Alpine : toutes les nouveautés de la marque au A fléché jusqu'en 2028

Publié le 30 décembre 2024 à 11:30
Mis à jour le 30 décembre 2024 à 11:39
Alpine : toutes les nouveautés de la marque au A fléché jusqu'en 2028

La carrière de l’A110 commence à s’étioler, tandis qu’arrivent les nouveaux modèles électriques. La stratégie est assumée. Mais à l’avenir, entre cette nouvelle vision d’Alpine et les passionnés, le courant passera-t-il ? Sovany Ang, la directrice Performance produit d’Alpine, décrypte avec Sport Auto les raisons et conséquences de ces choix décisifs.

Longtemps, la renaissance d’Alpine a été un serpent de mer chez Renault. Et puis, sous l’ère Ghosn, une opération commando guidée par Bernard Ollivier a réussi l’exploit d’aboutir, en 2017, à l’A110 que nous connaissons.
Nous l’avons rapidement reconnue comme le chef-d’œuvre qu’elle est, à contre-courant des tendances de son époque, par le choix de se focaliser sur la légèreté et l’agilité. Mais ensuite ? L’arrivée de Luca de Meo à la tête de Renault allait-elle avoir raison de la petite marque de Dieppe ?
Rapidement, le nouveau patron a affirmé l’inverse. Mieux, il en a fait un pilier de sa stratégie « Renaulution » de redressement du groupe, et a confirmé cette ambition en rebadgeant du A fléché l’écurie F1 de la maison.
Dans cette nouvelle perspective, Alpine devait devenir le pôle premium du groupe, avec à la clé l’espoir de marges plus confortables, et la possibilité d’aller piquer des clients aux cadors allemands.
Voilà pour l’objectif. Comment y parvenir ? C’est là qu’arrive l’annonce d’un « Dream Garage », soit le déploiement d’une gamme complète, inédite… et électrique. Le gros mot est lâché !
Lors de notre rencontre, Sovany Ang, la directrice Performance produit d’Alpine, saisit la balle au bond : « Nous, chez Alpine, on s’emploie à développer des voitures sportives avant que ce ne soient des électriques. L’électricité, c’est un moyen de déployer la sportivité que l’on recherche. »

Un avenir sur trois axes

Ce garage de rêve selon Alpine, nous commençons juste à en découvrir les premiers occupants. Lors du Mondial de l’auto à Paris, la marque a révélé le concept annonciateur du deuxième étage de la fusée, l’A390_ß.
Là, le sourire se crispe : une silhouette de SUV coupé (un « crossover GT », selon Alpine…) tout électrique. Quelles que soient ses qualités, est-ce vraiment l’avenir que l’on souhaite pour Alpine ?
Sovany Ang tente de déminer le terrain: « Notre stratégie va se décliner sur trois axes. Le premier concerne la compétition, avec la F1, l’Endurance et les disciplines ‘‘juniors’’, dont je n’ai pas la charge. Ensuite, il y a ce que l’on appelle les ‘‘voitures iconiques’’, nos pures voitures de sport. C’est là que se place aujourd’hui l’A110. Le troisième axe, c’est celui des voitures polyvalentes. Ce sont toujours des voitures performantes et sportives, mais d’usage moins restreint. On y retrouve l’A290, la petite citadine sportive. Et, en 2025, il y aura donc l’A390, une cinq places au gabarit plus important. »

Légèreté perçue…

Alpine ayant fait de la légèreté son mantra existentiel, on ne voit pas comment l’A390 pourrait rester fidèle aux valeurs de la marque avec un SUV électrique, basé sur la plateforme du Renault Scénic qui dépasse déjà les 1 900 kg.
« Quand on dit légèreté chez Alpine, reprend Sovany Ang, cela recouvre plusieurs sens. Il y a le sens littéral, lié à la masse du véhicule. Mais il y a aussi un sens plus philosophique, une approche de l’agilité, une légèreté perçue. C’est quoi ? C’est ce contrôle instinctif, cette sensation de conduire la voiture avec son corps. On est en passe, je crois, de réussir cette dimension, que vous avez déjà pu appréhender au volant de l’A290, cette réponse instantanée au doigt et à l’œil. Avec l’A390, nous serons encore un gros cran plus haut, grâce à la technologie. Nos ingénieurs ont ce savoir-faire pour obtenir un contrôle instinctif, une légèreté perçue, pour procurer un plaisir de conduire digne d’Alpine. »
La technologie en question, ce sera pour l’A390 de série l’utilisation de trois moteurs électriques : un à l’avant et deux sur les roues arrière. On parle d’une puissance totale d’environ 360 ch pour une voiture longue d’environ 4,60 m, que l’on pourra sans doute mettre en face du nouveau Porsche Macan. Parmi les concurrents potentiels, on regardera également ce que sait faire le Nissan Ariya Nismo (367 ou 435 ch).
Il peut sembler une référence exotique. Sauf qu’il partage sa plateforme et, peut-être, ses moteurs avec le futur Alpine. Le français sera dynamisé par une forte dose de torque vectoring, la gestion active du couple, roue par roue.
« Ça, on ne peut le faire qu’avec de l’électrique, reprend Sovany Ang. Vous voyez bien que cette technologie, elle apporte du positif ! Grâce à elle, sur une voiture de cette taille, on peut déployer la même agilité que sur une A110. On ne pourrait pas parvenir à cette agilité sur un modèle thermique de cette taille. Je le dis en confiance, parce que j’ai pu prendre le volant de prototypes de développement de l’A390. C’est vraiment une sensation incroyable de ne pas ressentir la masse. »

Echéances implacables

L’étape suivante nous emmène fin 2026, pour le lancement de la remplaçante de l’A110. Son inédite plateforme APP (Alpine Performance Platform) sera une création interne, et restera réservée aux modèles les plus sportifs.
Dans son cas, plus question d’une architecture « skateboard », avec une couche de batteries sous le plancher.
Il s’agit de réaliser un ensemble bas et compact de vraie sportive. Dans ce cas, la structure s’appuiera sur un châssis en aluminium, avec des batteries placées derrière les passagers et, probablement, dans le tunnel central, pour assurer une bonne répartition des masses.
« Sur cette plateforme, poursuit Sovany Ang, il y aura le coupé A110, mais aussi un roadster. Puis, ensuite, viendra une autre voiture de sport, une 2 + 2 un peu plus grande. »
Cette dernière devrait reprendre l’appellation A310, pour une révélation prévue en 2028. Ce programme ne se fera pas sans drame : l’A110 thermique tirera sa révérence fin 2026. A 9 ans de l’interdiction de vente en Europe des voitures thermiques, cela nous semble très anticipé.
« Sauf qu’avant ça, se défend Sovany Ang, il y a des échéances réglementaires bien difficiles, qui nous demanderaient des adaptations coûteuses. Il y a un moment où on ne peut plus continuer. » De fait, depuis le milieu de l’été dernier, la production de l’A110 a dû être volontairement réduite, pour passer dans la catégorie « petite série », qui lui octroie des dérogations sur certaines normes.
Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir développé une nouvelle A110 thermique qui se serait vendue jusqu’en 2035 ? « Je crois que, commercialement, si on laisse le choix entre une électrique et une thermique, le client aura tendance, par facilité, Là, nous embrassons une génération de clients qui sont prêts à passer à l’électrique, mais qui n’ont pas d’offre équivalente aujourd’hui en termes de sportivité. On le voit dans nos enquêtes. Les électriques aujourd’hui, c’est une sportivité qui se limite à de l’accélération en ligne droite. On s’amuse deux fois et après, on arrête, ce n’est pas très intéressant. Nous, nous sommes vraiment en train de déployer cette pure sportivité, dans laquelle nos metteurs au point, nos ingénieurs mettent tout leur cœur pour que l’on ait ce plaisir au volant. »
Enfin, dans la stratégie d’expansion à l’international, deux nouveaux SUV de grandes dimensions viendront compléter la gamme, à l’horizon 2027-2028, dans l’objectif de se lancer sur les marchés américain et asiatique.
« On ne va pas aller non plus chercher des volumes démentiels, tempère Sovany Ang. Nous resterons une marque spécialiste, un challenger, capable d’offrir une alternative à ce qui existe. »

Alpine : toutes les nouveautés attendues jusqu'en 2028

  • Alpine A390_B (2025) : La version définitive du ‘‘Crossover GT’’, attendue l’année prochaine, sera très proche du style extérieurt de ce concept. Côté technique, trois moteurs électriques pour environ 360 ch.
  • Alpine A110 Coupé (2026) : L’inédite plateforme APP, en cours de développement, équipera les Alpine les plus sportives, dont la remplaçante de l’actuelle A110. Le niveau du plaisir ressenti à son volant sera déterminant pour la viabilité de la suite de l’aventure.
  • Alpine A110 Roadster (2027) : A la différence de l’actuelle A110 thermique, la future A110 électrique a été pensée d’emblée pour accueillir une version roadster. Celle-ci arrivera un an après le coupé.
  • Alpine A310 Gran Tourer (2028) : Développée sur la même plateforme que l’A110, l’A310 sera la GT de la famille, en format 2 + 2.

L'heure H : Alpenglow Concept

Qu’Alpine se lance dans la construction d’un concept d’hypercar, personne ne l’avait vu venir. Que celle-ci abrite une technologie ultra-marginale encore moins.
L’Alpenglow, dont la première version a été révélée au Mondial parisien de 2022, se veut tout à la fois un manifeste du futur style de la marque, mais aussi un démonstrateur technologique.
Pour le style, la face avant et la philosophie globale, en rupture avec la veine néo-rétro de l’A110, semblent en effet annoncer ce à quoi les futurs modèles vont ressembler. L’A390_ß le confirme.
Côté motorisation, l’Alpenglow s’engage sur une voie très peu explorée : l’hydrogène carburant. A la différence de l’utilisation classique d’hydrogène dans une voiture, qui fait appel à une pile à combustible qui produit de l’électricité dans le véhicule pour alimenter un moteur électrique, il s’agit dans ce cas d’alimenter un moteur thermique spécialement adapté à cette tâche.
Le faible rendement de cette technologie l’a longtemps écartée des hypothèses pour les motorisations grand public. Mais, pour les passionnés, elle présente l’immense intérêt de préserver le son et le caractère d’un moteur classique, en ne rejetant que de la vapeur d’eau.
En mai 2024, une version dite Hy4 de l’Alpenglow, équipée d’un 4 cylindres de 340 ch alimenté à l’hydrogène, devait effectuer une démonstration sur le circuit de Spa… mais a refusé de démarrer au moment opportun.
Cette nouvelle Alpenglow, plus réaliste et basée sur un châssis Ligier de LMP3, s’éloignait déjà de la maquette de 2022. L’affront de Spa a été lavé lors des 24 Heures du Mans 2024 avec, en passager prestigieux lors de la démonstration, rien moins que Zinedine Zidane.
Enfin, au Mondial de 2024, a été révélée une troisième version de l’Alpenglow, la Hy6. Cette fois, il est question d’un V6 biturbo, carburant toujours à l’hydrogène, mais fort désormais de 740 ch.
Selon Alpine, cette Hy6 « présente une nouvelle voie pour la décarbonation des automobiles sportives. » Si l’application à la course peut sembler naturelle, le fait de parler d’ « automobiles sportives » dessine donc l’espoir d’un avenir où la voiture électrique « à pile » ne constituerait pas l’unique horizon.

L'avis de Sport Auto

Nous ne discutons pas la sincérité de la démarche d’Alpine, marque animée par des passionnés. Mais le virage du tout-électrique est un défi majeur pour tout constructeur sportif, encore plus pour une marque embryonnaire. L’A110 de 2026 constituera un test décisif, quel que soit le succès qu’aura pu rencontrer auparavant l’A390.

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