F1 - Faut-il le retour d'une guerre des pneus ?

Fernando Alonso estime qu'avoir plusieurs manufacturiers de pneus améliorerait le spectacle. Les équipes sont fermement opposées à cette proposition.
L'appel d'offre pour le manufacturier de pneus à partir de la
saison 2017 a été lancé par la FIA. L'objectif est de
conserver un manufacturier unique mais cela ne plait pas à tout le
monde.
Depuis 2011, l'année où Pirelli est devenu manufacturier unique, le
spectacle s'est nettement amélioré, avec des pneus qui ont
volontairement une dégradation rapide. Cette situation est
souvent critiquée, certains se plaignant d'un spectacle artificiel
et d'un manque de performances. Fernando Alonso estime qu'une
guerre des pneus entre plusieurs manufacturiers règlerait ce
problème.
« Une compétition entre les pneus aiderait la Formule 1 parce
que tout le monde attaquerait à nouveau à la limite, » a
déclaré l'Espagnol à AUTOSPORT. « J'ai connu la
compétition entre les pneus pendant quelques années avec Michelin
et Bridgestone, et après ça nous avons eu un manufacturier unique
avec Bridgestone, et le changement était assez gros. »
« En 2006, les pneus des deux entreprises étaient incroyables
parce qu'ils se poussaient l'un l'autre à la limite, et nous avions
un pneu super-rapide avec lequel on pouvait faire toute la course
en 2005. Puis en 2007, uniquement avec Bridgestone, les pneus
étaient complètement différents. Ils ont fait un pas en arrière et
se sont un peu détendus. »
Il estime que la concurrence entre manufacturiers aurait du
bon : « Ca serait bon pour la Formule 1. Pour la
stratégie, on pourrait avoir un pneu bon en qualifications, mauvais
en course, ou l'inverse. Certains circuits conviendraient à
une marque, d'autres circuits à l'autre marque, donc ça mélangerait
les résultats. »
Les équipes opposées à l'idée
La proposition de Fernando Alonso n'a pas la faveur des équipes,
qui jugent une compétition entre manufacturiers très néfaste pour
le spectacle.
En 2004, Ferrari dominait grâce à Bridgestone. L'année suivante, la
situation s'est inversée, avec une domination de Renault et
McLaren, grâce à Michelin. Les équipes jugent néfastes d'exclure
automatiquement des équipes de la lutte pour la victoire et Franz
Tost, le patron de Toro Rosso, pense également que quand plusieurs
manufacturiers sont présents, seules quelques écuries sont
privilégiées.
« J'espère qu'il y aura pas de guerre des pneus, ce qui veut
dire pas d'autre manufacturier, parce que signifie que deux équipes
auraient les bons pneus et le reste n'aurait que de la merde, parce
qu'avant, quand Michelin était là, c'était Renault, donc Alonso a
de bons souvenirs, et Bridgestone avec Ferrari, donc Michael
(Schumacher) gagnait énormément, forcément pour une raison,
non ? » a-t-il lâché en conférence de presse à
Monaco.
« Si ça revient, c'est la même histoire : les deux
manufacturiers de pneus, deux équipes qui ont les bons pneus, trois
manufacturiers de pneus, trois équipes, et le reste a juste ce que
les autres ne veulent pas. Cela ferait que toute la compétition
irait dans une direction complètement différente. »
Alors que les groupes propulseurs ont parfois trop d'importance
actuellement, ça serait désormais les pneus qui auraient ce
rôle : « Nous aurions, après la Formule 1 des groupes
propulseurs maintenant, la Formule 1 des pneus. Quand les groupes
propulseurs seront stabilisés, on ouvrira le prochain
problème. »
Les coûts seraient en hausse
Une opinion totalement approuvée par Red Bull, qui pointe
d'autres difficultés avec une guerre des pneus, notamment sur les
coûts et l'équité pour les équipes moins puissantes.
« Je pense que Franz l'a parfaitement résumé, un manufacturier
de pneus, c'est l'équité pour toutes les équipes, » souligne
Christian Horner, le patron de Red Bull.
« Dans les périodes de guerre des pneus, évidemment, (...) je
pense que ça augmente les coûts incommensurablement parce qu'il
faut développer la voiture autour de pneus spécifiques donc je
pense que c'est l'un des succès d'avoir un manufacturier unique et
c'est l'une des raisons pour lesquelles Red Bull a pu décrocher des
succès en étant une équipe indépendante, ce qui ne serait peut-être
jamais arrivé quand il y avait une compétition entre les pneus avec
des constructeurs automobiles, qui sont évidemment leur principale
source de revenus. »
Toto Wolff, le patron de Mercedes Motorsport, a précisé qu'il
utiliserait « les mêmes mots » que Franz Tost, et Robert
Fernley, le patron adjoint de Force India, s'oppose aussi à
plusieurs manufacturiers : « Je pense que si on prend les
choses que la F1 a bien faites, j'estime que le manufacturier de
pneus unique est l'une des choses qui a été très bien faite et qui
ne devrait pas changer, » précise-t-il.


