Humeur d'avant GP de Bahreïn : le cas Rosberg

Publié le 15 avril 2015 à 07:00
Mis à jour le 29 novembre 2020 à 04:08
Humeur d'avant GP de Bahreïn : le cas Rosberg

Avant et après chaque GP, Sportauto.fr se laisse aller à une humeur très personnelle. A Bahreïn, il est question du pétage de plomb de Nico Rosberg.

Depuis dimanche soir et sa vigoureuse sortie contre Lewis Hamilton en pleine conférence de presse d'après GP de Chine, Nico Rosberg est la cible de toutes les moqueries et railleries. Quelle que soit la victime, Twitter et les réseaux sociaux font office de boucheries médiatiques. Au point de compliquer encore plus l'éternel dilemme entourant la communication des pilotes : quand ils ne parlent pas assez, on les trouve sans intérêt, et quand ils se lâchent ou craquent, ils passent pour des pleurnicheurs. Il faudrait savoir ce que l'on veut. Rosberg l'expérimente cette fois, comme d'autres avant lui : Hamilton, Vettel, Webber, Alonso...

Jamais eux, toujours les autres

Tous, qu'ils se soient fait prendre la main dans le sac ou pas, ont un point commun : ils ne sont pas aussi forts mentalement qu'on l'imagine. Les pilotes de F1 évoluent, très seuls, pas ou mal entourés, dans un univers de haute pression et de haute tension. La compétition fait rage, les enjeux sont colossaux, et ils sont en première ligne, guidés par leurs ambitions démesurées. Ces sportifs sont des grands égoïstes, dont la particularité est de tirer leur force d'une technique éculée : toujours reporter ailleurs leurs propres responsabilités. Parlez à d'anciens pilotes et tous vous expliqueront qu'ils n'ont pas été champions car leur équipier leur a fait des crasses, car les ingénieurs étaient contre lui, car les pneus n'étaient pas bons... Il est rarissime d'en trouver un, admettant "je n'étais pas assez fort" ou "mon équipier était meilleur que moi." Leur grande particularité pour survivre dans cette jungle est de ne jamais lier ce qu'ils leur arrivent à leur propre faute. Ils gardent leur rage de vaincre en s'en prenant aux autres. Un réflexe pavlovien. Tous ne le formalisent pas verbalement comme Rosberg l'a fait, pourtant ils pensent tous ainsi.
Mieux, ils se remotivent en projetant leur frustration à l'extérieur. C'est sans doute aussi pourquoi Nico Rosberg s'est lâché ce dimanche en Chine. Il se contient depuis plusieurs courses, il emmagasine depuis des mois l'énergie négative d'être battu sportivement par son équipier... Il avait besoin, ce jour-là, d'exploser, de crier sa colère même si elle n'était pas fondée. La frustration de 2014 a fait irruption à ce moment précis. Lewis Hamilton a à peu près fait la même chose en Belgique l'an passé, en pétant un plomb à l'arrivée de la course. Il était sorti du briefing en allant voir directement la presse pour répéter que Nico Rosberg lui avait avoué l'avoir délibérément accroché au 2e tour. Evidemment, l'Allemand n'avait rien avoué du tout, mais Lewis avait eu besoin, après les tensions énormes depuis Monaco et la bonne passe estivale de son équipier, de lâcher la bride. Comme par hasard, après, il est revenu mentalement plus calme et plus fort que jamais. Il s'était remotivé de la sorte, tout en mettant la pression sur son équipier qui, du coup, a perdu l'avantage qu'il avait récupéré.

L'arme psychologique contre l'impuissance sportive

Dans le cas de Nico Rosberg, sa complainte chinoise est d'un autre ordre. Elle tient de la particularité de son duel avec Hamilton depuis deux ans. A chaque fois, cela commence pareil. Il est battu nettement en début de saison. Puis vient la saison européenne, et Rosberg parvient à revenir dans le jeu. L'an passé, notamment, où battu jusqu'à Monaco, il avait ensuite entamé une lutte en coulisses qui lui avait permis ensuite de signer 7 pole positions en 8 GP et de gagner 3 GP. Hamilton, émotionnellement touché, s'était déréglé en un rien de temps. Il avait mis du temps à retrouver sa sérénité.
Rosberg, secrètement, veut faire craquer Hamilton. Il veut l'amener sur un terrain qu'il maîtrise moins : la place publique. Il sait qu'en piste, c'est dur de battre son équipier à la régulière, alors il s'en prend à lui en coulisses. On a découvert l'an passé que Nico était un personnage plus complexe qu'on l'imaginait, malin certes mais aussi parfois un peu vicieux. Monaco, Canada, Spa... C'est une de ses armes. Comme celles d'autres avant lui : Piquet, Prost, Schumacher face à Hill de temps en temps... Rosberg a décidé de la sortir en Chine. Elle n'est pas sûre du tout de fonctionner, mais c'est sa seule chance maintenant de rester dans le combat. Hamilton a compris la parade depuis Spa l'an passé et parait en mesure de la neutraliser à nouveau. L'Allemand risque d'y perdre des plumes en popularité. Et s'il perd encore en 2015, ce sera la double peine. Mais devenir champion du monde ou tenter de le devenir est parfois à ce prix-là.

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