F1 - Pourquoi McLaren a tant souffert en 2018

Un manque d'appuis en courbe, provoqué par des concepts aérodynamiques trop audacieux, a coûté cher à McLaren cette année.
Comment s'explique la mauvaise saison de McLaren ? En 2017,
l'équipe anglaise assurait avoir l'un des meilleures châssis du
plateau et elle pensait que le passage du moteur Honda à celui de
Renault l'aiderait à retrouver la victoire. McLaren est restée loin
de cet objectif, mais l'équipe a bel et bien progressé : dans les
quatre premiers Grands Prix, elle avait déjà marqué plus de points
que sur l'ensemble de la saison 2017. A partir de Montréal, McLaren
a chuté dans la hiérarchie et l'équipe a plus rarement placé ses
pilotes dans les points. Elle a ainsi marqué plus de points dans
les quatre premières courses que dans les 17 suivantes !
Même si cela peut paraître contradictoire, cette chute brutale dans
la hiérarchie trouve sa source dans la conception de la voiture,
l'hiver dernier. McLaren a visiblement trop accéléré son
développement et l'équipe a eu de nombreux soucis aux essais de
Barcelone. « Nous n’avons pas eu le temps de bien intégrer
tous les systèmes dans la voiture, » a expliqué Simon
Roberts, le responsable des opérations de McLaren, à Auto Motor und
Sport. « Cela n’a rien à voir avec Renault. Les problèmes
venaient de notre côté. »
Le temps passé pour résoudre ces soucis a commencé à compromettre
le développement de la voiture pour la suite de l'année
: « Nous avons eu des soucis de stabilité et nous avons
peu roulé, » précise Roberts. « Cela nous a fait perdre
du temps dans le développement et nous avons eu du mal à comprendre
la voiture. »
McLaren a compris ses problèmes à Montréal
Lorsque débute la saison européenne, les équipes ont l'habitude
d'apporter des nouveautés qui permettent d'exploiter une plus
grande partie du potentiel d'une monoplace. Cela n'a pas été le cas
chez McLaren. L'équipe avait d'importantes nouveautés à Barcelone mais elles
n'ont pas apporté les progrès espérés. Pendant deux courses, les
performances sont cependant restées bonnes. Ce n'est qu'à Montréal
que McLaren a clairement identifié ses soucis.
« Certaines parties de la voiture ne fonctionnaient pas
normalement, » a reconnu Andrea Stenna, l’ingénieur en chef, à
Auto Motor und Sport. « Puis il y a eu le package pour
l’Espagne. Les performances étaient acceptables à Barcelone et à
Monte Carlo. Nous savions que nous devions comprendre certains
éléments, mais nous pensions pouvoir y remédier. La réalité nous a
rattrapés à Montréal. Nous avons réalisé que nous avions un
problème. A partir de là, le développement n’a presque rien
apporté. »
McLaren a en fait été trop audacieuse dans son développement :
« Nous voulions repousser ce développement plus loin, »
explique Stella. « Dans certains virages, nous avions un gros
déficit sur Red Bull en 2017. Nous voulions le réduire, mais cela a
provoqué des faiblesses sur la voiture. Avec le recul, nous sommes
allés trop loin dans certains domaines et nous avons créé des
soucis aérodynamiques. »
Les problèmes ont commencé à être identifiés à Montréal. La
monoplace manquait d’appuis en courbe et quand l’équipe tentait
d’en ajouter, les perturbations aérodynamiques augmentaient et la
voiture devenait instable, surtout à l'arrière. A partir du Red
Bull Ring, McLaren a fait beaucoup d’essais pour comprendre et
corriger ses faiblesses. « Notre point faible était surtout
les virages lents, » précise Stella. « Et ces courbes
sont difficiles à simuler en soufflerie et dans la CFD (l’étude des
flux aérodynamiques sur ordinateur). »
McLaren a également mal géré les perturbations aérodynamiques
provoquées par les roues avant : « Les pneus avant plus
larges ont produit de plus grandes turbulences qu’en 2017, »
estime Stella. « En aérodynamique, le plus important est
désormais de gérer ces turbulences. »
L'équipe pense avoir compris les principaux problèmes, mais il
était difficile de faire évoluer la voiture de cette année
: « Ce n’est pas que nous manquions d’idées, »
assure Stella. « Le concept même avait atteint ses limites.
Beaucoup de changements n’auraient pas fonctionné. »


