Cette Aston Martin DB5 restaurée s’évalue aujourd’hui à un prix mirobolant
Achetée 900£ par un ado gallois et laissée des décennies devant sa maison, cette Aston Martin DB5 raconte un incroyable grand écart automobile. Comment les ateliers Aston Martin Works l’ont fait renaître ?
Garée devant une maison du nord du Pays de Galles, sous la pluie et le vent, une Aston Martin DB5 de 1965 a passé des décennies à se dégrader, au point de devenir presque un décor oublié du quartier. Sa silhouette de voiture de James Bond ne la sauvait plus des bosses, de la rouille ni des jeux des enfants... Derrière cette DB5 se cache pourtant l’histoire d’un adolescent obstiné, le Gallois John Williams, qui l’a achetée en 1973 pour seulement 900 £ après avoir économisé pendant plus d’un an. Utilisée au quotidien puis abandonnée sur l’allée à partir de 1977, la voiture a fini par être confiée à Aston Martin Works. Comment cette DB5 laissée à l’abandon est-elle devenue un trésor pareil ?
Aston Martin DB5 restaurée : le rêve d’ado de John Williams acheté 900 £
Adolescent au début des années 1970, John
Williams n’avait qu’une voiture en tête : une Aston Martin DB5
restaurée, comme celle popularisée par James Bond dans
Goldfinger. Soudeur au Pays de Galles, il accepte toutes
les heures supplémentaires possibles, se prive de sorties et met de
côté chaque pound. En septembre 1973, à 19 ans, il réunit 900 £,
l’équivalent d’environ 15 000 £ actuels, et prend le train pour
Londres afin d’acheter un exemplaire de 1965
repéré dans une annonce.
La voiture a tout pour faire rêver : berline Silver Birch, conduite
à droite, moteur Vantage avec carburateurs Weber, vitres
électriques Sundym et jantes à rayons. Un combo rarissime, puisque
sur les 1 022 DB5 produites, seulement 887 sont des berlines et à
peine 39 réunissent cette configuration Silver Birch, moteur
Vantage et volant à droite. John Williams en fait sa voiture de
tous les jours pendant environ quatre ans, jusqu’à ce qu’un travail
au Moyen-Orient l’oblige à partir en 1977, en laissant la DB5 à la
maison.
Aston Martin DB5 laissée sur une allée pendant des décennies avant la restauration
La voiture reste alors garée devant la maison
familiale, exposée à tous les temps, sans abri. Les années
passent, la peinture blanchit, la rouille gagne du terrain et
l’habitacle se dégrade. L’Aston devient même un
terrain de jeu : "Les enfants des voisins venaient jouer, et
ils jouaient sur elle. Ils sautaient sur le capot. L'un s'est tenu
en équilibre sur le pot d'échappement et l'a cassé !", a
raconté Sue Williams, son épouse.
Malgré des propositions d’achat répétées, Sue
Williams le pousse à garder l’auto en lui lançant :
"tu n'en auras jamais une autre". John
Williams, lui, vit de plus en plus mal de voir son rêve de
jeunesse se transformer en épave devant son garage. "Au fil du
temps, mon objectif est devenu de la faire restaurer, pour pouvoir
la conduire de nouveau. Comme je tiens un garage, j'étais un peu
honteux de l'avoir laissée se retrouver dans cet état. J'ai
travaillé dur pour l'acheter, et nous avons travaillé dur pour la
faire réparer", explique-t-il. Mais entre la vie de famille et
le travail, le projet reste repoussé pendant des décennies.
La bascule arrive tout récemment : la DB5 est envoyée à
Aston Martin Works, à Newport Pagnell,
le site historique où ont été assemblés plus de 13 000 modèles
classiques de la marque.
Arrivée fin 2022, la voiture subit une
restauration "bare metal" qui s’étale sur près de trois ans et plus
de 2 500 heures de travail. Châssis, cadre Superleggera, panneaux
de carrosserie en aluminium formés à la main, peinture, sellerie,
groupe motopropulseur : chaque élément est repris pour retrouver
les spécifications d’origine de 1965, voire un niveau de finition
supérieur à celui de l’époque.

Les sources évoquent un coût de restauration d’environ 400 000£, mais le résultat change totalement le destin de la voiture. Cet exemplaire, déjà rarissime sur le papier, est désormais estimé jusqu’à 1 million de livres sterling, soit plus d’un million d’euros. Pour John Williams, qui avait déboursé 900 £ en 1973, l’émotion dépasse largement la question financière : "Eh bien, cela a mis longtemps à arriver, longtemps à être économisé, mais cela a valu chaque penny. C'est juste extraordinaire. Cela fait probablement presque 50 ans que je n'ai pas conduit cette voiture, mais l'expérience est phénoménale. C'est juste... incroyable. Ma fille est de retour et elle roule à nouveau ! De retour à sa gloire d'antan", confie-t-il, heureux de reprendre enfin le volant de sa DB5.


