F1 - Les "triple headers" peuvent-ils causer des problèmes de santé ?
Ce week-end, la F1 débarque sur le circuit de Barcelone à l'occasion du Grand Prix d'Espagne, débutant le premier "triple header" de la saison 2024. Une période intense qui peut s'avérer difficile pour les équipes comme pour les pilotes.
C’est le retour de la Formule 1 ce week-end sur le Circuit de Barcelona-Catalunya. Après une pause de deux semaines suite à un flamboyant Grand Prix du Canada, la discipline-reine s'embarque pour son premier triple header, à savoir trois week-ends de course d'affilée.
Triple header : quels sont les risques ?
Présents depuis quelques temps en F1,
les triples headers ne sont pas appréciés de
toutes et tous dans le paddock. Notamment par les patrons d’écurie.
"Je ne pense pas que ce soit une bonne idée", avait ainsi
déclaré en 2020 Guenther Steiner, l'ancien team
principal de l'équipe Haas.
"De mon point de vue, nous devrions les éviter complètement,
encore une fois pour réduire le fardeau de nos
employés", ajoute l'ancien patron de l'équipe de McLaren
aujourd'hui chez Sauber, Andreas Seidl. "Le
calendrier devrait essayer de se passer en évitant tout triple
header."
En 2024, le calendrier-record de 24 courses inclut deux
triple headers. Le premier se déroule
intégralement en Europe, sans décalage horaire. Mais les
trois dernières courses de la saison se tiendront à Las
Vegas puis au Qatar et à Abou Dhabi. Calculs à l'appui,
cela représente pas moins de 10 h de voyage entre
les deux premiers, et 17 h pour le deuxième.
Nos confrères du magazine Autosport se sont entretenus sur
le sujet avec le responsable de la science du sport à la
Sport Science Agency, le Dr Tom
Brownlee, en collaboration avec le Dr Dan
Martin, propriétaire de Combine
Performance qui travaille avec les équipes et pilotes
de F1.
Le premier a déclaré : "le plus gros problème est la fatigue
physique. Au fur et à mesure que le temps passe à la troisième
semaine, il y a toujours des corps très fatigués et cela comporte
un risque accru de blessure, en particulier le bas du dos, les
genoux et les poignets sont fréquents."
Du fait de
l’éloignement avec la famille, la fatigue combinée avec le manque
des proches peut créer des tensions au sein même
de l’équipe. Ils vivent ensemble et travaillent ensemble, les nerfs
peuvent parfois être à vifs. La cohésion de l’écurie est alors à
risque entachée et le travail pourrait s’en ressentir.
Des solutions pour alléger le personnel ?
Si enchaîner les courses peut
augmenter les risques de blessures et problèmes de
santé, certaines solutions peuvent être mises en place par
les écuries. Elles ont toutes accès à des entraineurs de
performance et experts pour les aider à faire attention aux pilotes
et employés. Notamment pour supporter le changement horaires comme
entre le Qatar et Las Vegas.
Dan Martin l’a confirmé : "nous avons des stratégies de
décalage horaire. Bien que des efforts aient été faits pour
régionaliser les courses tout au long de l'année, le personnel fait
encore beaucoup de "balancement de temps, en allant d'avant en
avant entre les courses."
A défaut d'un règlement concret,
chaque écurie est libre de gérer les triples
headers comme elle veut. Mais il est conseillé
de réduire le nombre de courses par personne (que
sur 18 courses au lieu de 24, par exemple). Le personnel de
remplacement pourra très bien prendre leur place le temps de
quelques grands prix.
Le médecin de Sport Science Agency donne ses
conseils : "entre les deux, donnez un jour ou un jour
et demi de congé si c'est possible avec des heures de début de
journée décalées. Seulement 45 à 60 minutes
supplémentaires les jours où c'est possible. Si cela est accordé,
les membres de l'équipe doivent utiliser ce temps de manière
judicieuse et responsable."
Les conditions dans lesquelles
les équipes sont logées sont tout aussi importantes. Si chaque
personne à sa chambre d’hôtel, cela facilite le repos qui est
généralement court. Alors que s’ils sont plusieurs par chambre, ça
va empêcher un véritable repos. Même si l’impact de ces
triple headers n’est pas prouvé, les
équipes ont des solutions pour protéger leur
personnel.


