Supertest - Toyota GR Yaris (2025) : une copie sans faux pas ?
L'univers du Vigeant est impitoyable. Aussi brillante élève soit-elle, la Toyota GR Yaris a clairement démontré toutes ses capacités. Mais sa voie est ailleurs...
On l’aime. On l’adore ! La
Toyota GR Yaris est une sportive comme on n’en fait plus. Pas
vraiment de compromis, une fiche technique alléchante et une
réussite commerciale inattendue qui permet au constructeur nippon
d’offrir une seconde jeunesse à sa petite GTi.
Celle qui n’aurait dû être qu’un véhicule d’image est parvenue à
trouver son public, même dans nos contrées où le malus dévastateur
ne semble pas avoir entamé la motivation des acheteurs. Inspirée du
Rallye, elle n’a jamais fait les choses à moitié, et sa profonde
mise à jour l’autorise à aller plus loin.
Pour la présenter à l’examen du Supertest, il nous fallait tout
de même dénicher un prétexte. Une excuse qui nous permettrait de
reprendre le volant de cette machine à fun dans les conditions
idéales de notre grand oral.
Et le motif nous a été servi sur un plateau par les ingénieurs
maison, en la forme d’une boîte automatique à 8 rapports ! Si
l’arrivée de cette transmission est surprenante sur un tel modèle,
son architecture l’est encore plus.
Point de boîte robotisée à double embrayage, coqueluche des
sportives, mais une classique unité à convertisseur. Faut-il lui
reprocher cette paresse ? Absolument pas. Si les démarrages façon
catapulte ne sont pas son fort, la partition délivrée par la suite
est plus que louable pour une telle machinerie.
Toyota GR Yaris : tout simplement
Le 1.6, qui lui aussi s’est renforcé les entrailles, trouve ici
un allié de choix. En conditions quotidiennes, lissage, douceur et
à-propos sont de la partie, avec une réelle pertinence sur les
changements importants de rythme.
Même s’il est nécessaire d’être généreux sur les freins pour
enclencher le rétrogradage espéré. On ne regrette finalement pas
trop l’architecture à double embrayage, censée être moins
énergivore mais plus lourde.
D’ailleurs, à noter que cette transmission leste l’ensemble d’une
vingtaine de kilos. Sur le tracé du Val de Vienne, les amateurs du
levier devraient réussir à faire leur deuil sans trop de
difficulté.
Cette GR Yaris BVA n’a rien d’une punition et parvient à exploiter
la gouaille de son bloc thermique grâce à cette transmission
prompte au passage du rapport supérieur.
Sur piste, les tombées de rapport prennent sens, davantage que sur
la route, et l’activation du mode Sport de cette transmission
permet de gagner en rapidité. Pour ceux que cela démangerait
beaucoup trop de rester passifs, les palettes au volant et le
levier de vitesses ordonnent là aussi montées et descentes avec
célérité.
En bref, du très bon boulot. Voilà donc qui donne au 3 cylindres la
possibilité de s’exprimer pleinement. Si l’exercice du banc de
puissance n’a pas délivré le résultat escompté avec « seulement »
267 ch mesurés, l’excellente santé de ce bloc vivant et
communicatif dessine à chaque coup un sourire sur nos lèvres
Le gain de puissance annoncé par la fiche technique (de 261 à 280
ch) ne transfigure pas son comportement, même si le regain de tonus
prend forme sur la seconde partie du compte-tours.
Question de sensations, bien que les chronos l’attestent en partie.
Avec un petit dixième grappillé sur le 400 m D.A. (et deux dixièmes
sur le 1 000 m D.A.) par rapport à la précédente version, l’apport
de la BVA est sensible, surtout au décollage.
Mais les reprises canon et la bonne volonté du moteur jusqu’à 6 500
tr/mn donnent un rythme certain sur le tracé finalement rapide du
Vigeant. La GR Yaris ne semble pas
sous-dimensionnée pour ce dernier, avec un joli 207 km/h enregistré
en fin de ligne droite. Reste une sonorité en définitive discrète à
bord. Elle qui fait de la communication avec son pilote une
priorité, elle aurait pu mieux faire.
Toyota GR Yaris : pas transfigurée
Côté châssis, la Yaris ne propose plus que la configuration
Track de la mouture sortante. Comprenez par là qu’elle n’est
désormais disponible qu’avec les deux différentiels Torsen avant et
arrière et la suspension raffermie. Voilà qui ne devrait pas gâcher
notre plaisir sur la piste du Val de Vienne.
D’autant plus que les réglages des amortisseurs ont été tonifiés et
que la caisse a été rigidifiée (soudure, colle). La répartition du
couple en fonction du mode de conduite a également été
modifiée.
Pour ce qui nous intéresse ici – la position Track –, le couple
n’est plus verrouillé sur un schéma 50/50 mais varie de 60/40 à
70/30 (AV/AR) en permanence. De quoi transfigurer le comportement
de la petite japonaise ?
Pas vraiment. Elle conserve cet avant plutôt sous-vireur, mené par
une direction qui apporte juste ce qu’il faut de réactivité.
L’arrière se montre plus mobile au freinage et aux injonctions
brusques qu’à la remise des gaz.
La piste conciliante du Vigeant n’a pas réellement mis à mal
l’amortissement, qui continue de satisfaire par sa rigueur. Il en
va de même pour le freinage, qui a su tenir le coup malgré les
tours s’enchaînant à bon rythme. La consistance est restée la même,
la course de la pédale n’ayant fini par s’allonger qu’en fin de
journée.
On retrouve au bout du compte ce plaisir quasi oublié d’une voiture
raisonnable sur le Supertest. Nos dernières venues ont surtout été
l’occasion de flirter avec les limites de sportives de haut calibre
ou alors d’énormes engins, surpuissants et très lourds.
La facilité qu’offre cette Toyota apporterait presque un vent de
fraîcheur et remet la pertinence du modèle sous les projecteurs.
Les modifications procurées à cette GR Yaris sont nombreuses,
touchent à divers secteurs et sont pour certaines d’une précision
chirurgicale.
Rien qui transfigure cette auto follement attachante mais qui
prouve à nouveau la justesse de la réflexion venant des ingénieurs.
Cela étant dit, est-ce le meilleur endroit pour profiter pleinement
du quotient fun qu’elle est capable de fournir ?
La question entraînera forcément différentes réponses selon celui
qui en prend le volant. Entre sa maniabilité, sa position de
conduite bien meilleure et le tonus de son bouilleur, on pencherait
pour un grand oui.
Mais son arrière franchement verrouillé à la remise des gaz (Toyota
prône même l’utilisation du véritable frein à main, façon Rallye)
et son museau parfois paresseux nous font regretter les pistes
glissantes.
Non pas que votre serviteur s’imagine être un pilote de Rallye,
mais nous connaissons l’équilibre juste et joueur de cette canaille
sur les terrains meubles. Toutefois, le Supertest tranche dans le
vif et sanctionne avant tout les performances et l’efficacité. Un
exercice globalement effectué avec les honneurs, bien que son
chrono de 1’54” ne la place pas – sans surprise – en haut du
tableau.
L’avis de Walid Bouarab : 4/5
On n’est pas passé loin de la note maximale. Mais n’allez
pas penser qu’il manque un je‑ne‑sais‑quoi à cette GR Yaris pour
décrocher la timbale. Sa cote d’amour demeure inébranlable. Et elle
rend une copie sans réel faux pas face à nos mesures.
Reste le facteur fun, et tout le génie de cette évadée des rallyes
perd de sa superbe sur une piste rapide, bien sèche et
contraignante pour le train avant. Sa place est finalement
ailleurs, là où elle accomplit le sans‑faute.
Toyota GR Yaris : chiffres sur circuit
Toyota GR Yaris : sa fiche technique
- Moteur : 3 en ligne, turbo, 12 S
- Position : avant, transversale
- Cylindrée : 1 618 cm3
- Alésage x course : 87,5 x 89,7 mm
- Rapport volumétrique : 10,5
- Régime maximal : 7 000 tr/mn
- Puissance maxi : 280 ch à 6 500 tr/mn
- Puissance au litre : 175 ch
- Couple maxi : 39 mkg à 3 000 tr/mn
- Couple au litre : 24,6 mkg
- Transmission : intégrale, avec double différentiel (AV/AR), 8 rapports automatiques
- Autobloquant : non
- Antipatinage : de série + différentiel à glissement limité
- AV + AR Suspension AV/AR : MacPherson/essieu multibras, double triangulation
- Direction : crémaillère, assistance électrique
- Tours de volant/diamètre de braquage : 2,1/12,2 m
- Freins AV/AR : disques ventilés avec étriers 4 pistons/ 2 pistons (356/297 mm)
- Poids annoncé/contrôlé : 1 375/1 318 kg
- Répartition AV/AR : 61/39 % Rapport poids/puissance : 4,9 kg/ch
- L - l - h : 3 995 - 1 805 - 1 455 mm
- Empattement : 2 560 mm
- Voies AV/AR : 1 536/1 572 mm
- Pneus : 225/40 ZR 18
- Réservoir : 50 l
- Prix de base : 46 300 €
- Options/malus 2024 : 7 000/60 000 €
- Prix du modèle essayé : 113 300 €
Retrouvez notre Supertest de la Toyota GR Yaris dans le Sport Auto n°756 du 27/12/2024.



