F1 - Les pilotes toujours divisés sur le halo

Les pilotes sont divisés sur le halo. Pour Sebastian Vettel, il faudrait être « ignorant et idiot » pour nier son utilité, mais d'autres le remettent en cause.
Le halo va être imposé la saison prochaine. Le dispositif
suscite de nombreuses critiques, surtout pour son aspect
esthétique. Les pilotes sont assez divisés sur la question. Romain
Grosjean est contre le halo, mais il reconnaît son apport pour la
sécurité.
« Personnellement, je pense que ça a été un triste jour pour la
Formule 1 quand ils l'ont annoncé, » a déclaré le
Franco-Suisse à ESPN. « Je suis toujours contre, je pense
toujours que ça n'a pas sa place en F1. En tant que membre et
directeur du GPDA, je dois remercier la FIA pour ses
recherches. »
« Le halo est un excellent dispositif dans de nombreux cas. Il
y a des cas où il peut empirer la situation et j'en suis pas fan.
Il y a quelques problèmes auxquels nous n'avons peut-être pas
pensé. Pour voir les feu de départ sur la grille, personne n'a
essayé, ils sont différents à chaque fois. Pour voir les drapeaux
sur les côtés et des choses dans le genre, nous devons en voir un
peu plus. »
« J'ai été surpris quand je l'ai vu arriver parce que les
équipes disent non, les supporters disent non, les pilotes disent
pour la plupart non, mais c'est imposé, donc c'était un peu
étonnant et c'est pour ça que je dis que c'est un triste jour pour
la F1. Je ne veux pas stopper les recherches pour la sécurité,
parce que je pense que c'est bien, et depuis 1995 l'évolution a été
incroyable, mais j'espère que nous trouverons de meilleures
solutions. »
- La FIA explique le choix du halo
Lewis Hamilton a une opinion similaire à celle de Romain Grosjean.
Il n'apprécie pas le halo mais il sent que des progrès sont
nécessaires dans la sécurité. « L'apparence n'est
vraiment pas bonne, nous l'avons déjà dit et nous le savons, »
a déclaré l'Anglais à Sky Sports F1. Il se plaint aussi du poids du
système : « La voiture est déjà beaucoup trop lourde. On a ces
petits freins qui essaient de freiner cette lourde
voiture. »
« On va vers un cockpit fermé. L'apparence serait meilleure.
Il y a vraiment de beaux concepts de cockpits fermés sur internet,
et quand on pense à ce qu'il s'est passé, avec des pilotes touchés
à la tête, c'est un peu fou de se dire qu'aujourd'hui, notre tête,
peut-être la partie la plus précieuse du corps, est toujours
exposée. »
« Je ne suis vraiment pas contre (le halo), mais la Formule 1
doit aussi continuer à évoluer. »
Vettel et Alonso favorables au halo
Les ont tous été interrogés sur le halo en conférence de presse,
et certains sont favorables au système. Sebastian Vettel reconnaît
que le halo n'est pas esthétique, mais il rappelle que son but est
autrement plus important.
« Je peux comprendre que les gens disent que ça ne correspond
pas à la Formule 1 mais de l'autre côté, je pense que les temps
changent, on avance, » indique l'Allemand. « Si on avait
proposé le système tel (...) à Justin Wilson il y a quelques temps,
(...) nous aurions tous été heureux de l'avoir, ça lui aurait sauvé
la vie. Je pense qu'il faudrait être ignorant et stupide pour
nier qu'il existe une chose pour nous aider dans ces
scenarii. »
« J'aime les Formules 1 du passé, mais il y a aussi des
éléments que j'aime aujourd'hui. La Formule 1 n'avait pas
d'ailerons jusqu'à la fin des années 1960 ou le début des années
1970, et maintenant ça en fait partie. Il y a plein d'autres
exemples, nous avions des V12, j'aimerais qu'on y revienne, mais
nous n'en avons plus. Au final, c'est là pour nous aider et je
pense que c'est à ça qu'il faut penser. »
Fernando Alonso pense aussi qu'il faut faire primer la sécurité sur
l'esthétique : « Je suis plutôt d'accord avec tout ce que
Sebastian a dit, » précise l'Espagnol. « La sécurité
est la priorité et cet élément aurait pu aider dans les accidents
mortels que nous avons eus depuis 10 ou 15 ans, la FIA l'a prouvé,
et je pense que nous serons tous heureux de disposer de cet
élément. C'est la première et seule chose dont il faut
parler. »
« Ensuite, l'esthétique: je n'aime pas trop, sincèrement. La
Formule 1 a beaucoup changé. Même entre mes débuts, en 2001, et
maintenant, les voitures ont totalement changé d'aspect. Il y a 40
ou 50 ans, ils n'avaient pas de ceintures et quand les ceintures
ont été introduites, il n'y a pas eu de débat. Pour moi la question
ne se pose pas. Je serai heureux d'avoir une protection de la tête,
quelle qu'elle soit, l'an prochain. Si la FIA a étudié et développé
le halo et que c'est la solution la plus efficace, (...) c'est plus
que bienvenu. »
Sergio Pérez se dit également « en faveur » du halo:
« La sécurité passe toujours avant tout. Je pense que si nous
avions au le halo dans les six ou sept dernières années, ça aurait
sauvé au moins une vie. Je pense que les équipes vont améliorer le
halo. Il y a besoin d'un gros travail, mais je suis certain que le
système va beaucoup progresser. Nous avons des ingénieurs très
intelligents en Formule 1 et maintenant que les équipes savent
qu'on l'aura l'an prochain, je crois qu'elles vont vraiment
l'améliorer. »
- Le halo pourra accueillir des éléments aéro
Marcus Ericsson a de son côté jugé l'arrivée du halo
« positive » : « Ce n'est peut-être pas très beau
mais on s'y habituera, » a estimé lé pilote Sauber.
« Souvent en Formule 1, les gros changements ne paraissent pas
très beaux au début, puis les gens s'y habituent. Je pense que ça
sera la même chose pour le halo. »
Stoffel Vandoorne a de son côté constaté qu'il s'agit de « la
meilleure solution » aux yeux de la FIA.
Hülkenberg et Verstappen n'aiment pas le système
D'autres pilotes sont en revanche fermement opposés au halo.
Parmi eux, Nico Hülkenberg, qui n'a jamais caché son avis sur le
dispositif.
« Je vais continuer la course, c'est sûr que je ne vais pas
prendre ma retraite, » a précisé le pilote Renault.
« Mais je n'ai jamais été un grand fan du halo ou d'une
protection supplémentaire pour la tête. »
Hülkenberg estime que le halo « affecte pas mal
l'apparence ». Mais au delà de l'esthétique, il juge l'apport
du système trop limité : « Ca protègera contre quelque chose,
les gros accidents, ceux qu'on a une fois sur un million. Nous
avons une bonne sécurité et la protection des voitures progresse,
les câbles qui retiennent les roues s'améliorent chaque année et
ils réduisent la possibilité de voir une roue ou des éléments se
détacher, donc je ne suis pas sûr que cette protection
supplémentaire soit nécessaire. »
Max Verstappen juge aussi les dispositifs actuels suffisants :
« Je n'aime pas ça mais évidemment il faut respecter la
décision de la FIA, » estime-t-il. « Je pense que depuis
que nous avons lancé la voiture de sécurité virtuelle, ça a réduit
une grande partie des risques quand on est sous drapeau jaune en
course, et les câbles des roues sont déjà assez forts, donc je ne
pense pas qu'on puisse perdre une roue très facilement, et quand
des pièces volent, (le halo) ne protègera pas vraiment. »
Kevin Magnussen pense de son côté que la F1 doit garder une part de
danger : « Pour moi, ce n'est pas la Formule 1, » analyse le
Danois. « Je pense qu'il devrais y avoir une limite, ou, au
moins, une approche plus intelligente pour améliorer la sécurité.
Je ne pense pas que le halo est la bonne approche. Je ne suis pas
d'accord sur le fait que la sécurité passe avant tout. Je pense
qu'il y a une limite, quand ça devient trop sûr pour être excitant.
Une des raisons du succès de la Formule 1, c'est cette part de
danger. (La F1) a énormément progressé depuis 30 ans, et c'est très
bien, mais je pense qu'elle est assez sûre pour être excitante
actuellement, et c'est bien. On peut toujours améliorer la
sécurité, on peut brider les voitures à 80km/h et ça sera
totalement sûr, mais ça sera ennuyant. »
Les pilotes en désaccord sur la visibilité
Les pilotes sont tous testés le système et ils ne livrent pas
les mêmes conclusions sur la visibilité. La barre centrale n'est
pas gênante selon la FIA. Ce n'est pas l'avis de Romain Grosjean,
qui a a testé le dispositif à Interlagos l'an dernier :
« J'espère que ça ne sera pas aussi mauvais qu'au Brésil parce
que ça me rendait un peu malade, » explique-t-il. « On
essaie de se concentrer en ayant tout le temps quelque chose
devant, au milieu. Je ne sais pas, mes yeux n'arrêtaient pas de
loucher, c'était un peu étrange. »
Sebastian Vettel est beaucoup plus rassurant à ce sujet
: « Il faut s'y habituer mais au moins ça n'affecte pas
la vision, » assure le septuple champion du monde. Même
opinion pour Marcus Ericsson : « Quand j'ai roulé avec,
je ne l'ai pas vraiment remarqué, donc je pense que ça va, »
indique le Suédois.


