F1 - Comment Mercedes a piégé Vettel en Q3

Un bon premier relais et le chaos de la fin de séance a permis à Mercedes de tirer son épingle du jeu en qualifications à Monza.
La fin de la Q3 a été atypique à Monza. Les pilotes ne voulaient
pas donner l'aspiration à des rivaux et ils ont finalement trop attendu pour faire un tour. Les messages radio montrent les équipes avaient
conscience du risque. Chez Mercedes, ce risque était assumé. James
Vowles estime que l'effet de l'aspiration est si importante qu'il
fallait à tout prix être dans le sillage d'un rival.
« Les qualifications ont été chaotiques à Monza, »
reconnaît le responsable des stratégies de Mercedes dans une vidéo
publiée par l'équipe. « Toutes les voitures, sauf une, celle
de (Carlos) Sainz, ont manqué le drapeau à damier et ce n'était que
pour quelques millièmes. »
« A Monza, il faut à tout prix réduire la trainée
aérodynamique sur la voiture. Vous avez pu voir que nous roulions
avec un aileron arrière très petit et la conséquence est que l'on
veut aussi une voiture devant, pour prendre l'aspiration. Cela
casse le flux aérodynamique et cela permet de réduire la traînée.
Plus on est à l'arrière du groupe, mieux c'est, dans une certaine
mesure. Et (l'effet) est puissant, cela vaut plusieurs positions
sur la grille. »
« Donc si on joue bien la situation, on peut être en pole. Si
on la joue mal, on est quatrième ou cinquième, en ce qui concerne
Ferrari et nous. Vettel était seul dans le premier relais, il
donnait l'aspiration aux autres voitures et vous en avez vu la
conséquence. Il a pris la quatrième place. »
Mercedes a piégé Vettel une première fois
Charles Leclerc, l'autre pilote de la Scuderia, était en tête
après le premier relais, devant Lewis Hamilton et Valtteri Bottas.
Ce résultat était bon pour Mercedes, dominée par Ferrari depuis le
début du week-end. L'équipe a su profiter de l'aspiration dès le
premier relais. Ses pilotes sont sortis des stands parmi les
premiers... mais ils se sont arrêtés au bout de la voie des stands
pour une simulation de départ. Le seul but était de placer Lewis
Hamilton et Valtteri Bottas derrière leurs rivaux.
« En Q3, dans le premier relais, nous avons décidé de faire
une (simulation de) départ, une technique qui nous avait réussie à
Bakou, » rappelle Vowles. « Les équipes n'ont pas le
temps de réagir à ce que vous faites par radio, et c'est pour cela
que normalement, leurs pilotes vous doublent avant de pouvoir
réagir, et c'est ce qu'il s'est passé. »
« Ferrari est sortie des stands juste derrière nous, ils ont
manqué l'opportunité et pris la piste, et Vettel a dû faire le
relais seul. »
Les équipes étaient toutes dans la même situation
La situation était différente pour le deuxième relais. Les
pilotes sont revenus aux stands durant le drapeau rouge provoqué
par Kimi Räikkönen et quand le drapeau vert a été déployé, les
équipes leur ont demandé d'attendre. Mercedes savait qu'il n'était
pas possible d'utiliser la même tactique que dans le premier relais
mais l'équipe pouvait se permettre de prendre un risque, puisqu'un
statu quo au classement jouait en sa faveur.
« Nous savions que ce serait difficile, surtout après le
drapeau rouge, » précise Vowles. « Toutes les équipes
étudiaient le moment pour prendre la piste et faire un temps, tant
qu'un tour de sortie des stands était faisable. »
Aucun pilote n'a voulu donner l'aspiration aux autres, ce qui a
mené au chaos de la fin de la séance : « Les pilotes se sont
gênés pour avoir une place, Hülkenberg et d'autres pilotes sont
passés dans le dégagement pour changer de position, et cela n'a pas
fonctionné. Chaque pilote a contenu les autres et c'était très,
très difficile. »
« Nous savions qu'il y avait le risque de ne pas (...) avoir
de tour. Mais nous ne voulions pas non plus être les premiers en
piste parce que nous savions que dans ce cas, cela serait au
bénéfice des autres, et nous étions bien placés. Au final, les
voitures se sont tellement ralenties que cela ne pouvait plus être
rattrapé et c'était trop tard. »


