F1 - Quel effet pour le point du meilleur tour ?

L'auteur du meilleur tour marquera un point cette année. Cette mesure devrait avoir un effet en fin de course, mais peu de pilotes devrait en faire un objectif.
La F1 a décidé d'attribuer un point à l'auteur du meilleur tour cette année, à condition qu'il finisse dans le top 10. Le but est d'améliorer le spectacle, surtout en fin de course.
Depuis la fin des ravitaillements, le meilleur temps de la course est généralement réalisé dans les derniers tours. C'est à ce moment là que les monoplaces ont moins de carburant et qu'elles sont donc les plus rapides. Un pilote qui a des pneus tendres neufs à ce moment là de la course a donc de fortes chances de réaliser le meilleur tour.
Pour qu'un pilote décide de faire du meilleur tour en course un véritable objectif, il faudra donc qu'il passe aux stands pour prendre des pneus neufs. Il lui faudra une avance suffisante, d'environ 25 secondes, sur son poursuivant. Ce cas est assez rare. En 2018, c'était souvent le dernier pilote des top teams, Mercedes, Ferrari et Red Bull, qui était le seul à avoir ce luxe.
Il est rare que plusieurs pilotes aient l'avance suffisante sur un rival pour passer aux stands. Il devrait donc y avoir peu de courses où plusieurs pilotes s'affronteront réellement à distance, pour le meilleur tour.
Les leaders chercheront-ils à prendre ce point ?
Dans l'histoire du championnat, la mesure a existé de 1950 à 1958. Depuis, si elle avait été présente, elle aurait changé l'issue du championnat en 2008. Dans un Grand Prix du Brésil entré dans la légende, Lewis Hamilton a doublé Timo Glock dans l'avant-dernier virage du dernier tour, pour finalement battre Felipe Massa, vainqueur de l'épreuve, d'un point. Si les meilleurs tours avaient rapporté un point cette année là, Massa, qui en a réalisé trois, aurait été titré avec un point d'avance sur Hamilton, auteur du meilleur tour une seule fois. Si le règlement avait été en place, chacun des deux pilotes aurait peut-être cherché à réaliser plus de meilleurs tours, mais auraient-ils vraiment pu le faire ?
Il y avait encore des ravitaillements à cette époque mais désormais, le meilleur tour ne peut être réalisé qu'un fin d'épreuve, sauf en cas de pluie. En 2018, le meilleur tour a été réalisé par un pilote des trois top teams 20 fois en 21 courses mais ils n'en faisaient pas un objectif, puisqu'ils avaient plutôt tendance à assurer dans les derniers tours. Il n'est pas certain qu'il prendront le risque de le faire maintenant, surtout si un autre pilote a des pneus en meilleur état.
Au total, 21 points seront mis en jeu, ce qui peut faire une énorme différence au championnat, mais il n'est pas certain que les leaders auront souvent l'opportunité de se concentrer pleinement sur cet objectif puisqu'il est peu probable qu'une équipe axe toute sa stratégie sur cet objectif, avec un dernier arrêt tardif pour prendre les pneus tendres, l'enjeu étant trop faible. Quant aux pilotes qui ne roulent pas pour ces trois top teams, il n'est pas certain qu'ils auront le rythme pour réaliser le meilleur tour. Le point du meilleur tour pourrait donc revenir « par défaut » à un pilote qui avait les meilleures conditions en fin d'épreuve.
La F1 a décidé de réserver le point du meilleur tour à un pilote du top 10. Le but est d'éviter que des pilotes distancés où ayant eu un problème ne multiplient les changements de pneus, avec ce seul objectif. Cette situation s'est produite en Formule E à Londres en 2015, pour la conclusion de la première saison. Après s'être accrochés au départ, Lucas di Grassi et Sébastien Buemi, rivaux pour le titre, se sont lancés dans une chasse au meilleur tour, qui a attribué le titre à di Grassi.
Des pilotes hors du top 10 pourraient cependant avoir un intérêt à réaliser le meilleur tour pour priver une équipe dans le top 10 d'un point. La lutte en milieu de classement s'annonce encore très disputée et empêcher une équipe rivale de prendre un point pourrait devenir le principal objectif d'un pilote loin du top 10. Il pourrait donc passer aux stands pour prendre des pneus neufs et se lancer dans cet objectif.
La F1 a déjà étudié tous ces scenarii. Ross Brawn, le responsable de la compétition du championnat, a précisé que les recherches ont duré « plusieurs mois » et la F1 peut désormais s'appuyer sur des simulations puissantes. Liberty Media, en charge de l'aspect commercial depuis deux ans, a promis d'éviter toute solution artificielle pour favoriser le spectacle. Les derniers changements de dernière minute, comme les points doublés pour la dernière course en 2014 où le système de qualifications en 2016, ont vite déçu et ils ont été abandonnés, mais ils n'avaient pas passé le même processus d'analyse.
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