Ron Dennis, l'interview sur le grill
Pouvez-vous expliquer le problème qu'a connu la monoplace de
Lewis Hamilton pendant le grand prix.
La boîte de vitesses s'est, de façon éronnée, retrouvée subitement
au point mort. Nous ne savons pas encore ce qui a pu se passer,
pourquoi une mauvaise information a été envoyée à la boîte de
vitesses.
Ne pourrait-ce pas être une erreur de Lewis Hamilton dans la
sélection des vitesses ?
Il n'a rien fait qui ait pu entraîner ce problème de boîte. Il a
même été très prompt à réagir au bon moment pour relancer le
système et reprendre son rythme. Nous avons mis un peu de temps
pour vraiment adopter la solution idéale.
La stratégie à 3 arrêts de Lewis a surpris beaucoup de monde.
Admettez-vous avoir commis une erreur ?
Je sais qu'en F1, il y a beaucoup d'experts (!!) et qu'ils ont la
critique facile mais la réalité est que passer de 2 à 3 arrêts pour
Lewis était la meilleure chose à faire. Après son problème, il
s’est retrouvé 18e, à 33 secondes de Fernando et en fin de peloton.
A l’arrivée, il termine à 20 secondes d’Alonso, alors que ce
dernier a réalisé une course parfaite. Lewis lui a donc repris 13
secondes avec sa stratégie à un arrêt de plus. Il devait dépasser
ses concurrents le plus vite possible, pour ne pas détruire ses
pneus. Nous lui avons permis de le faire avec moins d’essence
embarquée.
Pourquoi McLaren a-t-elle été à ce point dominée par les Ferrari à
Interlagos ?
Il y a une explication pneumatique. Lorsque vous menez la course,
vous pouvez bien mieux gérer l'équilibre de votre voiture que
lorsque vous êtes en position de chasse et dans le trafic. Votre
flux d'air est alors sans cesse perturbé, vous changez de
trajectoire et la voiture ne se comporte plus comme elle est censée
le faire. Du sous virage, puis du survirage et la dégradation
pneumatique est plus importante que prévue.
McLaren n'a-t-elle pas perdu toute seule ce championnat ?
Là encore, regardez les faits. McLaren a été exemplaire en
fiabilité cette saison. Fernando n'a pas eu un seul souci
mécanique. C'est un fait que personne ne peut remettre en cause.
Lewis, lui, en a connu un, c'est vrai au mauvais moment. La
compétition a été très serrée cette année. Personne n’a entraîné
cette défaite. Nous avons gagné des courses dans des conditions
difficiles, et perdu certaines. Nous y étions presque.
La cohabitation Hamilton/Alonso a paru plus difficile à gérer que
celle de Prost/Senna...
On ne peut pas comparer les hommes, ni les deux époques.
Aujourd'hui, le problème vient d’internet. Je ne critique pas les
médias en général, mais il y a, sur internet, trop de fausses
informations incontrôlées. On passe notre temps à démentir et à
commenter des fantaisies. Cela crée sans cesse un surplus de
pression. Mais je suis très fier de comment McLaren a géré cette
pression. Elle n'a eu aucun effet sur les performances en
piste.
Croyez-vous que la situation peut rester ainsi chez McLaren l'an
prochain ?
Oui, je ne vois aucun problème.


