000 km, il vaut mieux vidanger
tous les 10 000 km. Une révision standard coûte
963 €. La grosse révision, une fois sur deux,
coûte 1 383 € avec le remplacement des
filtres et des bougies.
Trains roulants
Avec un poids important donné à 1 830
kg à vide (soit près de 2 t avec les pleins et une
personne à bord), cette BMW
M5 fait souffrir les éléments d’usure
classique en conduite rapide. D’abord les
freins en acier percés et
ventilés, qui manquaient
d’endurance même neufs et qui ont
tendance à se voiler. Comptez 1 047 € pour une
paire à l’avant et 935 € pour
l’arrière, sans main‑d’œuvre. Les
trains roulants, en alliage léger
majoritairement, sont également spécifiques, donc
chers, un jeu d’amortisseurs pilotés coûtant 2 637
€ à l’avant, tandis que l’arrière vous coûtera
1 928 €, là encore sans la
main-d’œuvre.
Par ailleurs, les jantes de 19 pouces sont
très exposées, et les pneus peuvent vite
partir en fumée (2 200 €
les quatre). Prévoyez aussi de remplacer les
silentblocs, tirants de chasse et
articulations rigides à l’approche des
100 000 km, ainsi qu’une
géométrie complète (2 500 €
environ).
Le choix du spécialiste
« Cette M5 E60 est fiable à condition de respecter les temps de chauffe et de lui prodiguer un entretien suivi. Les soucis rencontrés sur la phase 1 sont connus. Ils affectent surtout le Vanos ou la pompe hydraulique de la boîte. Visez un exemplaire à l’historique limpide, avec un entretien à jour, doté de pneus et de freins en bon état puisque ces éléments d’usure classique sont chers à remplacer. À l’approche des 100 000 km, il faut parfois changer les coussinets de bielle. Mon conseil, avant d’acheter, est d’effectuer un diagnostic dans un centre BMW pour jauger l’état de l’embrayage. » Jean-Claude Basso de BM 92 (01.47.90.28.30)
Quels sont les coûts d’entretien et d’assurance ?
La BMW M5 E60 est une auto exigeante en entretien, et cela se ressent sur les coûts. Attention, le prix de la main-d’œuvre peut varier du simple au double entre un spécialiste indépendant et le réseau officiel (plus de 220 € de l’heure à Paris !). Misez sur 2 500 € environ pour parcourir 10 000 km, sans compter les imprévus.

Quels sont les tarifs en occasion ?
S’il est possible de dénicher des BMW M5 à moteur V10 dès 20 000 €, il s’agit de modèles dépassant les 200 000 km, à l’historique parfois douteux. Pour acquérir un exemplaire de 100 000 km environ en parfait état, prévoyez plutôt 40 000 €, et même 50 000 € pour une phase 2 d’à peu près 50 000 km. À noter qu’un break Touring E61 réclame un surcoût de 5 000 €.
Le choix de Sport Auto
Optez pour une phase 2, à la dotation enrichie et à la finition plus minutieuse. Elle est réputée plus fiable à l'usage car les erreurs de jeunesse ont été en partie réglées. Une phase 1 peut s’envisager si elle possède un historique limpide et qu’elle a toujours été suivie avec rigueur… à grands frais !


