F1 - Prost: « Un événement unique »

Le Grand Prix de Monaco reste une épreuve à part pour Alain Prost. L'atmosphère et l'approche de la course sont très particulières.
Le Grand Prix de Monaco est l'épreuve la plus célèbre de la
Formule 1. Pour Alain Prost, vainqueur de l'épreuve en 1984, 1985,
1986 et 1988, l'atmosphère est très particulière sur cette
épreuve.
« À mes yeux, Monaco est un événement vraiment unique, »
estime le quadruple champion du monde. « Beaucoup de pilotes
partagent ce point de vue mais certains n’en sont pas très friands,
ils n’aiment pas la piste, ils n’aiment pas le défi qu’elle
représente. Mais pour moi, c’est vraiment un endroit où il faut
être, et où il faut être bon. Il y a quelque chose de spécial dans
l’ambiance qui règne à Monaco. »
« Il y a "plus" de tout. Plus de gens, plus de demandes de la
part des médias et des sponsors, plus de chances de perdre sa
concentration également... ce n’est pas évident. Après, ce sont
également ces "plus" qui font cette ambiance particulière. Cela
fait de toute façon partie de l’événement, donc il faut l’accepter
et aborder le week-end du Grand Prix d’une autre
manière. »
Une approche particulière
Cette course nécessite une préparation particulière. Alain Prost
juge difficile de trouver de bons réglages et de s'adapter à
l'évolution de la piste.
« L’approche de la course doit être différente, et elle dépend
vraiment des années, » explique Prost. « Parfois, on se
sent en forme et on veut plus loin, attaquer davantage. Il y a plus
de travail en amont, avant de se glisser dans la voiture ou même
avant d’échanger avec les ingénieurs. Il faut aussi avoir une
meilleure organisation et s’accorder du temps pour soi. Par
exemple, lorsque l’on va à pied du paddock au garage, on croise
forcément des spectateurs. Il faut prendre cela comme un "plus ".
Cela ne représente pas une charge de travail supplémentaire mais
cela fait tout de même partie du jeu, et on n’a pas d’autre choix
que de jouer selon les règles. Autant dire qu’il faut bien se
préparer. »
« La piste est très particulière et très exigeante pour le
pilote. Trouver les bons réglages n’est pas évident tant les F1
sont imposantes et puissantes. Durant le week-end, il faut mener à
bien deux missions bien distinctes. D’abord, il faut mettre au
point la monoplace, comprendre quels sont les objectifs de la
séance qualificative du samedi, et établir ensuite celui de la
course du dimanche. En parallèle, on doit renforcer sa confiance en
ses qualités de pilote et en la voiture. C’est bien là l’aspect le
plus difficile à gérer. »
« Il faut également garder à l’esprit que la piste va évoluer
et s’améliorer entre le jeudi et le dimanche. Avec toutes les
courses disputées en lever de rideau, de plus en plus de gomme se
dépose sur le tracé. Une fois les essais libres bouclés, il faut se
projeter et imaginer ce qui va se passer le samedi. C’est très dur,
d’autant que la moindre erreur se paie cash. L’écart le plus infime
peut ruiner tout votre week-end. »
S'adapter aux conditions
Durant la course, il faut savoir s'adapter à toutes les
situations, et parfois attendre le bon moment pour pouvoir prendre
l'avantage sur un adversaire, souvent dans les stands.
« Le jour de la course, il faut s’adapter aux
événements, » estime Prost. « Certains sont
imprévisibles. À moins de s’élancer depuis la pole position, la
gestion de la course varie énormément en fonction du classement. On
peut se retrouver quatrième, cinquième, sixième, etc. tout en étant
plus rapide que les pilotes devant soi, et pourtant impossible de
les doubler. On démarre le Grand Prix avec une stratégie en place
mais on doit la modifier en fonction des événements. S’il y a bien
un endroit où on ne peut pas tout prévoir, c’est à Monaco. Il faut
alors faire confiance aux ingénieurs, suivre les conseils du muret
des stands et se concentrer sur sa propre course. »
Les pilotes ont parfois un sentiment d'invincibilité à Monaco, ce
qu'Alain Prost a connu : « J’ai gagné quatre fois à
Monaco mais je pense que mon meilleur souvenir reste la victoire de
1986. Je me sentais si bien dans la voiture et nous avons vraiment
dominé la course. J’avais l’impression que rien ne pouvait
m’atteindre. Vous n’éprouvez ce genre de sentiment que deux ou
trois fois dans toute une carrière, alors que cela se produise à
Monaco, c’était un réel plaisir. J’ai vraiment pu en profiter et
c’est ce qui rend cette course si mémorable. »
Le Français sera encore là dimanche, en tant qu'ambassadeur de
Renault et de consultant de Canal + : « Aujourd’hui,
j’aime toujours autant aller à Monaco. Je repense au passé, sans
avoir envie de reprendre le volant pour autant. C’était une autre
époque. Mais l’ambiance reste intacte. Sur ce plan, rien n’a changé
et cet événement n’a tout simplement pas d’égal. »


