Les 3 leçons des essais libres

Voici ce qu'il faut, en prenant des pincettes, retenir des premiers essais libres du GP d'Espagne : Renault au bord du gouffre, Ferrari en mode recherche...
Leçon n°3 : Renault au bord du précipice
Red Bull et Renault avaient annoncé la couleur : ils allaient marcher sur des oeufs tout le week-end espagnol. En effet, les deux RB10 attaquent le début de la saison européenne avec déjà trois moteurs utilisés sur un quota 2015 de... quatre ! Le quatrième et dernier joker devait donc forcément être sorti à Barcelone, mais le plus tard possible, afin de limiter les risques d'une pénalité sur la grille à Monaco. Ce GP étant toujours une chance un peu à part de briller, là où ailleurs les miracles sont presque impossibles. Malheureusement, la prudence n'a servi à rien. Seulement neuf tours le matin pour Ricciardo et déjà un problème qui a poussé Red Bull à monter à la hâte ce fameux quatrième moteur ! En tout, l'Australien n'a pu faire que 13 tours dans la journée.
Essais libres 2 en Australie, casse à l'arrivée du GP de Bahreïn, souci aux libres 1 du GP d'Espagne : le quota 2015 de Ricciardo a déjà été atteint. Alors que du côté de Mercedes, on en est encore à un seul moteur utilisé, contre deux chez Ferrari. L'allocation annuelle, censée durer près de 15 000 km, est partie en fumée après à peine 2500 km. C'est l'esprit même de la règlementation des Power Unit qui se retourne contre un de ses penseurs, Renault. Le motoriste français espérait encore limiter la casse avec l'autorisation, en cours de saison, d'un cinquième moteur "gratuit" mais cette hypothèse a presqu'été balayée, plusieurs écuries souhaitant voter contre.
Ricciardo fera bientôt face à un sévère système de pénalités : 10 places sur le grille à chaque moteur neuf... Ce n'est guère mieux pour son équipier Daniil Kvyat, lui-aussi à déjà 3 moteurs, de même que la Toro Rosso de Verstappen... 2015 va faire très mal à Renault, sans doute plus encore qu'on le craignait.
Ferrari a l'air de vouloir tenter un coup
Leçon n°2 : Rien ne change vraiment
Chaque année, les mêmes portes ouvertes sont enfoncées. Le début de la saison européenne serait le vrai début du championnat (comme si les quatre premiers n'existaient pas), les premiers développements vont changer la donne... En vrai, on sait bien qu'on parle là d'une vieille F1 qui n'existe plus. Désormais, il n'y a plus un grand prix sans évolution sur une voiture et surtout, la cruelle réalité reste la même : une voiture qui gagne 3 dixièmes au tour est toujours aussi loin de la voiture qui gagne aussi trois dixièmes, voir plus ! Les hiérarchies évoluent peu. Oui, Ferrari a apporté une évolution moteur mais Mercedes a un nouvel aileron avant et des petites modifications un peu partout. La preuve, cette fois, il n'y a pas besoin d'une loupe et d'un aspégic pour lire les longs relais du vendredi. Si Mercedes a une nouvelle fois dominé en performance pure, elle a aussi montré avoir l'avantage en mode course. Avec les mediums, Rosberg a devancé Hamilton. Vettel s'est pas mal défendu, à 4 dixièmes, alors que Räikkönen est à une demi-seconde de son équipier.
Leçon n°1 : Ferrari veut tenter un coup
Drôle de vendredi pour les Ferrari. Elles se sont concentré les deux sur... les pneus durs. Vettel n'a pas du tout essayé les mediums sur la durée. Etonnant car le pneu Dur n'est pas censé être beaucoup utilisé dimanche, sur une stratégie à deux arrêts. Ferrari veut-elle donc tenter un arrêt ? Cela parait compliqué mais visiblement, ils y pensent. Vettel a réalisé 17 tours en Dur et n'a pas enregistré de dégradation majeure, restant tout le temps dans les 1'32. C'est plutôt bien, plus rapide en tout cas que son équipier, en mediums. Räikkönen est moins en forme que d'habitude avec un mauvais relais de 14 tours en dur. Un seul tour en 1'32 puis tout de suite des 1'33 et même des 1'34. Chez Mercedes, les deux pilotes ont aussi tenté un relais en dur, mais à la fin. Nico était dans les 1'30 puis 1'31... La différence est importante mais Nico n'a fait que 7 tours, on ne peut donc pas juger de la dégradation. Pour Lewis, 7 tours aussi en dur, tous dans les 1'31. Mercedes avait largement dominé ici l'an passé : 1 seconde en qualif et 49 secondes en course. On est parti pour une addition assez salée aussi cette année. A moins que Ferrari ne tente et réussisse son coup !