F1 - Grosjean aimerait des pneus plus tendres

Romain Grosjean et Günther Steiner aimeraient des pneus plus tendres, pour favoriser l'adhérence. Trouver la bonne fenêtre d'utilisation est difficile.
Les pneus ont totalement changé cette année. Ils sont plus larges mais aussi plus durs. Pirelli voulait anticiper les effets des nouvelles monoplaces, plus rapides et donc plus exigeantes sur les pneus, avec des charges plus élevées. De nombreux pilotes pensent que Pirelli est allé trop loin et qu'il faudrait des pneus plus tendres. A Barcelone, aucun pilote n'a utilisé les pneus durs, présents sur cette seule course depuis le début de la saison, et pour le moment prévus sur aucune autre. Romain Grosjean estime que des pneus plus tendres offriraient une meilleure adhérence et une moins bonne endurance, ce qui est la philosophie du règlement sur l'utilisation d'au moins deux types de pneus en course.
« (Il faudrait) plus d'adhérence, » explique Romain Grosjean. « A la dernière course, j'ai pu faire 40 tours en ultra-tendres, qui sont surtout des pneus de qualifications. Il faudrait pouvoir faire pas mal de tours, mais pas autant que ça. Nous demandons des pneus qui chauffent mieux, qui sont meilleurs après la voiture de sécurité, pour aller plus vite. Nous pensons que les voitures peuvent aller plus vite. »
Günther Steiner aimerait aussi des pneus à la dégradation plus rapide, pour que la stratégie reprenne un rôle plus important : « Il faudrait que les pneus perdent un peu plus de performance, pour pouvoir fair une différence dans la stratégie, » explique la patron de Haas. « Avec de tels pneus, c'est difficile à faire. »
Kevin Magnusssen fait le même constat que Romain Grosjean, mais il pense que la situation sera plus simple à Montréal : « Quand les pneus fonctionnent, l'adhérence est là, » précise le Danois. « C'est juste assez difficile de les amener dans la bonne fenêtre, parce qu'ils sont assez durs. Monaco était extrême parce que c'est une piste avec des vitesses très faibles, et l'énergie encaissée par les pneus est très faible, ce qui rend difficile de les faire fonctionner. C'est un peu mieux au Canada, mais je pense que ça sera encore un défi. C'est la même chose pour tout le monde, mais certains arrivent à mieux les gérer que les autres, et ça fait partie de ce que nous devons apprendre. »
Trouver la bonne fenêtre, le défi permanent
Une autre difficulté avec les pneus est de les amener dans la bonne fenêtre de fonctionnement. Les équipes ont souvent du mal à les avoir à la bonne température et Romain Grosjean aimerait des pneus plus simples à utiliser.
« Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui sont sûrs à 100% de les amener (dans la bonne fenêtre), » explique Grosjean. « C'est très difficile. C'est une chose sur laquelle nous devons travailler avec Pirelli. Nous devons y arriver plus facilement, parce que nous passons énormément de temps sur le fonctionnement des pneus. C'est un peu frustrant de ne pas pouvoir travailler sur l'équilibre de la voiture. Dans l'idéal, nous aimerions une fenêtre plus large, et un peu plus similaire entre les composés (de pneus), pour que quand on passe sur un autre composé, on n'ait pas une chute de performances. »
Cette fenêtre de fonctionnement est trop étroite selon Günther Steiner : « (Les pilotes) aimeraient que la fenêtre de fonctionnement soit un peu plus large au niveau de la température, » précise-t-il. « Nous avons une fenêtre très étroite. »
Steiner estime qu'il est compliqué d'amener les pneus dans la température optimale : « Pour la trouver, il faut presque essayer et échouer. On prend la piste et on découvre quand on a l'adhérence, puis on essaie de reproduire ces températures. C'est le problème auquel nous faisons face, comme en qualifications. Beaucoup de gens essaient d'accélérer au dernier virage, pour passer la ligne de départ avec la bonne température. Certains ralentissent. C'est très serré. En course, dès qu'il y a une voiture de sécurité virtuelle ou une voiture de sécurité, on a un problème parce qu'on ne peut pas faire remonter les pneus en température. On l'a vu à Monte Carlo, sous régime de voiture de sécurité virtuelle, les deux seuls qui avaient des pneus en température au restart sont les deux qui étaient passés aux stands pour prendre des pneus neufs, qui étaient dans les couvertures chauffantes. Et les autres ont eu du mal à faire chauffer les pneus, et (Marcus) Ericsson a percuté la barrière parce qu'il n'avait plus la bonne température. »
Kevin Magnussen juge également difficile de bien exploiter les pneus. Là encore, certaines pistes rendent cela plus facile : « Je pense que c'est une science en soi, » analyse-t-il. « C'est une très bonne question, sur laquelle nous travaillons énormément. Evidemment, sur les pistes avec des vitesses plus élevées, avec des Formule 1 qui ont énormément d'adhérence, ces pistes sont les meilleures pour ça, parce qu'on a des charges et une énergie plus forte dans les pneus. Les pneus de Formule 1 aiment recevoir beaucoup de charges et d'énergie, mais on ne peut pas glisser avec les pneus, parce qu'ils perdent en endurance. La surface est assez fragile. Il faut essayer de mettre de l'énergie dans les pneus sans en dégrader la surface. »