Essai - BMW-Alpina B5 GT (2024) : un baroud d’honneur fracassant !
Pour fêter le départ en retraite de la B5 basée sur la BMW Série 5 G30, Alpina en décline une version B5 GT, limitée à 250 exemplaires. Un peu plus puissante et plus exclusive encore, elle livre un baroud d’honneur fracassant !
Des courbes en aveugle, des enfilades rapides, des virages
relevés qui transportent à Indianapolis et un relief suffisant pour
rappeler que les Pays‑Bas ne sont décidément pas aussi plats
qu’attendu : le circuit de Zandvoort est un magnifique terrain de
jeu.
Surtout avec une monture dont le V8 biturbo de 634 ch ne demande
qu’à raccourcir les rares lignes droites. La monture en question a
beau totaliser 2 055 kg avec son conducteur à bord, voire 100 kg de
plus dans sa déclinaison break Touring, le plaisir d’emprunter ce
ruban d’asphalte qui serpente entre les dunes est immense.
D’autant que ces quelques boucles prennent des allures de tour
d’honneur dont il faut profiter intensément. D’abord, parce que les
250 exemplaires de cette Alpina B5 GT sont d’ores et déjà
vendus. Ensuite, parce qu’elle symbolise le chant du cygne de ce
modèle basé sur la Série 5 G30, qui vient de quitter le
catalogue.
Enfin, parce que rien ne garantit qu’Alpina travaille sur sa
descendante, qui vient d’arriver sur le configurateur BMW. En
cédant ses activités de constructeur à ce dernier à partir du 31
décembre 2025, Alpina ne devrait plus développer beaucoup de
nouveaux modèles d’ici là.
Le traitement Alpina apporte toujours cette once de dynamisme
supplémentaire, sans jamais dénaturer l’esprit initial. Moins
extravertie qu’une M5, la gamme B5 se distingue de la sage Série 5
par ses boucliers et son diffuseur arrière plus enveloppants, ses
teintes spécifiques du nuancier maison dont les fameuses livrées
Alpina Blau Met ou Grün II Met, ses liserés Marron Volciano
disponibles en option gratuite et ses jantes multi‑bâtons 20 pouces
dont les valves sont situées à l’extérieur.
Sur notre série limitée GT, ces célèbres roues adoptent un
traitement Marron Volciano assorti d’un lettrage « B5 GT ». S’y
ajoutent également de petits flaps aux extrémités du spoiler avant
et un traitement noir sur les doubles sorties d’échappement en
titane. Il suffit d’ouvrir la porte pour se sentir en terrain
connu.
Luxe sportif
Point d’énorme dalle incurvée impersonnelle qui équipe désormais
toutes les BMW, mais un bloc
d’instrumentation numérique qui ressemble à une vraie planche de
bord. Son fond bleu foncé fait partie de ces spécificités que l’on
apprécie toujours autant à bord d’une Alpina.
Le tachymètre gradué jusqu’à 340 km/h rappelle aussi qu’une B5 GT
n’est pas du style à enfiler des perles. La livrée Marron Volciano
que l’on retrouve sur les palettes de changement de rapport en
aluminium ou sur les surpiqûres du volant recouvert de cuir
Lavalina compte parmi ces détails qui changent tout.
De même pour les deux plaques numérotées et installées derrière la
molette de l’iDrive et dans le compartiment moteur. Les magnifiques
sièges optionnels réalisés sur mesure pour la B5 GT et facturés 4
650 € participent à rendre cet habitacle unique en son genre.
Ce cocon douillet tranche avec un environnement circuit, même si le
maintien procuré par cette fameuse sellerie spécifique justifie
amplement son surcoût sur les multiples appuis offerts par la piste
de Zandvoort. Comme toujours, le V8 est basé sur le bloc N63 de la
BMW M550i G30 et non pas sur le S63 de la M5, qui vient de sortir
du catalogue.
Il reçoit de profondes évolutions techniques, notamment au niveau
de son refroidissement, pour porter son cheptel à 621 ch pour 81,5
mkg de couple. Celui de notre GT y ajoute une électronique revue et
une admission redessinée (collecteur et entrée d’air), permettant
de gagner encore 13 ch et 5 mkg de couple
Sa force herculéenne disponible dès 2 000 tr/mn impressionne
d’autant plus qu’elle ne faiblit pas jusqu’à 6 500 tr/mn. Son punch
et son effet turbo semblent plus marqués que dans une M5 CS, plus
puissante d’un petit cheval, et la poussée des 634 ch apparaît un
peu plus consistante qu’à bord d’une B8 Gran Coupé, dont les 621 ch
ont 120 kg de plus à emmener par rapport à une berline B5 GT.
L’échappement sport, constitué d’un silencieux intermédiaire
spécifique et des deux doubles sorties en titane, rend la sonorité
plus sourde et profonde.
Bonne surprise
Impossible, hélas, de tester le confort tant vanté par Alpina
sur une piste qui impose de mettre la suspension pilotée maison sur
ses curseurs les plus sportifs. Toujours est-il que la faculté du
V8 d’effacer les graduations jusqu’à plus de 230 km/h en ligne
droite fascine, d’autant plus que la voiture ouvreuse prenait soin
d’anticiper les freinages pour ménager les garnitures de nos B5 GT.
A bord de celles-ci, la boîte automatique ZF à 8 rapports apparaît
plus réactive en mode manuel que celle de la B8.
Les passages plus rapides et les rétrogradages plus francs offrent
davantage de promiscuité avec la mécanique, tout en l’exploitant
mieux. C’est pourtant bel et bien la partie châssis qui
impressionne le plus. Sans être une pistarde radicale et
tranchante, la B5 GT donne du plaisir dans un environnement pas
spécialement conçu pour mettre en avant toutes ses qualités
Les renforts situés entre les tourelles de suspension et la partie
avant du compartiment moteur participent à rigidifier le train
directeur et à le rendre un peu plus informatif. La direction
permet de mieux ressentir le potentiel des pneumatiques Pirelli
PZero développés spécifiquement pour Alpina que celle des BMW.
La B5 GT s’inscrit bien volontiers dans la grande épingle de Tarzan
au bout de la ligne droite ou dans le petit virage relevé de
Hugenholtz avec l’aisance d’une berline de la catégorie inférieure.
Sa poupe, qui accompagne le mouvement, se place au besoin en
rentrant sur les freins, avant de se déhancher en sortie en
insistant franchement sur l’accélérateur.
Le typage de sa transmission intégrale, qui privilégie l’arrière, y
ajoute une pointe d’agilité appréciable. Elle ne peut certes pas
désactiver son pont avant et devenir une propulsion sauvage comme
la M5, mais son aspect ludique la rend suffisamment enjouée.
La grisante enfilade qui suit ce fameux virage de Hugenholtz passe
presque à fond sans jamais avoir à effleurer la pédale de gauche.
Ce sont pourtant bien les freins qui risquent de sonner la fin de
la récréation, mais il suffit de les ménager assez pour faire durer
le plaisir. A bord d’une B5 GT qui donne furieusement envie de
vivre intensément, cette retenue n’a rien d’une punition.
Reste alors le choix de la carrosserie. La berline apporte
peut-être une pointe de dynamisme supplémentaire face au break
lesté de 100 kg, mais ce dernier, qui bénéficie d’une hauteur de
caisse rabaissée à l’arrière, remplit un vide dans la gamme
BMW.
En l’absence de toute M5 Touring, il propose une alternative
redoutable à l’Audi RS 6, avec cette pointe de raffinement et
d’exclusivité unique. Seul problème, l’intégralité de la production
de la B5 GT est déjà vendue, et le plus dur sera donc certainement
de trouver une de ces deux carrosseries sur le marché de
l’occasion.
L'avis de notre essayeur Jacques Warnery
La B5 GT n’est peut-être pas sauvage comme son homologue de chez BMW M, mais ce galop d’essai permet de se rendre compte que son châssis est aussi abouti. Elle y ajoute davantage de punch mécanique et une pointe d’exclusivité, surtout dans la carrosserie Touring, sans concurrence. La recette 100 % thermique de la B5 GT donne envie de profiter de l’instant présent tant qu’il en est encore temps !
BMW-Alpina B5 GT (2024) : fiche technique
- Moteur : V8 biturbo, 32 S
- Cylindrée : 4 395 cm3
- Puissance maxi : 634 ch à 5 500 tr/mn
- Couple maxi : 86,6 mkg de 3 500 à 5 000 tr/mn
- Transmission : intégrale, 8 rapports automatiques
- Antipatinage/autobloquant : de série (déconnectable + contrôle de trajectoire/en option à l’arrière
- oids annoncé : 1 980 kg (Touring : 2 080 kg)
- Rapport poids/puissance : 3,2 kg/ch (Touring : 3,4 kg/ch)
- Réservoir : 68 l
- L - l - h : 4 978 - 1 868 - 1 466 mm
- Empattement : 2 975 mm
- Pneus AV & AR : 255/35 & 295/30 ZR 20 (Touring : 285/30 ZR 20)
- Prix de base : NC (Touring : 151 300 €)
- Prix des options/malus : 18 600/60 000 €
- Prix du modèle essayé : non communiqué (Touring : 229 900 €) (malus compris)
- V. max. : 330 km/h (Touring : 328 km/h)
- 0 à 100 km/h : 3”2 (Touring : 3”4)
Retrouvez notre essai de la BMW-Alpina B5 GT dans le Sport Auto n°745 du 26/01/2024.


