GP du Brésil F1 1991 : le jour où Ayrton Senna a triomphé sur une McLaren blessée

Publié le 6 novembre 2025 à 17:30
Ayrton Senna : sa mythique McLaren MP4/6, victorieuse au Brésil 1991, aux enchères !

Homme vs machine : le Grand Prix du Brésil 1991 de Formule 1 ne pourrait mieux résumer la victoire du pilote sur sa mécanique lorsque Ayrton Senna l'emporta à domicile au volant d'une McLaren MP4/6 blessée au combat...

En cette semaine de Grand Prix du Brésil de Formule 1, Sport Auto remonte le temps, en route vers l'une des éditions les plus mémorables (et elles furent nombreuses !) de l'épreuve disputée du l'Autodromo Carlos Pace d'Interlagos, à Sao Paulo.

Ayrton Senna : sa célèbre McLaren MP4/6 à vendre

Les têtes pensantes de la maison RM Sotheby's ont eu le nez fin en choisissant cette semaine de l'année, à la veille de la 21ème manche du Championnat du monde, pour annoncer la mise en vente prochaine d'un sacré morceau d'histoire de la F1.
Comme vous pouvez le lire dans nos colonnes, c'est une des monoplaces les plus mythiques qui s'apprête à faire vriller les enchères : la McLaren-Honda MP4/6 avec laquelle Ayrton Senna triompha à domicile en 1991.
Cette 28ème victoire en F1, sur 41, le natif de Sao Paulo alla la chercher au plus profond de ses tripes, la faute à des conditions météo peu clémentes et, surtout, une boite de vitesse bloquée sur le sixième rapport en fin de course !
Car l'attente fut longue pour Senna. Malgré deux titres mondiaux et une pluie de victoires et pole, jamais le Brésilien n'était parvenu à remporter son Grand Prix national, depuis sa première apparition en 1984, au volant d'une Toleman, jusqu'à cette fameuse saison 1991. Entre problème mécanique, sortie de piste, ou simple destin cruel : la malchance était toujours là.

GP du Brésil F1 1991 : pilote vs machine

1991 : Interlagos intervient en guise de deuxième épreuve de la campagne, débutée dans les rues de Phoenix où Senna s'est d'emblée imposé. Gonflé à bloc par le soutien du public, il signe une nouvelle pole position à domicile.
Au feu vert, il prend le large mais doit composer avec la pression des Williams. Bien décidé à lui mener la vie dure, Nigel Mansell ne lâche pas d'une semelle pendant près de 50 tours, jusqu'à ce qu'une crevaison ne précipite son abandon.
Au fil des tours, le ciel se noircit et la pluie s’invite, transformant le tourniquet pauliste en véritable patinoire.
Senna s'accroche en tête
. Au 60ème passage, la malchance frappe à nouveau : sa boîte de vitesses commence à se bloquer ! D’abord la quatrième vitesse disparaît, puis la troisième, et la cinquième. Il ne lui reste alors plus que la sixième !
Déterminé à rallier l'arrivée en vainqueur, le double Champion du monde adapte son pilotage avec finesse et maîtrise, négociant chaque virage sur un seul rapport, tout en gérant le couple de son V12 pour l'empêcher de caler...

GP du Brésil F1 1991 : la délivrance, dans la douleur

Sous une pluie de plus en plus forte, Senna parvient à maintenir son avance sur un Ricardo Patrese lancé à sa poursuite. Les dernières boucles sont un calvaire pour le leader dont les bras et épaules sont tétanisés sur le volant.
Sans assistance de direction et bloqué dans un rapport unique, il lutte contre sa McLaren qui n'en veut plus, contre les crampes et le chrono qui tourne. Jusqu'à la délivrance et ce drapeau à damier tant attendu !
Quand il franchit la ligne d’arrivée, le public est en délire. Dans le cockpit, Senna pousse un cri de douleur et d’épuisement à la radio, entendu en direct lors de la retransmission en mondovision !
Epuisé mentalement et physiquement, il immobilise sa machine meurtrie dans la ligne droite du circuit. Les commissaires de piste accourent pour l'aider à s'extraire de son cockpit. Les doigts crispés sur le rebord de son habitacle, il nécessite même l'aide du personnel pour retirer son casque et ses gants.
Les caméras de télévision sont là pour immortaliser le moment où Senna montre enfin son visage, marqué par le soulagement mais aussi par le terrible effort fourni. Emmené vers le podium, il puise dans ses dernières forces pour recevoir son trophée, qu'il a toutes les peines du monde à brandir devant ses milliers de supporters.

"C’était la course la plus dure de ma vie. Mais je ne pouvais pas abandonner ici, pas devant mon peuple", confiera-t-il plus tard.

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À propos de l’auteur
Guillaume Alvarez
Guillaume Alvarez
Rédacteur-Editeur pour Sport Auto, l'Auto-Journal et F1i. Je partage mon temps entre l'écriture, le reportage et les circuits, la plume et le micro portés par la passion de l'automobile et de la compétition, du Karting à la Formule 1, en noir et blanc comme en couleurs.
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