F1 - Pourquoi Hamilton a eu autant de blistering

Lewis Hamilton a souffert du blistering parce qu'il devait attaquer après le mauvais choix de Mercedes à Spielberg. L'équipe décrypte son erreur stratégique.
De nombreux pilotes ont eu du blistering au Red Bull Ring. Ces cloques
apparaissent sur le pneu quand les températures sont élevées, et
plus facilement sur les pneus les plus durs, les pneus tendres
(jaunes) en Autriche, puisqu'ils gardent plus de gomme, et donc
plus de chaleur. Le Red Bull Ring est également très propice
au blistering : « Il y a des enchaînements de virages très, très
rapides dans la dernière partie du tour, qui font chauffer les
pneus, » explique James Allison, le directeur technique de
Mercedes, dans une vidéo publiée par l'équipe.
Tous les pilotes en pneus tendres n'ont pas subi le blistering dans
la même ampleur. Le pilotage joue beaucoup : « Cela
dépend vraiment de la gestion de la voiture, » confirme
Allison. « Si on compare le rythme des qualifications, environ
en 1'03, et celui de la course, autour des 1'09 dans les premiers
tours, la différence entre ces deux chiffres ne vient pas que du
carburant en plus, il peut en grande partie s'expliquer par la
gestion des pneus par les pilotes. Ils s'assurent de ne pas
leur en demander trop. »
« A chaque tour, la voiture pourrait rouler plus vite,
beaucoup plus vite. Mais ils en paieraient le prix parce que le
pneu surchaufferait, du blistering apparaîtrait et cela aurait des
conséquences sur toute la course. Donc les pilotes roulent en
dessous de la limite de ce que la voiture et de ce que les pneus
leur permettent à chaque tour, pour les faire durer tout un
relais. »
Lewis Hamilton a été plus touché que les autres pilotes. Pour
quelle raison ? Il n'a pas eu de problèmes dans le premier
relais, en super-tendres et tout a changé dans le second relais. Il
a été le seul pilote de tête à ne pas faire un arrêt aux stands
quand la voiture de sécurité virtuelle (VSC) était déployée. Quand
il s'est arrêté à son tour, les autres pilotes étaient à pleine
vitesse sur le circuit et il n'est reparti que quatrième. Il devait
attaquer, ce qui a contribué à l'apparition du blistering.
« Nous avons essayé de relancer notre course, » indique
Allison. « Dans le premier relais, nous n'avions absolument
aucun souci avec les pneus parce que nous pouvions être plus
rapides que les autres en contrôlant, alors qu'après il fallait
revenir, nous voulions exploiter le potentiel de la voiture pour
gagner des places. Cela pousse les pneus à la limite, et c'est là
que le blistering apparaît. »
« Même ma mère saurait ce qu'il fallait faire avec le recul »
Lewis Hamilton a été le seul leader à ne pas changer de pneus
durant l'intervention de la VSC. L'erreur est vite devenue évidente
mais James Allison rappelle que les décisions stratégiques sont
difficiles à prendre dans le feu de l'action.
« La stratégie est un domaine très étrange, avec le recul, ce
qu'il fallait faire devient très évident, même ma mère pourrait
dire ce qu'il fallait faire avec le recul que nous avons tous après
coup, » explique Allison. « Mais sur le moment, le
stratège est confronté à un dilemme et celui qui est en tête est
toujours celui qui est confronté au plus gros dilemme, parce qu'il
est celui qui a le plus à perdre. On ne veut pas être les
seuls a s'arrêter puis voir que les autres ne sont sont pas
arrêtés, et être coincé entre eux. »
« Nous pensions que la VSC durerait plus d'un tour, nous
voulions voir si ceux derrière nous allaient s'arrêter ou pas, pour
prendre une décision au deuxième tour. Elle n'a pas duré plus d'un
tour, tout s'est fait en un tour, tous ceux derrière nous se sont
arrêtés, nous avons perdu gros parce qu'ils ont eu un arrêt avec
peu de conséquences, et nous avons eu un arrêt avec de grosses
conséquences. »
« C'était une grosse erreur et nous en aurions payé le prix si
nous n'avions pas abandonné. »
Vowles a très vite présenté ses excuses à Hamilton
Très rapidement, James Vowles, le responsable des stratégies de
Mercedes, a pris la responsabilité de son erreur. Chose rare, il a
même discuté par radio avec Lewis Hamilton, pour lui présenter ses excuses. Vowles communique
rarement directement avec un pilote durant une course.
« On entend parfois James dans des circonstances
inhabituelles, quand il y a un message subtil ou difficile, qu'on
veut transmettre au pilote sans l'intermédiaire de l'ingénieur de
course, » explique Allison. « La communication normale
est que le stratège transmette un message à l'ingénieur de course,
qui le transmettra au pilote. »
Vowlves pris ses responsabilités et il a voulu communiquer
directement avec Hamilton : « Dans ce cas, c'était très
personnel, » souligne Alisson. « James a été très
courageux, il a pris ses responsabilités et il a dit "C'était de ma
faute Lewis, je suis désolé". Je pense que cela caractérise James
mais aussi le fonctionnement de l'équipe. Les gens prennent leurs
responsabilités quand il font une erreur, ils savent que l'attitude
de l'équipe est d'apprendre de ses erreurs, plutôt que de les
critiquer ou d'en faire de grosse polémiques. »
« Cela montre que James est un vrai leader, il a voulu
exprimer à Lewis ce qu'il s'était passé et ce message était si
important que James voulait le transmettre personnellement, plutôt
que par l'intermédiaire d'un ingénieur de course. »


