Supertest - Toyota GR Yaris (2025) : une copie sans faux pas ?

Publié le 7 février 2025 à 13:00
Mis à jour le 14 février 2025 à 17:48
Supertest - Toyota GR Yaris (2025) : une copie sans faux pas ?

L'univers du Vigeant est impitoyable. Aussi brillante élève soit-elle, la Toyota GR Yaris a clairement démontré toutes ses capacités. Mais sa voie est ailleurs...

On l’aime. On l’adore ! La Toyota GR Yaris est une sportive comme on n’en fait plus. Pas vraiment de compromis, une fiche technique alléchante et une réussite commerciale inattendue qui permet au constructeur nippon d’offrir une seconde jeunesse à sa petite GTi.
Celle qui n’aurait dû être qu’un véhicule d’image est parvenue à trouver son public, même dans nos contrées où le malus dévastateur ne semble pas avoir entamé la motivation des acheteurs. Inspirée du Rallye, elle n’a jamais fait les choses à moitié, et sa profonde mise à jour l’autorise à aller plus loin.
Pour la présenter à l’examen du Supertest, il nous fallait tout de même dénicher un prétexte. Une excuse qui nous permettrait de reprendre le volant de cette machine à fun dans les conditions idéales de notre grand oral.
Et le motif nous a été servi sur un plateau par les ingénieurs maison, en la forme d’une boîte automatique à 8 rapports ! Si l’arrivée de cette transmission est surprenante sur un tel modèle, son architecture l’est encore plus.
Point de boîte robotisée à double embrayage, coqueluche des sportives, mais une classique unité à convertisseur. Faut-il lui reprocher cette paresse ? Absolument pas. Si les démarrages façon catapulte ne sont pas son fort, la partition délivrée par la suite est plus que louable pour une telle machinerie.

Toyota GR Yaris : tout simplement

Le 1.6, qui lui aussi s’est renforcé les entrailles, trouve ici un allié de choix. En conditions quotidiennes, lissage, douceur et à-propos sont de la partie, avec une réelle pertinence sur les changements importants de rythme.
Même s’il est nécessaire d’être généreux sur les freins pour enclencher le rétrogradage espéré. On ne regrette finalement pas trop l’architecture à double embrayage, censée être moins énergivore mais plus lourde.
D’ailleurs, à noter que cette transmission leste l’ensemble d’une vingtaine de kilos. Sur le tracé du Val de Vienne, les amateurs du levier devraient réussir à faire leur deuil sans trop de difficulté.
Cette GR Yaris BVA n’a rien d’une punition et parvient à exploiter la gouaille de son bloc thermique grâce à cette transmission prompte au passage du rapport supérieur.
Sur piste, les tombées de rapport prennent sens, davantage que sur la route, et l’activation du mode Sport de cette transmission permet de gagner en rapidité. Pour ceux que cela démangerait beaucoup trop de rester passifs, les palettes au volant et le levier de vitesses ordonnent là aussi montées et descentes avec célérité.
En bref, du très bon boulot. Voilà donc qui donne au 3 cylindres la possibilité de s’exprimer pleinement. Si l’exercice du banc de puissance n’a pas délivré le résultat escompté avec « seulement » 267 ch mesurés, l’excellente santé de ce bloc vivant et communicatif dessine à chaque coup un sourire sur nos lèvres
Le gain de puissance annoncé par la fiche technique (de 261 à 280 ch) ne transfigure pas son comportement, même si le regain de tonus prend forme sur la seconde partie du compte-tours.
Question de sensations, bien que les chronos l’attestent en partie. Avec un petit dixième grappillé sur le 400 m D.A. (et deux dixièmes sur le 1 000 m D.A.) par rapport à la précédente version, l’apport de la BVA est sensible, surtout au décollage.
Mais les reprises canon et la bonne volonté du moteur jusqu’à 6 500 tr/mn donnent un rythme certain sur le tracé finalement rapide du Vigeant. La GR Yaris ne semble pas sous-dimensionnée pour ce dernier, avec un joli 207 km/h enregistré en fin de ligne droite. Reste une sonorité en définitive discrète à bord. Elle qui fait de la communication avec son pilote une priorité, elle aurait pu mieux faire.

Toyota GR Yaris : pas transfigurée

Côté châssis, la Yaris ne propose plus que la configuration Track de la mouture sortante. Comprenez par là qu’elle n’est désormais disponible qu’avec les deux différentiels Torsen avant et arrière et la suspension raffermie. Voilà qui ne devrait pas gâcher notre plaisir sur la piste du Val de Vienne.
D’autant plus que les réglages des amortisseurs ont été tonifiés et que la caisse a été rigidifiée (soudure, colle). La répartition du couple en fonction du mode de conduite a également été modifiée.
Pour ce qui nous intéresse ici – la position Track –, le couple n’est plus verrouillé sur un schéma 50/50 mais varie de 60/40 à 70/30 (AV/AR) en permanence. De quoi transfigurer le comportement de la petite japonaise ?
Pas vraiment. Elle conserve cet avant plutôt sous-vireur, mené par une direction qui apporte juste ce qu’il faut de réactivité. L’arrière se montre plus mobile au freinage et aux injonctions brusques qu’à la remise des gaz.
La piste conciliante du Vigeant n’a pas réellement mis à mal l’amortissement, qui continue de satisfaire par sa rigueur. Il en va de même pour le freinage, qui a su tenir le coup malgré les tours s’enchaînant à bon rythme. La consistance est restée la même, la course de la pédale n’ayant fini par s’allonger qu’en fin de journée.
On retrouve au bout du compte ce plaisir quasi oublié d’une voiture raisonnable sur le Supertest. Nos dernières venues ont surtout été l’occasion de flirter avec les limites de sportives de haut calibre ou alors d’énormes engins, surpuissants et très lourds.
La facilité qu’offre cette Toyota apporterait presque un vent de fraîcheur et remet la pertinence du modèle sous les projecteurs. Les modifications procurées à cette GR Yaris sont nombreuses, touchent à divers secteurs et sont pour certaines d’une précision chirurgicale.
Rien qui transfigure cette auto follement attachante mais qui prouve à nouveau la justesse de la réflexion venant des ingénieurs. Cela étant dit, est-ce le meilleur endroit pour profiter pleinement du quotient fun qu’elle est capable de fournir ?
La question entraînera forcément différentes réponses selon celui qui en prend le volant. Entre sa maniabilité, sa position de conduite bien meilleure et le tonus de son bouilleur, on pencherait pour un grand oui.
Mais son arrière franchement verrouillé à la remise des gaz (Toyota prône même l’utilisation du véritable frein à main, façon Rallye) et son museau parfois paresseux nous font regretter les pistes glissantes.
Non pas que votre serviteur s’imagine être un pilote de Rallye, mais nous connaissons l’équilibre juste et joueur de cette canaille sur les terrains meubles. Toutefois, le Supertest tranche dans le vif et sanctionne avant tout les performances et l’efficacité. Un exercice globalement effectué avec les honneurs, bien que son chrono de 1’54” ne la place pas – sans surprise – en haut du tableau.

L’avis de Walid Bouarab : 4/5

On n’est pas passé loin de la note maximale. Mais n’allez pas penser qu’il manque un je‑ne‑sais‑quoi à cette GR Yaris pour décrocher la timbale. Sa cote d’amour demeure inébranlable. Et elle rend une copie sans réel faux pas face à nos mesures.
Reste le facteur fun, et tout le génie de cette évadée des rallyes perd de sa superbe sur une piste rapide, bien sèche et contraignante pour le train avant. Sa place est finalement ailleurs, là où elle accomplit le sans‑faute.

Toyota GR Yaris : chiffres sur circuit

Toyota GR Yaris : sa fiche technique

  • Moteur : 3 en ligne, turbo, 12 S
  • Position : avant, transversale
  • Cylindrée : 1 618 cm3
  • Alésage x course : 87,5 x 89,7 mm
  • Rapport volumétrique : 10,5
  • Régime maximal : 7 000 tr/mn
  • Puissance maxi : 280 ch à 6 500 tr/mn
  • Puissance au litre : 175 ch
  • Couple maxi : 39 mkg à 3 000 tr/mn
  • Couple au litre : 24,6 mkg
  • Transmission : intégrale, avec double différentiel (AV/AR), 8 rapports automatiques
  • Autobloquant : non
  • Antipatinage : de série + différentiel à glissement limité
  • AV + AR Suspension AV/AR : MacPherson/essieu multibras, double triangulation
  • Direction : crémaillère, assistance électrique
  • Tours de volant/diamètre de braquage : 2,1/12,2 m
  • Freins AV/AR : disques ventilés avec étriers 4 pistons/ 2 pistons (356/297 mm)
  • Poids annoncé/contrôlé : 1 375/1 318 kg
  • Répartition AV/AR : 61/39 % Rapport poids/puissance : 4,9 kg/ch
  • L - l - h : 3 995 - 1 805 - 1 455 mm
  • Empattement : 2 560 mm
  • Voies AV/AR : 1 536/1 572 mm
  • Pneus : 225/40 ZR 18
  • Réservoir : 50 l
  • Prix de base : 46 300 €
  • Options/malus 2024 : 7 000/60 000 €
  • Prix du modèle essayé : 113 300 €

Retrouvez notre Supertest de la Toyota GR Yaris dans le Sport Auto n°756 du 27/12/2024.

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