F1 - Pourquoi Hamilton s'est-il arrêté si tôt ?

Lewis Hamilton a changé de pneus très tôt au Grand Prix d'Abou Dhabi. Mercedes explique pourquoi il a eu une stratégie aussi décalée.
Lewis Hamilton a remporté la dernière course de la saison à Yas Marina. L'Anglais n'a jamais été réellement menacé pour la première place, mais il ne l'a pas occupée pendant un long moment. Il a changé de pneus très tôt, dès le septième tour, pendant que la voiture de sécurité virtuelle était déployée, et il n'a repris la tête que quand Daniel Ricciardo a fait son arrêt, au 33ème tour.
Hamilton a été le seul des leaders à faire son changement de pneus à ce moment là. Un arrêt sous VSC ou sous régime de voiture de sécurité est plus efficace qu'à un autre moment, puisque les autres pilotes sont au ralenti sur la piste, mais il y avait le risque de devoir faire un relais très long avec les pneus. Mercedes a dû se décider rapidement.
« On ne choisit pas quand la voiture de sécurité virtuelle est déployée mais quand c'est le cas, il faut vite décider si on peut s'arrêter ou pas, » explique James Allison, le directeur technique de Mercedes, dans une vidéo publiée par l'équipe. « La voiture de sécurité virtuelle ouvre une opportunité parce que l'arrêt est beaucoup plus rapide qu'un arrêt normal, d'environ 10 secondes. »
« Donc, si on le fait au bon moment et qu'un rival ne le fait pas, cela fait gagner une dizaine de secondes en piste. Nous avons saisi cette opportunité avec Lewis et nous en avons profité. Le compromis était évidemment que nous devions faire un relais long avec les pneus, un élément très bien géré par Lewis, et il n'a jamais été menacé pour la première place. »
Hamilton a très bien géré ses pneus
Lewis Hamilton a alors débuté une course de gestion. Il a réussi à préserver ses pneus jusqu'à l'arrivée, tout en gardant un bon rythme.
« C'était assez impressionnant, » estime Allison. « Presque une heure et demie avec un train de pneus. C'est un pilote très doux, qui peut être très rapide sans trop malmener les pneus. Si on fait glisser les pneus, qu'on a le pied trop lourd, qu'on freine trop tard, qu'on tourne trop violemment, cela endommage (les pneus). A chaque fois qu'on les endommage, ils perdent en performance, et cela ne revient pas. Donc Lewis a été vraiment, vraiment doux. »
Le temps gagné sous régime de voiture de sécurité virtuelle permettait à Hamilton de ne pas rouler au maximum de ses possibilités. Il a aussi volontairement limité son rythme pour garder le potentiel de ses pneus en fin d'épreuve : « Il savait qu'il devait économiser ces performances pour en profiter plus tard en course, quand il serait menacé par des voitures avec des pneus plus frais, » souligne Allison.
La stratégie n'aurait pas marché pour Bottas
Mercedes n'a adopté cette stratégique que pour Lewis Hamilton. Pourquoi Valtteri Bottas n'en a pas profité ? Les facteurs sont multiples, mais ils sont surtout liés à leurs positions au moment où la voiture de sécurité virtuelle a été déployée.
« Cela avait du sens d'arrêter Lewis pendant la voiture de sécurité virtuelle, parce qu'il menait et que nous pouvions garantir qu'il repartirait à une bonne position, » explique Allison. « Pour Valtteri, alors trois secondes derrière Lewis, la situation était différente. Il aurait attendu quelques secondes derrière Lewis, en attendant son tour, et durant ces quelques secondes, toutes les voitures, encore regroupées en début de course, seraient passées. Au lieu de repartir dans une position très favorable, comme Lewis, il aurait dû remonter en doublant des voitures plus lentes, et cette stratégie ne lui aurait pas donné le même avantage qu'à Lewis. »
Mercedes a aussi voulu éviter de mettre tous ses oeufs dans le même panier : « Nous avons été agressifs avec Lewis, il fallait que nos calculs sur ce que les pneus pouvaient faire soient très précis, et il y toujours une incertitude à ce sujet, » reconnaît l'Anglais. « Donc avec une voiture sur une stratégie agressive et l'autre sur une stratégie défensive, nous savions que nous avions nos chances à deux niveaux. »
Bottas a finalement dû faire un deuxième arrêt, à cause d'un plat sur un pneu. Il avait chuté jusqu'au cinquième rang et il n'était pas menacé par les pilotes derrière lui. Bottas a évoqué des soucis de freins par radio, mais Mercedes n'a constaté aucun dégât.
Concernant le blocage de roue, Allison pense que l'évolution des conditions, avec l'arrivée du vent et d'une fine pluie, a provoqué l'erreur de Bottas : « Au moment de son blocage de roue, il y avait des rafales de vent à 40km/h, » souligne-t-il. « Et il en a payé le prix. Les voitures sont très sensibles à l'aérodynamiques et le vent peut facilement les perturber, et il a eu de la malchance, en freinant à la limite, en étant touché par une rafale violente, ce qui a provoqué le blocage. »
« Une fois qu'on a eu un blocage, on peut facilement en avoir un deuxième parce que le pneu à tendance à se bloquer au même endroit. »