Un propriétaire de Valkyrie porte plainte contre Aston Martin... à cause du bruit !
Un propriétaire d’Aston Martin Valkyrie porte plainte contre la marque… à cause de son bruit… et d’un accident évité de justesse !
3,5 millions de dollars, 1.160 chevaux, un moteur de F1 et… des écouteurs obligatoires. Une hypercar de rêve qui vire au cauchemar juridique, avec ambulance, pannes électriques et tribunal régional. Bienvenue dans le monde de l’Aston Martin Valkyrie.
Le rêve Aston Martin à 3,5 millions… pour 441 kilomètres
Certaines histoires paraissent trop absurdes pour
être vraies. Celle de M. Kunze, propriétaire allemand d’une Aston
Martin Valkyrie, en fait partie. Ce sont nos confrères d'Handelsblatt qui
nous racontent ce qu'il s'est passé. Il voulait vivre une
expérience de conduite unique. Approcher le frisson d’une Formule 1 sur route
ouverte. Il s’est retrouvé avec un véhicule presque inutilisable.
Des problèmes électroniques à la pelle, et un presque drame
avec une ambulance. Aujourd’hui, il attaque Aston Martin en justice.
Et le constructeur britannique campe sur ses positions.
Lorsque Kunze signe en février 2022 un bon de commande à 3
millions d’euros pour sa Valkyrie, il croit acheter un
chef-d’œuvre technologique. Un V12 atmosphérique développé par Cosworth, culminant à 11.000
tr/min, flanqué d’un système hybride KERS de 160 chevaux. Le tout,
pour une puissance combinée de 1.160 chevaux. Une F1
homologuée pour la route. Sur le papier, rien de
mieux.
Mais sur le bitume, le rêve se lézarde vite. Dès les premiers
kilomètres, voyants d’alerte, erreurs système, défaillance haute
tension. La voiture passe plus de temps sur une dépanneuse que sur
la route. Résultat ? En trois ans, 441 kilomètres
parcourus. À ce prix-là, on peut comprendre que chaque
mètre devient douloureux. Mais c’est presque normal pour une pièce
mécanique aussi pointue.
Le casque… pour entendre la route
La Valkyrie est si extrême que son niveau sonore
interdit une conduite sans casque spécial. Ce casque,
fourni par Aston Martin, se connecte à des micros extérieurs pour
permettre au conducteur d’entendre ce qui se passe autour
de lui, tout en étant isolé du vacarme assourdissant du V12 Cosworth.
Mais le 24 août 2024, le système tombe en panne. Kunze
n’entend pas l’arrivée d’une ambulance en urgence.
L’accident est évité de justesse, uniquement grâce à la réactivité
du chauffeur du véhicule médical. Depuis ce jour, Kunze refuse de
conduire la voiture, qu’il considère comme dangereuse pour lui. Et
pour les autres.
Ce n’était pas un incident isolé. Le dossier juridique est
lourd : problèmes électriques récurrents, système haute tension
défaillant, suppression du « Rocket Locker », un
dispositif qui empêche l’effondrement de la suspension en cas de
coupure. Et même endommagement de la voiture durant le transport
vers l’atelier.
La réponse d’Aston Martin ? La
voiture a été livrée « sans défauts », et tout le reste
serait soit de l’usure, soit la faute du client.
Le prix de la performance Aston Martin… à vos risques et périls
Plus étonnant encore, Aston Martin ne semble pas voir
d’inconvénient à cette situation. Un porte-parole aurait
déclaré que les clients parcourent rarement plus de 1.000
kilomètres par an avec leur Valkyrie.
Comprendre : cette hypercar n’est pas faite pour rouler, mais pour
trôner dans un garage climatisé, à côté d’une montre Richard Mille
et d’un scotch ou d’un vin millésimé.
Et si vous roulez quand même ? Comptez sur un remplacement
de la transmission après 50.000 kilomètres. Ou pas. À vrai
dire, avec ce genre d’histoires, il semble peu probable que
quelqu’un y arrive.
Le conflit est désormais devant le tribunal régional
d’Aix-la-Chapelle. Aston Martin exige que l’affaire
soit jugée en Grande-Bretagne, conformément à la clause du
contrat. Mais Kunze invoque le droit européen, qui lui permet de
saisir la justice de son pays. L’enjeu dépasse la réparation.
Il veut l’annulation pure et simple de la
vente.
Le tribunal a proposé un accord amiable. Kunze a refusé. « Je
ne veux pas discuter de voiture, je veux juste en profiter »,
a-t-il déclaré. Une phrase qui résonne étrangement dans le
monde de l’automobile de luxe, où l’expérience client est
censée être aussi exceptionnelle que le produit. Surtout chez Aston
Martin.
Ainsi, la Valkyrie est une prouesse
technique. Mais aussi un avertissement. Dans la quête du
toujours plus, plus vite, plus fort, plus extrême, certains
constructeurs semblent oublier que leurs clients veulent
aussi rouler. Simplement. Cette affaire est bien plus qu’une
querelle contractuelle.
C’est la collision entre le rêve et la réalité. Entre l’hypercar d’ingénieurs… Et la voiture d’un homme qui voulait juste s’amuser.



