F1 - Comment Hamilton a battu Ricciardo

Publié le 31 mai 2016 à 09:45
Mis à jour le 20 novembre 2020 à 08:32
Lewis Hamilton et Daniel Ricciardo

Entre un bon choix stratégique et une erreur de Red Bull, Lewis Hamilton triomphé dans les rues de Monaco. Retour sur les décisions qui l'ont fait gagner.

L'an dernier, Lewis Hamilton a perdu une victoire assurée à Monaco, à cause d'une erreur stratégique de Mercedes. Cette année, un bon choix de son côté et une erreur de Red Bull lui ont permis de s'imposer.
Lewis Hamilton n'était que troisième en début d'épreuve, derrière Daniel Ricciardo, qui s'échappait sous la pluie, et Nico Rosberg, en difficulté avec ses freins. Ce dernier ralentissait Hamilton. Mercedes a demandé à l'Allemand de le laisser passer. L'équipe considérait que Hamilton avait encore une chance de s'imposer. Rosberg a immédiatement respecté la consigne.
« Il n'y a pas eu la moindre question ! » souligne Toto Wolff, le patron de Mercedes Motorsport, sur le site officiel de la F1. « Nous lui avons d'abord dit d'augmenter le rythme s'il le pouvait, et pas de laisser passer Lewis. Un tour après nous lui avons donné cette consigne. Et il l'a fait immédiatement. »
La décision est venue de Mercedes et elle n'est pas la conséquence d'une volonté de Hamilton : « Il n'a pas du tout demandé ça, » a indiqué Paddy Lowe, le directeur exécutif en charge de la technique chez Mercedes, à Motorsport.com. « Il n'a même pas dit "Il me ralentit" ou quelque chose comme ça. »

Un choix stratégique payant

A la fin du 16ème tour, celui dans lequel Nico Rosberg l'a laissé passer, Lewis Hamilton était à 13,446sec de Daniel Ricciardo. Il a pu revenir à 11,278sec au 22ème tour, mais l'écart était impossible à combler sans une stratégie décalée.
La piste s'asséchait et les pilotes passaient des pneus pluie aux pneus intermédiaires. Comme la majeure partie du plateau, Ricciardo a pris ces pneus.
« Nous pouvions voir que (les intermédiaires) étaient 2 à 3 secondes plus rapides au tour, » a déclaré Christian Horner, le patron de Red Bull, à Autosport. « Et avec des prévisions pour que ça s'assèche, nous pensions que passer sur les intermédiaires avant les slicks était la procédure normale, et que ça serait le bon choix. »
Hamilton a préféré ne pas passer aux stands et garder ses pneus pluie jusqu'à ce que les conditions soient assez bonnes pour prendre les pneus slicks. Quand Ricciardo s'est arrêté, il s'est donc retrouvé en tête.
« Lewis est un membre de l'équipe et nous avons fait ce choix ensemble, pour gérer la situation de la bonne façon, » explique Wolff. « Quand il n'a plus eu Nico devant lui, il était dans le rythme de Ricciardo, mais ce n'était pas suffisant pour revenir. »
« La seule façon de gagner la course était de faire un pari, de rester en piste en pneus pluie. Ca s'est vraiment asséché dans le premier et le deuxième secteur, mais le troisième secteur restait humide donc c'était un dialogue entre le pilote et son équipe, pour qu'il donne toutes les informations qu'il avait là-bas. C'était un choix agressif de le laisser en piste, mais au final ça a été le bon. »
Au 24ème tour, un tour après son arrêt, Ricciardo était à 7,926sec de Hamilton. Il est revenu à 0,518sec en trois tours, avec des pneus plus performants, mais il n'a pas pu le doubler.
Pour les ingénieurs, ce choix n'a pas été si agressif : « Ce n'était même pas un pari de rester là et de voir ce qui se passait, » estime Lowe. « En fait, après un moment, ça s'est stabilisé à un niveau où les pneus pluie étaient aussi performants que les intermédiaires de Nico derrière. Nous pouvions tout simplement attendre que le circuit soit assez bon (pour prendre les slicks). »
Pascal Wehrlein a été le seul autre pilote du plateau à rester en pneus pluie.

L'erreur de Red Bull

Daniel Ricciardo pouvait reprendre l'avantage. Quand Lewis Hamilton est passé sur les slicks, au 31ème tour, l'Australien est resté en piste. Hamilton était en difficulté pour son premier tour en ultra-tendres sur une piste encore partiellement humide.
« J'ai eu un tour de sortie des stands horrible, c'était très dur de savoir où était l'adhérence, la voiture était bonne dans un virage, c'était vraiment, vraiment délicat dans les autres, » a détaillé Hamilton à Motorsport.com. « Je ne savais pas s'il était plus rapide, ou si je faisais le même chrono, ou si j'étais beaucoup, beaucoup plus lent. »
Ricciardo était en fait beaucoup plus rapide: « Il a été sept ou huit secondes plus rapide que Lewis, qui était sur son tour de sortie des stands, » souligne Horner.
Le pilote Red Bull aurait dû repartir en tête quand il a fait un son arrêt, un tour après celui de Hamilton, mais ses pneus n'étaient pas prêts. L'arrêt a duré 13,20sec.
« Nous avons vu Hamilton passer sur les ultra-tendres un tour plus tôt, ce que nous trouvions un peu compliqué pour voir l'arrivée, » indique Horner. « Donc nous avons décidé de mettre Daniel sur des pneus un cran plus durs. »
« En fait, il y a eu une erreur de communication sur les pneus qui étaient dans les stands à ce moment là. Le muret des stands est à l'étage, évidemment le stand est en bas, les pneus sont chauffés dans le stand et derrière le stand. »
Les mécaniciens ont dû récupérer les pneus à l'arrière du stand : « Il y a eu une erreur, avec les mécaniciens qui ont d'abord préparé les pneus tendres, » précise Horner.
Malgré la durée de l'arrêt, Ricciardo a repris la piste juste derrière Hamilton.

Hamilton a contenu Ricciardo

Après les arrêts, Daniel Ricciardo semblait plus performant que Lewis Hamilton. Il a tenté plusieurs fois de le doubler, sans y parvenir. En fin d'épreuve, Hamilton n'a plus été inquiété. Malgré des pneus plus durs, Ricciardo a visiblement eu plus de dégradation.
« Au final, je pense que les pneus de Ricciardo se sont dégradés avant, » déclare Lowe. « Ils semblaient avoir du graining à l'avant. »
Lewis Hamilton a décroché son premier succès de l'année, ce qui lance enfin sa saison : « Les dernières semaines ont renforcé Lewis et elles ont renforcé notre relation, » estime Wolff. « Si on traverse des moments difficiles ensemble, ça donne plus de force à la relation. Evidemment, nous avons beaucoup parlé et nous avons eu beaucoup de difficultés, et cette victoire est tout simplement ce que le médecin a prescrit. Il avait besoin de cette victoire. »

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