Sport Auto Experience : retour sur un "track day" de folie sur le circuit Bugatti

De la petite Toyota GR Yaris à la Quarkus revenant de son aventure à Pikes Peak, elles étaient en nombre et en qualité au dernier "track day" de 2024 organisé par le magazine Sport Auto sur le circuit Bugatti du Mans. Retour en bons mots.
C'est à croire que c’était la dernière sortie avant l’hiver. Quoique... on en connaît qui n’attendent que ça. Bref, vous étiez presque une centaine de participants. En nombre d’automobiles s’entend car, si l’on comptabilise pilotes, conjoints, amis, invités et autres sympathisants, nous arrivons vite à 250 participants. Beau chiffre.
Et si l’on aborde la qualité du plateau et que l’on attribue des points en fonction du jouet, de sa valeur et du respect qu’il inspire, de sa rareté et du plaisir de la surprise ou des souvenirs qu’il ravive, on obtient un score riche de passion et d’émotions. On sent bien qu’on est au Mans, chez Porsche en quelque sorte.
Il y a un bataillon d’armes de guerre, sur circuit bien sûr, même si certaines sont venues par la route. Beaucoup l’ont fait d’ailleurs. C’est une façon de concevoir le track day : on sort la belle, et ce que l’on ne se permet pas sur route ouverte, on s’en affranchit sur piste : à donf et même plus. On trouve là des 911 de tous âges et de tout poil, avec ou sans turbo, avec levier de vitesses ou palettes, ventilateur ou pompe à eau, qu’importe le flacon…
Une vraie succursale doublée de son musée. Sans omettre une flopée de petits Cayman. Petits mais mordants car il s’agit pour la plupart de GT4 voire GT4 RS. Il y a là un bon quart du plateau. La bonne surprise, et on ne peut pas la manquer, car elles sont bien regroupées, les Alpine, pas toutes bleues, qui couvrent un demi-hectare.
Bon, dit comme cela, ça fait un peu Marseillais. N’empêche, autant les empotées dieppoises restent discrètes en F1, autant la marque a trouvé la bonne recette pour les track days et les routes qui y mènent. Cocorico !
Et pas loin du quart de plateau aussi. Bien sûr, on découvre quelques pépites : Ferrari 812 Superfast, au pluriel s’il vous plaît, de petites GTB aussi, 488 et 296. Y’a pas à dire, ils piquent toujours les yeux, les joyaux dessinés chez Pininfarina.
Difficile d’être blasé… et nous n’y tenons pas du tout d’ailleurs. Note, les petites Lamborghini interpellent toujours, d’autant qu’elles ne sont pas légion. Mais une STO compte triple, non ?
Vivement 2026 !
Parmi les partenaires de cet événement Sport Auto Experience, une nouvelle arme absolue amenée par Quarkus. Cet engin, créé de toutes pièces par Damien Alfano et son équipe, l’a été pour les track days.
Pour l’heure, la P3 reste le prototype qui a osé aller se frotter au Pikes Peak Climb, et qui n’est pas venu au Bugatti par ses propres moyens. Cela, ce n’est pas prévu avant 2026. Alors, on croise les doigts et on y croit très fort, à cette incarnation du « le poids c’est l’ennemi » d’Emile Mathis ou du « light is right » de Colin Chapman.
Après ce petit tour de paddock, c’est l’heure du briefing délivré avec sérénité et clarté par Maxime de l’ACO. La classe est sage. Les anciens ne font pas les fanfarons, les novices épongent attentivement les consignes de sécurité. Car, s’il y a une majorité d’aguerris, sont aussi venus des conducteurs qui n’ont jamais tourné sur le Bugatti et même pour quelques-uns, jamais piloté sur circuit.
Qu’à cela ne tienne, tous sont les bienvenus et il faut que tous y trouvent leur compte de sensations. Une nouveauté pour faciliter le vivre ensemble, un autocollant, ni A, ni L, ni 90, mais jaune barré d’une croix de saint André. Roulez, jeunesse.
Moteurs, la séance matinale débute par un tour de piste à la queue leu-leu. Ensuite, chacun donne libre cours à son tempérament, ou à celui de sa bête. Et puis il y a les chemises rouges de Christophe Tinseau et sa bande, merveilleusement disponibles pour indiquer, corriger, voire emmener à la demande.
Un vrai bonheur partagé, y compris du bord de la piste. Et ils sont efficaces car, même la chicane Dunlop au bout des stands, ne semble plus avoir de secret pour grand monde. Les GT2 et GT3 sont enragées et le hurlent en six majeur. Autre six majeur, celui de la M3 Breizh Bull : joli clin d’œil.
(Faux) départ Le Mans
Le chef de piste siffle la fin de la mi-temps. Il est temps d’organiser la parade autour du Bugatti, pour venir ranger les autos en épi le long du mur des stands, d’aller s’aligner de l’autre côté de la piste et de simuler un départ couru comme au bon vieux temps. Avec tout de suite à l’esprit, l’immense Graham Hill qui avait sauté dans sa barquette Ferrari, content de son sprint malgré sa claudication, mais était retombé avec une jambe dans le volant.
Aujourd’hui, la course n’est pas très tonique. La faim peut-être. Laissant la merveilleuse exposition en place, une partie de la troupe se rend au Porsche Center où les attend le déjeuner. Arrosé à l’eau évidemment. Et ça discute ferme, comme il se doit. Pas de sieste, ça repart direct, à grands coups de McLaren, de Lotus ou de Corvette, classique à moteur central avant, ou moderne à V8 central arrière. On vous l’a dit : qu’importe le flacon.
On remarque une AMG GT et une Aston Martin DB12, toutes deux blanches, immatriculées en Allemagne, badgées Bosch et bardées d’enregistreurs. Et l’on apprend que le surlendemain, la piste est réservée par Bosch : malins. La fin de la journée approche, il devient plus facile d’échanger dans le paddock.
Avec Emmanuel Orgeval par exemple. Pilote éclectique, de Fun Cup en Lamera Cup, il fait aujourd’hui équipe en Porsche Sprint Challenge, avec Lucas et Hervé Glinche, grands distributeurs locaux de bijoux à quatre roues. On retrouve aussi de vieilles connaissances, comme Eric Olm, initié au tuning par son père, grand promoteur du genre, qui avait ses entrées chez les préparateurs allemands.
C’est avec ce dernier que nous sommes allés pour la première fois chez Brabus, entre autres. Eric lui, a commencé comme pigiste, avant de devenir, bon sang ne saurait mentir, négociant en jantes alliage, et pneus. Pour la peine, il nous embarque quelques tours dans la Yaris GR chaussée de pneus Platin.
Eric ne les ménage pas, mais ils résistent bien et surtout ne dénaturent pas la petite Toyota « de rallye », toujours prête à jouer sur circuit et surtout à réagir comme on l’attend. Encore une preuve qu’il n’est pas nécessaire de dépenser une somme astronomique pour se divertir sainement.
Encore qu’avec le déplafonnement du malus, elle a désormais droit au maximum : 60 000 € ce qui fait plus que doubler son prix. Une vraie hybride : mi-mécanique, mi-malus. Souriez, vous êtes taxés.
Retrouvez notre reportage sur le dernier track day 2024 de Sport Auto Experience sur le Circuit Bugatti du Mans dans le Sport Auto n°753 du 01/09/2024.