F1 - Ferrari a-t-elle favorisé Vettel ?

Sebastian Vettel a gagné grâce à une meilleure stratégie que Kimi Räikkönen à Monaco. Ferrari a-t-elle prémédité la situation ? Toto Wolff défend la Scuderia.
Sebastian Vettel s'est imposé grâce à sa stratégie à Monaco. L'Allemand était derrière Kimi Räikkönen en début de course, sans avoir la possibilité de le doubler. Il a fait son changement de pneus cinq tours après son équipier. Cinq tours pendant lesquels il a pu hausser son rythme, malgré des pneus usés. Il a notamment signé ses deux meilleurs tours du Grand Prix. Et alors qu'il avait 1''138 de retard sur Räikkönen un tour avant l'arrêt du Finlandais, il s'est retrouvé en tête, avec 2''999 d'avance sur lui, un tour après son passage aux stands.
Ferrari a-t-elle prémédité cette stratégie, pour inverser les positions et favoriser Sebastian Vettel, mieux placé au championnat ? L'Allemand assure que non.
« Il n'y a eu aucun projet de consignes de courses, ou quoi que ce soit, » a assuré Vettel à Sky Sports F1. Sur la même chaîne, Kimi Räikkönen a été beaucoup plus énigmatique : « Nous avons certains rôles et nous les connaissons tous, » a-t-il indiqué. « Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, à part que nous avions un doublé et que j'ai eu un résultat moins bon que celui que je voulais. »
Ferrari dément fermement une volonté de donner une mauvaise stratégie à Räikkönen : « Ca aurait été totalement injuste et fou de le ralentir délibérément parce qu'on aurait risqué de perdre le doublé, » a assuré un porte-parole de Ferrari au Guardian.
Pour Lewis Hamilton, il n'y a aucun doute sur la stratégie de Ferrari : « A mes yeux, il est évident que Ferrari a choisi son pilote numéro un, » a-t-il déclaré à Sky Sports F1. « Donc ils feront tout pour s'assurer que Sebastian maximisera tous ses week-ends. »
« Ca n'arrive pas avec la stratégie, c'est très dur pour que la voiture de tête soit dépassée par la deuxième voiture, sauf si l'équipe décide de favoriser l'autre voiture. C'est très clair. »
Wolff défend Ferrari
Pour voir si la stratégie de Ferrari était préméditée, c'est peut-être du côté de la concurrence qu'il faut regarder. Chez Red Bull, Daniel Ricciardo a gagné deux places en s'arrêtant tard, et Max Verstappen en a perdu une en s'arrêtant tôt. Même chose chez Mercedes. Lewis Hamilton a gagné deux positions avec un arrêt tardif, et Valtteri Bottas en a perdu une en s'arrêtant avant la plupart des pilotes. Ricciardo a ainsi doublé Verstappen et Bottas pendant les arrêts.
Le fait que ces deux équipes aient eu la bonne stratégie pour un pilote et la mauvaise pour un autre montre que prédire les effets de ces stratégies n'était pas si évident. Car s'il est possible que Ferrari ait avantagé Vettel par rapport à Räikkönen, Red Bull n'avait aucun intérêt à favoriser Daniel Ricciardo par rapport à Verstappen, et surtout, il est évident que Mercedes ne cherchait pas à donner à Ricciardo un avantage sur Bottas.
Ferrari trouve ainsi un soutien inattendu en Toto Wolff. Il confirme qu'il était difficile d'anticiper le comportement des pneus, et il doute que la Scuderia souhaitait favoriser Vettel.
« Il faut faire confiance à leur bonne foi, personne n'arrivait à cerner les performances des pneus, » a précise le patron de Mercedes Motorsport au site officiel de la F1. « Il fallait arrêter l'un des deux pilotes en premier et il s'est avéré que les pneus super-tendres n'étaient pas assez rapides et que Sebastian a pu faire des tours incroyables en ultra-tendres rodés. Je ne pense pas qu'ils l'ont vu venir. Je ne pense pas que c'était orchestré. »
La même surprise s'est vue chez Red Bull, quand Verstappen s'est retrouvé derrière Ricciardo. Par radio, le Néerlandais a parlé de « ******de désastre » au sujet de sa stratégie.
Vettel n'avait aucune certitude
Sebastian Vettel a même gagné avec une stratégie inhabituelle. En général, le premier pilote à s'arrêter bénéficie des pneus neufs pour être plus rapide que celui qui est encore en pneus rodés, le fameux undercut. Le quadruple champion du monde garantit qu'il ignorait si sa stratégie fonctionnerait, mais qu'il l'a adoptée parce qu'elle était sa seule chance de passer devant Kimi Räikkönen.
« La voiture de tête a la priorité mais il y avait la possibilité de rester en piste plus longtemps, » explique Vettel. « C'est la première fois depuis très, très longtemps que ça marche ici. Je ne pense pas qu'on aurait pu l'anticiper. Je veux gagner, c'était la seule chance que j'avais et j'en ai profité. J'était très content des tours que je faisais. »
Il révèle même que Räikkönen connaissait cette stratégie à l'avance : « Avant la course, le plan était que la voiture de tête s'arrêterait en premier, ce qui permet d'avoir les pneus neufs plus tôt, » a souligné Vettel sur le site officiel de la F1.
La victoire de Vettel s'est-elle joué dans les stands ? « Non, pas dans les stands, » estime Vettel. « En piste, en pneus rodés, j'ai pu exploiter tout ce qu'ils avaient. Au début, je me battais face à Valtteri (Bottas), et tant que les pneus tenaient, il n'y avait rien pour empêcher de rester en piste. Je pense que ce qui a préoccupé Kimi, c'est d'avoir du trafic, et probablement des soucis pour faire chauffer les pneus. Et on me disait que Valtteri faisait d'assez bons chronos, donc j'ai été surpris de reprendre la piste en tête après mon arrêt. »