F1 - Flou et mécontentement autour des radios

Publié le 20 juillet 2016 à 19:50
Mis à jour le 29 novembre 2020 à 01:48
Nico Rosberg

Les équipes jugent les limitations sur les messages par radio trop floues. Elles s'interrogent également sur l'intérêt de cette mesure.

Nico Rosberg a été le premier pilote pénalisé pour avoir reçu des informations interdites par radio à Silverstone. Cette règle faisait déjà polémique, notamment après Bakou, où Lewis Hamilton et Fernando Alonso n'ont pas pu recevoir des informations alors qu'ils avaient des soucis techniques.
Mercedes a d'abord annoncé sa volonté de faire appel de la décision. Après avoir analysé la situation, l'équipe y a renoncé, sachant qu'elle n'avait aucune chance d'obtenir gain de cause. Quand Nico Rosberg a eu un problème sur sa boîte de vitesses, elle lui a donné deux informations, un changement de réglages et l'instruction de ne plus utiliser le septième rapport. La première était autorisée, puisqu'il y avait un risque d'abandon sans ce changement de réglage, mais pas la seconde.
C'est justement ce côté arbitraire dans les informations autorisées ou pas qui déplait aux équipes. Elles ne savent pas vraiment quels sont les messages autorisés.
« La plus grosse difficulté est de se prononcer sur ce qui est légal et sur ce qui ne l'est pas, » a déclaré Günther Steiner, le team manager de Haas, à Autosport. « Les limites ne sont pas claires. Comment peut-on limiter ce que l'on dit, ou comment faire si quelqu'un prétend que ce qu'on a dit était codé et que ce n'était pas le cas ? »
« Sur le muret des stands, on se dit "Est-ce qu'on peut dire ça ?", "Je ne sais pas vraiment si nous pouvons dire ça. Je pense qu'on peut". C'est l'incertitude. »
Otmar Szafnauer, le responsable des opérations de Force India, pointe lui aussi des incohérences : « Personnellement, je pense que c'est ridicule de pouvoir dire qu'on a un problème de boîte de vitesses, mais pas qu'on a un problème sur les freins, » a-t-il précisé à Motorsport.com.
« Les freins vous ralentissent, la boîte de vitesses vous fait avancer. En général, avancer ne pose pas problème, mais ne pas pouvoir ralentir pose problème. »
Une directive technique envoyée aux équipes par Charlie Whiting, le directeur de course, liste ce qui est autorisé ou pas, mais Pat Symonds doute de l'efficacité de cette procédure.
« C'est son interprétation d'un article très, très vague sur le pilote qui doit piloter la voiture seul et sans aide, » a souligné le directeur technique de Williams auprès d'Autosport.
Plusieurs articles du règlement ont volontairement une formulation très large, pour couvrir de nombreuses possibilités. C'est le cas de l'article qui interdit les éléments aérodynamiques mobiles, utilisé pour interdire certaines pièces, même quand elles ne sont pas directement destinées à l'aérodynamique.

Le principe du règlement est critiqué

Au delà de l'application du règlement, la philosophe derrière ces limites sur les radios est également remise en cause. La mesure a été mise en place pour mettre fin à l'image de pilote téléguidé depuis les stands, un élément souvent critiqué par les supporters. Mais la FIA est-elle allée trop loin en privant les pilotes d'informations parfois nécessaires, surtout avec les très complexes V6 hybrides ? Christian Horner pense que oui, même si son équipe a bénéficié de la pénalité de Nico Rosberg.
« Le règlement est absurde, » a assuré le patron de Red Bull à Autosport. « Ca n'a pas beaucoup de sens, mais le règlement est le règlement. »
« Les voitures sont très complexes techniquement et on peut comprendre pourquoi Mercedes voulait donner ce message pour que son pilote puisse continuer à rouler. La question qu'on va se poser maintenant, c'est si ces règlements sont bons pour la F1. C'est une autre question. »
Otmar Szafnauer estime que la FIA devrait abandonner cette règle. Il la juge aussi mauvaise que les qualifications à élimination vues en début de saison.
« Il n'y a pas si longtemps, je me rappelle qu'on s'est dit "Changeons les règlements pour les qualifications, elles seront bien meilleures", » rappelle-t-il. « Nous avons un peu vu (ce que ça donnait) et nous nous sommes dit "Ce n'est pas bien", et peut-être que nous devrions avoir la même approche avec d'autres règlements. »

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