F1 - Semaine cruciale pour l'avenir de la F1

Les équipes vont se réunir deux fois dans les prochains jours, pour définir la motorisation de 2021. Plusieurs visions vont s'affronter.
Les prochains jours vont déterminer l'avenir de la Formule 1. Ce
mardi, les équipes, la FIA et la FOM seront réunies à Paris pour
discuter du nouveau règlement moteur, prévu pour 2021. Une
motorisation hybride devrait rester, mais avec des mesures pour
réduire les coûts et améliorer le bruit. Une semaine plus tard, le
7 novembre, le groupe stratégique va se réunir, ce qui pourrait
permettre d'entériner des décisions.
Les groupes propulseurs lancés il y a trois ans regroupent tous les
maux selon Christian Horner. Il aimerait qu'ils disparaissent le
plus vite possible.
« J'aimerais que cela se fasse l'an prochain, » reconnaît
Horner. « Pour moi, ces moteurs n'ont apporté que de mauvaises
choses en Formule 1 : ils n'ont rien fait pour améliorer le
championnat, ils ont enlevé le bruit, la passion, ils ont apporté
trop de complexité, ils sont loin de la technologie des véhicules
de série. Plus vite on s'en débarrassera, mieux ce sera. »
« Malheureusement, un contrat entre les constructeurs et la
FIA garantit la présence de ce moteur jusqu'en 2020, et je ne pense
pas qu'il y aura assez de manoeuvres entre les constructeurs pour
abandonner cette technologie et ce groupe propulseur avant
2021. »
Des visions opposées
En 2021, les moteurs devraient rester des V6 hybrides, une
condition nécessaire pour que des constructeurs aient le désir
d'être impliqués en F1. Des pièces pourraient être standardisées.
Maurizio Arrivabene fixe des objectifs simples.
« J'ai dit plusieurs fois que notre vision pour l'avenir des
moteurs en 2021 est très simple, » a confié le patron de la
Scuderia en conférence de presse à Mexico. « Il faut réduire
les coûts, garder la même architecture et (...) améliorer les
performances. C'est très simple. »
« Nous voulons trancher dans les coûts ou réduire les coûts.
Nous voulons améliorer le spectacle. La façon d'y parvenir sera
discutée dans les prochains jours. »
Concrètement, certaines mesures sont déjà évoquées
: « Nous nous attendons à avoir la conclusion des
différents groupes de travail sur des détails qui étaient étudiés
(...), comme abandonner le MGU-H et simplifier le groupe
propulseur, » explique Cyril Abiteboul, le directeur général
de Renault Sport Racing.
Mercedes et Ferrari ont eu l'avantage depuis le lancement des
groupes propulseurs, mais les deux équipes ne dicteront pas leurs
choix : « Christian (Horner) pense que nous bloquons toujours Red
Bull, » indique Arrivabene. « Tout le monde a ses idées
mais une chose est sûre, ce ne sont pas Ferrari ou Mercedes qui
décident. Evidemment, ce sont les personnes qui fabriquent les
moteurs. »
L'hybride est cependant là pour rester : « Je pense que
revenir en arrière n'est pas acceptable est viable, ça n'a pas de
sens pour ceux qui investissent en Formule 1, et pas seulement les
constructeurs, » estime Abiteboul. Il pense qu'un retour en
arrière serait « complètement inacceptable » pour les
sponsors, notamment Aston Martin, qui vient de renforcer son
partenariat avec Red Bull.
Ces discussions vont aussi donner une idée des projets de tous les
acteurs de la F1 : « Il faut aussi mieux comprendre la vision de la
FOM pour l'avenir. »
Quelle vision pour l'avenir ?
Liberty Media, détenteur de la FOM depuis le début de l'année,
va en effet pouvoir imposer sa vision pour la première fois
: « Il semble que c'est la première mesure de Liberty
pour imprimer sa marque sur l'avenir, » souligne Christian
Horner, le patron de Red Bull.
La Formule 1 doit faire un choix crucial, entre une compétition
technologique ou un combat de pilotes. Pour les constructeurs,
les groupes propulseurs sont devenus nécessaires dans la
justification d'un engagement. Horner pense que c'est une erreur :
« C'est leur domaine au final, (...) la Formule 1 appartient au
monde du marketing, » estime Horner. « C'est une
plateforme mondiale dans laquelle les marques s'impliquent pour
faire la publicité de leurs produits et de leur marque. »
« L'aspect "démonstration de technologie" est faux sous
certains aspects à mon avis, parce que (...) ce que nous utilisons
n'a pas de grand rapport avec leurs modèles de série. La Formule 1
est avant tout une compétition. Il y a une part de technologie mais
il faut qu'elle choisisse ce qu'elle est. »
« Est-elle totalement tournée vers la technologie, ou est-elle
la course à proprement parler, l'homme et la machine à la limite,
dans de gros événements, des événements spectaculaires ? »
- La F1 doit définir ce qu'elle est
Franz Tost, le patron de Toro Rosso, partage cette opinion
: « Liberty Media doit prendre en compte que la Formule 1
est un divertissement, un spectacle, et nous devons trouver le bon
équilibre entre divertissement, spectacle et l'odyssée technique
dans laquelle la Formule 1 s'est embarquée ces dernières
années, » précise-t-il. « Actuellement, nous avons un
championnat de groupes propulseurs. Cela ne peut pas être l'avenir
parce que si c'est l'avenir, la Formule 1 est morte. A
100%. »
Horner souhaite un énorme changement, et vite
Christian Horner aimerait un changement radical, qui mettrait
moins les motoristes en avant. Même s'il a conscience que ce
changement n'aura pas lieu : « J'aimerais voir un V12 peu coûteux,
standardisé, à 1000 chevaux avec un son fantastique, mais je doute
que nous aurons cela, » reconnait le patron de Red Bull. Il
est cependant optimiste : « Je pense que ce qui sera présenté
sera intéressant. Je n'ai pas tous les détails. »
Franz Tost demande avant tout une réduction des coûts et moins
d'écarts de performances : « Il faut que ce soit un moteur
abordable, et ensuite j'espère que cela remettra les moteurs à un
niveau similaire dans les performances, parce que la différence
reste trop grande actuellement, » indique le patron de Toro
Rosso. « Ferrari pourrait revenir sur Mercedes, mais Mercedes
reste loin devant. J'espère que le nouveau règlement nous aidera,
que les moteurs ne seront pas trop chers pour les équipes privés,
et que les performances seront nivelées. »


