F1 - Ecclestone relance les luttes de pouvoir

Depuis quelques jours, Bernie Ecclestone multiplie les charges contre les règlements et Jean Todt, avec l'aide de Max Mosley. Il veut du changement en F1.
Bernie Ecclestone est très actif médiatiquement depuis quelques jours. Le gestionnaire commercial de la F1 souhaite imposer plusieurs changements pour corriger des problèmes. Il veut notamment un retour des V8 dès l'an prochain, en plus des groupes propulseurs. Il s'est toujours opposé à la règlementation lancée l'an dernier et la crise actuelle de Red Bull, avec une incertitude sur sa motorisation et sa présence en 2016, lui permet de relancer le débat.
Il y a quelques jours, Bernie Ecclestone a donné une interview à ZDF, en compagnie de Max Mosley, l'ancien Président de la FIA. Ils se sont montrés très critiques sur l'état actuel de la F1, notamment sur la place trop importante des ingénieurs par rapport aux pilotes.
« Quand les gens me demandent qui était le meilleur pilote, le nom qui me vient à l'esprit, et la plupart des gens ne sont pas d'accord avec moi, est Alain Prost, » a déclaré Ecclestone. « Prost devait préserver ses freins, sa boîte de vitesses, tout, et il faisait un bon travail. Donc il finissait plus de courses et finissait à une meilleure place, alors qu'aujourd'hui nous n'avons pas ça. »
« Ils s'assoient sur la grille et il y a un ingénieur qui débute la course. Quand les lumières s'éteignent, il ne devrait y avoir plus qu'eux (les pilotes). »
« C'est plus ou mois un championnat d'ingénieurs. Je ne dis pas que Lewis (Hamilton) n'est pas un superbe pilote, mais il a beaucoup d'aides. J'aimerais le voir dans une GP2 avec les pilotes de GP2... Je ne dis pas qu'il ne gagnerait pas, mais ça serait intéressant. »
Max Mosley partage cette opinion et il évoque à nouveau l'idée d'un budget plafonné, qu'il avait voulu imposer en 2009: « Je voudrais que les voitures changent pour que le pilote ait le contrôle total de la voiture, y compris la boîte de vitesses, » a-t-il expliqué. « J'insisterai même sur les changements de rapports parce que ça fait partie de la course. »
« En même temps, je changerais les règlements au niveau des coûts, ce qui ferait que toutes les équipes pourraient dépenser autant et ne pourraient pas dépenser plus, donc l'ingénieur le plus intelligent ferait la meilleure voiture, pas l'ingénieur le plus riche. »
« L'alliance de ces deux éléments ferait une différence radicale. »
Mosley veut un motoriste indépendant
Max Mosley a également soutenu l'idée d'un motoriste indépendant, chose devenu impossible avec les coûteux groupes propulseurs, ce qui donne un pouvoir énorme aux constructeurs automobile et change les jeux de pouvoir, comme le montre la situation autour de Red Bull.
« Le problème est qu'il faut avoir un motoriste indépendant qui peut (fournir les équipes) sur une base commerciale, » a expliqué l'Anglais.
« La grande force de la F1 de la fin des années 1960 jusqu'à récemment était que nous avions Cosworth, Mecachrome et d'autres qui faisaient des moteurs, donc nous n'étions pas dépendants des constructeurs. Quand on a un, deux ou même trois constructeurs et qu'ils sont impliqués au niveau de leur conseil d'administration, M. (Dieter) Zetsche (le Président de Mercedes) peut parler à M. (Sergio) Marchionne (le Président de Ferrari) ou M. (Carlos) Ghosn (le Président de Renault) et ils contrôlent la F1. »
« A ce stade le besoin d'un motoriste indépendant devient important. »
Ecclestone veut que Todt prenne des décisions
Ces critiques sur les règlements et notamment sur les groupes propulseurs, souhaités par Jean Todt, le Président de la FIA, et par les constructeurs, laissent présager de conflits dans les mois à venir. Le fait que Bernie Ecclestone se soit exprimé aux côtés de Max Mosley, souvent opposé aux idées de Jean Todt, confirme cette volonté d'opposition.
« Je pense que Jean se rend compte lentement mais sûrement que ça doit changer et que nous devons nous entendre et faire (ces changements), » a précisé Ecclestone au Daily Telegraph. « Si c'est un peu douloureux, ça sera comme ça. »
Il exclut totalement une volonté de redonner un rôle à Mosley : « Non, non, non, » assure-t-il. « Il n'a plus rien à voir avec la Formule 1. Il n'était là que parce que les gens de la télévision voulaient faire une interview. Il n'a rien à faire avec ça. Ce n'était pas censé être fun, c'était censé être sérieux, mais tant pis. »