F1 - Mercedes n'a pas pu faire plier Leclerc

Mercedes a utilisé deux stratégies différentes pour essayer de prendre l'avantage sur Charles Leclerc au Grand Prix d'Italie.
Charles Leclerc s'est imposé en contenant Lewis Hamilton puis
Valtteri Bottas à Monza. Comme à Spa, Mercedes a usé de la stratégie pour
mettre la pression sur le pilote Ferrari, sans réussir à prendre
l'avantage. L'équipe a tenté deux approches, un undercut avec Lewis
Hamilton, un arrêt aux stands avant le leader pour bénéficier des
pneus neufs, et un overcut avec Valtteri Bottas, un passage aux
stands retardé pour qu'il remonte en fin de course, avec des gommes
en meilleur état.
« Avant la course, nous avons vu que notre meilleure chance de
battre Ferrari était de faire un relais un peu plus court avec une
voiture et (un relais) un plus long avec une autre, pour que
Ferrari ne puisse peut-être pas couvrir toutes les
possibilités, » explique James Vowles, le responsable des
stratégies de Mercedes, dans une vidéo publiée par l'équipe.
Pour que cette stratégie puisse fonctionner, Mercedes devait
s'assurer que Sebastian Vettel soit éliminé de la lutte. Les
pilotes de l'équipe sont parti devant l'Allemand, piégé en qualifications, mais ils devaient
rester devant lui en course. « La difficulté était
Vettel, » confirme Vowles. « Tant qu'il était là, nous
pouvions perdre une position à son profit et Ferrari pouvait
exploiter sa présence pour faire un relais très long. Mais quand il
a fait son tête-à-queue, cela a ouvert les opportunités et nous
avons mis le plan à l'oeuvre. »
« Avec Lewis, nous avons saisi la première opportunité de
faire un undercut, quand Sainz est sorti de la fenêtre de l'arrêt
(grâce à une avance suffisante de Hamilton sur l'Espagnol). Avec
Valtteri, nous savions qu'il fallait aller plus loin, prendre les
pneus médiums et attaquer en fin de course, quand les pneus de
Leclerc seraient à leur moins bon niveau. »
Le plan a fonctionné... mais pas suffisamment
Mercedes n'a pas réussi à passer devant Charles Leclerc durant
l'arrêt, mais la stratégie a quand même porté ses fruits. Lewis
Hamilton est revenu à son contact et Valtteri Bottas s'est fait
menaçant en fin d'épreuve, aidé par les attaques de son équipier
sur le pilote Ferrari au début du relais. « Le plan a
fonctionné, » estime Vowles.
Hamilton a failli prendre l'avantage dans les stands : « Lewis
a fait un tour de sortie des stands exceptionnel, il a fait tout
son possible, il a utilisé les modes du moteur comme il le fallait,
» explique Vowles. « Leclerc a pu s'arrêter un tour après
et il est reparti 0,6sec devant lui. C'est tout ce qui nous a
manqué. Il aurait suffi d'une petite erreur de Ferrari à l'arrêt.
Nous nous sommes rapprochés, mais nous n'étions pas suffisamment
proches pour réussir l'undercut.
Hamilton a dû faire un deuxième arrêt en raison de la dégradation
de ses pneus, ce qui lui a aussi permis de réaliser le meilleur
tour. Bottas a pris le relais pour attaquer Leclerc : « Il
était très, très rapide en fin de course et Lewis a fait tout son
possible mais il n'a pas pu prendre l'avantage, » déplore
Vowles. « Leclerc a endommagé ses pneus pour se défendre.
Mais nous n'y sommes pas parvenus. Valtteri a tout donné, il s'est
rapproché à deux reprises mais à chaque fois, pas suffisamment pour
réussir le dépassement, malgré la grosse différence dans l'usure et
les composés de pneus (puisque Leclerc était en gommes
dures). »
Hamilton aurait pu assurer la deuxième place s'il n'avait pas
attaqué dans son deuxième relais, mais Mercedes pense qu'il
fallait jouer la victoire : « Il n'y a pas vraiment une
stratégie qui fonctionne mieux que l'autre, » estime Vowles.
« Lewis aurait pu plus gérer ses pneus et attaquer moins, et
il aurait vu l'arrivée et conservé sa deuxième place. Il a fait ce
qu'il fallait. Nous nous battons pour la victoire, mais il a
endommagé ses pneus en le faisant, il n'a pas pu doubler (Leclerc)
et cela a compromis le résultat. »
Leclerc a su résister
Si le dépassement a été impossible, c'est aussi parce que
Charles Leclerc a su contrer les attaques de Lewis Hamilton puis
contenir Valtteri Bottas.
« Quand Valtteri est revenu sur Leclerc, Leclerc était déjà
habitué à notre voiture, » explique Vowles. « Il savait
dans quels domaines nous étions bons et ceux dans lesquels nous
étions en difficulté. Il s'est défendu pendant 20 ou 30 tours face
à Lewis. Donc quand Valtteri est revenu, non seulement ses pneus
s'étaient un peu dégradés, mais en plus, Leclerc savait exactement
où et comment se défendre. »
Les deux pilotes Mercedes ont utilisé les modes les plus agressifs
sur leur moteur mais cela ne suffisait pas à faire une différence
avec Ferrari en ligne droite : « Les problèmes que Lewis avait
étaient toujours là. Nous n'avons pas vraiment assez rapides en
ligne droite, avec tous les modes sur le moteur, pour qu'un
dépassement possible. »
« Mais surtout, nous avions un Leclerc expérimenté à ce stade,
qui savait comment se défendre. »
Des choix de pneus différents
Mercedes a fait des choix stratégiques différents de ceux de
Ferrari avec Charles Leclerc. Dans le premier relais, les trois
leaders avaient les pneus tendres. Pour le deuxième, Leclerc a
basculé sur les durs mais Mercedes a opté pour les médiums, plus
performants mais moins endurants, pour chacun de ses pilotes.
L'équipe allemande manquait d'informations sur les pneus durs et
elle n'a pas voulu prendre le risque d'utiliser les durs.
« Les essais libres ont été très perturbés le vendredi à
Monza, » rappelle James Vowles. « Nous avons eu quatre
drapeaux rouges et de la pluie durant toute la séance. Les longs
relais que nous faisons habituellement à la fin de la deuxième
séance ont été perturbés par la bruine et ils n'étaient pas
représentatifs des conditions de course, avec une température plus
élevée et une piste sèche. Personne n'a roulé avec les durs et leur
première apparition a été en course, quand Vettel s'est arrêté
après son problème en début de course, et qu'il se battait pour
remonter. (Ces pneus) avaient l'air d'être endurants mais un peu
lents, c'était une bonne idée pour s'arrêter très tôt et voir
l'arrivée, mais pas forcément les bons pneus pour une course à un
arrêt, ce que nous avions prévu, comme Ferrari. »
« En approchant de l'arrêt, nous avons vu une opportunité
quand Sainz est sorti de notre fenêtre d'arrêt. C'était un
undercut, nous étions à environ 1,5sec de Leclerc à ce moment là et
prendre les pneus durs aurait vraiment nui à l'undercut. Si on fait
un undercut, il faut prendre les pneus les plus tendres possibles
et il s'agissait des médiums. C'était la meilleure chaîne de faire
fonctionner l'undercut. »
« Lewis était en pneus médiums à température, face à Leclerc
en pneus durs, qu'il devait faire monter en température, et c'était
l'une de nos meilleures opportunités. Les deux Renault étaient
devant et c'était difficile parce qu'elles allaient donner
l'aspiration à Leclerc ou le gêner. C'était une course
intéressante, mais nous n'avons pas pu bien profiter de la
situation, même si Lewis a essayé. »


