F1 - Faut-il le retour d'une guerre des pneus ?

Publié le 22 mai 2015 à 12:35
Mis à jour le 29 novembre 2020 à 03:59
F1 - Faut-il le retour d'une guerre des pneus ?

Fernando Alonso estime qu'avoir plusieurs manufacturiers de pneus améliorerait le spectacle. Les équipes sont fermement opposées à cette proposition.

L'appel d'offre pour le manufacturier de pneus à partir de la saison 2017 a été lancé par la FIA. L'objectif est de conserver un manufacturier unique mais cela ne plait pas à tout le monde.
Depuis 2011, l'année où Pirelli est devenu manufacturier unique, le spectacle s'est nettement amélioré, avec des pneus qui ont volontairement une dégradation rapide. Cette situation est souvent critiquée, certains se plaignant d'un spectacle artificiel et d'un manque de performances. Fernando Alonso estime qu'une guerre des pneus entre plusieurs manufacturiers règlerait ce problème.
« Une compétition entre les pneus aiderait la Formule 1 parce que tout le monde attaquerait à nouveau à la limite, » a déclaré l'Espagnol à AUTOSPORT. « J'ai connu la compétition entre les pneus pendant quelques années avec Michelin et Bridgestone, et après ça nous avons eu un manufacturier unique avec Bridgestone, et le changement était assez gros. »
« En 2006, les pneus des deux entreprises étaient incroyables parce qu'ils se poussaient l'un l'autre à la limite, et nous avions un pneu super-rapide avec lequel on pouvait faire toute la course en 2005. Puis en 2007, uniquement avec Bridgestone, les pneus étaient complètement différents. Ils ont fait un pas en arrière et se sont un peu détendus. »
Il estime que la concurrence entre manufacturiers aurait du bon : « Ca serait bon pour la Formule 1. Pour la stratégie, on pourrait avoir un pneu bon en qualifications, mauvais en course, ou l'inverse. Certains circuits conviendraient à une marque, d'autres circuits à l'autre marque, donc ça mélangerait les résultats. »

Les équipes opposées à l'idée

La proposition de Fernando Alonso n'a pas la faveur des équipes, qui jugent une compétition entre manufacturiers très néfaste pour le spectacle.
En 2004, Ferrari dominait grâce à Bridgestone. L'année suivante, la situation s'est inversée, avec une domination de Renault et McLaren, grâce à Michelin. Les équipes jugent néfastes d'exclure automatiquement des équipes de la lutte pour la victoire et Franz Tost, le patron de Toro Rosso, pense également que quand plusieurs manufacturiers sont présents, seules quelques écuries sont privilégiées.
« J'espère qu'il y aura pas de guerre des pneus, ce qui veut dire pas d'autre manufacturier, parce que signifie que deux équipes auraient les bons pneus et le reste n'aurait que de la merde, parce qu'avant, quand Michelin était là, c'était Renault, donc Alonso a de bons souvenirs, et Bridgestone avec Ferrari, donc Michael (Schumacher) gagnait énormément, forcément pour une raison, non ? » a-t-il lâché en conférence de presse à Monaco.
« Si ça revient, c'est la même histoire : les deux manufacturiers de pneus, deux équipes qui ont les bons pneus, trois manufacturiers de pneus, trois équipes, et le reste a juste ce que les autres ne veulent pas. Cela ferait que toute la compétition irait dans une direction complètement différente. »
Alors que les groupes propulseurs ont parfois trop d'importance actuellement, ça serait désormais les pneus qui auraient ce rôle : « Nous aurions, après la Formule 1 des groupes propulseurs maintenant, la Formule 1 des pneus. Quand les groupes propulseurs seront stabilisés, on ouvrira le prochain problème. »

Les coûts seraient en hausse

Une opinion totalement approuvée par Red Bull, qui pointe d'autres difficultés avec une guerre des pneus, notamment sur les coûts et l'équité pour les équipes moins puissantes.
« Je pense que Franz l'a parfaitement résumé, un manufacturier de pneus, c'est l'équité pour toutes les équipes, » souligne Christian Horner, le patron de Red Bull.
« Dans les périodes de guerre des pneus, évidemment, (...) je pense que ça augmente les coûts incommensurablement parce qu'il faut développer la voiture autour de pneus spécifiques donc je pense que c'est l'un des succès d'avoir un manufacturier unique et c'est l'une des raisons pour lesquelles Red Bull a pu décrocher des succès en étant une équipe indépendante, ce qui ne serait peut-être jamais arrivé quand il y avait une compétition entre les pneus avec des constructeurs automobiles, qui sont évidemment leur principale source de revenus. »
Toto Wolff, le patron de Mercedes Motorsport, a précisé qu'il utiliserait « les mêmes mots » que Franz Tost, et Robert Fernley, le patron adjoint de Force India, s'oppose aussi à plusieurs manufacturiers : « Je pense que si on prend les choses que la F1 a bien faites, j'estime que le manufacturier de pneus unique est l'une des choses qui a été très bien faite et qui ne devrait pas changer, » précise-t-il.

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