Michel Nandan explique les assistances hydrauliques
Encore plus que sur les modèles de série, les assistances
hydrauliques jouent un rôle capital dans le fonctionnement d'une
WRC. L'ingénieur en chef de Peugeot Sport, Michel Nandan,
explique
Quelle est l'utilité d'une assistance hydraulique sur la 307 WRC
?
L'hydraulique sert en priorité à asservir un ensemble de fonctions
mécaniques pour les rendre plus facilement utilisables. Si, en
série, on met surtout l'accent sur le confort d'utilisation du
conducteur, en compétition, sur la 307 WRC, on va s'attacher en
priorité à faire gagner du temps au pilote, dans chaque geste qu'il
aura à accomplir.
Comment cela fonctionne-t-il en rallye ?
Comme en série, le freinage fait appel, bien évidemment, à un
réseau spécifique, tandis qu'on utilise aussi de l'hydraulique à
l'intérieur des amortisseurs faits maison. Mais pour le sujet qui
nous occupe, nous employons, comme c'était déjà le cas dans la 206
WRC, deux circuits hydrauliques complètement indépendants : l'un
est exclusivement dédié à la direction, tandis que l'autre commande
les autres parties asservies : différentiels, boîte de vitesses, et
barres antiroulis. Ce double réseau évite de perturber tous les
éléments de la voiture en cas de panne. En outre, en cas d'avarie
au sein de chacun des systèmes, des modes défaut permettent
également d'éviter un abandon, mais pas, hélas, de perdre beaucoup
de temps, lorsque un incident se produit
Pourquoi une WRC sans direction assistée est-elle si pénalisante
?
Parce que toute la cinématique de direction est conçue pour
fonctionner avec une assistance hydraulique. Cela permet d'utiliser
des lois de direction très poussées, qui donnent de meilleurs
résultats. A l'inverse, une panne oblige le pilote à faire
d'énormes efforts musculaires qui lui font perdre efficacité et
précision.
Si le freinage est essentiellement commandé par le pilote,
lorsqu'il actionne la pédale, comment les autres systèmes sont-ils
gérés ?
Le freinage fait appel à un circuit fermé classique. Pour les
autres éléments, la pression est générée par une pompe mécanique.
Une valve, pilotée électriquement, permet de laisser passer du
fluide hydraulique vers des actuateurs. On génère plus ou moins de
déplacement de fluide dans le système, pour obtenir le rendement
désiré. C'est là que l'électronique est primordiale : en rallye, on
peut adapter chaque réglage en fonction des différentes conditions
d'utilisation.
Mais encore ?
Plusieurs modes de fonctionnement, définis à l'avance, sont
programmés dans la centrale électronique de la voiture. En
spéciale, le pilote dispose, par exemple, de plusieurs
configurations des différentiels : chacune d'entre elles commande
l'effort hydraulique adéquat sur l'élément mécanique concerné. En
fonction des conditions de route, asphalte, terre caillouteuse ou
glace vive, l'assistance doit permettre au pilote de limiter
l'effort à fournir, tout en gardant suffisamment de 'feeling' pour
bien ressentir le comportement de sa voiture. Une alchimie à
trouver : accélérations, angle au volant, vitesse
une multitude de
paramètres, enregistrés par des capteurs, transitent par le
calculateur électronique, lequel détermine l'impulsion électrique
qui commandera l'ouverture hydraulique appropriée.
Certains rallyes sont-ils plus exigeants que d'autres pour le
système ?
Lorsqu'on génère une puissance hydraulique, on chauffe le fluide.
Plus le terrain sera chaotique, sinueux et la température élevée,
plus la direction sera sollicitée. C'est notamment le cas à Chypre
ou en Grèce. Cela dit, les fluides que Total, notre fournisseur de
lubrifiants, met à notre disposition ne posent en général pas de
problème. Hormis quelques légères améliorations ciblées, ils sont
très proches de ceux utilisés en série, dont la qualité de base est
aujourd'hui excellente.
N'est-ce pas une pression trop importante qui a provoqué les soucis
que vous avez rencontrés lors des rallyes précédents ?
Les pressions des fluides hydrauliques sont réglementairement
limitées à 150 bars, soit moins que beaucoup de voitures de série.
Si les problèmes qui nous ont affectés concernaient des fuites à
plusieurs endroits, ce n'est pas une histoire de tuyau percé qui va
céder plus loin lorsqu'on colmate une fuite. Nous maîtrisions bien
ce système, directement dérivé de celui employé sur la 206 WRC, et
nous n'avions pas connu de problème en une année complète d'essais.
Nous avons d'abord pensé, à tort, à un manque de solidité de tel ou
tel composant. En fait, nos participations en rallye ont révélé que
l'implantation mécanique de la 307 WRC, soumis à des vibrations
parasites, mettaient à mal la fiabilité de divers éléments. Nous
avons tout fait pour éradiquer le problème avant la
Nouvelle-Zélande.
Peugeot SPORT


