Essai - BMW M135 xDrive (2025) : baptême du feu au Vigeant !
Depuis deux générations, la BMW Série 1 est avant tout une traction, au mieux une intégrale telle cette version M135 xDrive. A priori pas la formule miracle pour donner la banane. Direction Mortefontaine pour en avoir le cœur net.
Mi-figue, mi-raisin, ce petit déjeuner ! Côté pile, les
viennoiseries sont délicieuses, le thé est bien chaud et mes
convives (collaborateurs et lecteurs de votre magazine préféré)
s’avèrent d’une charmante compagnie.
Côté face, le ciel chargé et menaçant a fini par lâcher une pluie
obstinée sur les vallons de la Vienne. Voilà qui n’arrange guère
nos affaires, que ce soit pour les tours chrono de l’ami Christophe
Tinseau, pour les clichés de nos photographes aguerris… ou pour
l’ambiance dans les paddocks, qui promet d’être – littéralement –
glaciale.
Quel contraste avec la radieuse journée de la veille, où le
thermomètre a grimpé jusqu’à un très printanier 17 °C ! Les
conditions idéales pour effectuer le trajet entre Paris et le
circuit du Val de Vienne et faire ample connaissance avec la
nouvelle M135 xDrive (sans « i » désormais, conformément à la
nouvelle nomenclature maison).
Une auto qui reprend la base de la précédente M135i xDrive mais a
perdu quelques chevaux sur sa fiche technique : 300 tout rond au
lieu de 306. Encore que notre passage habituel au banc chez DM
Performance révélera une perte réelle moins importante qu’attendu,
avec 302 canassons répondant à l’appel.
La dégringolade côté couple semble en revanche nettement plus
douloureuse : si la M135i F40 affichait 45,9 mkg, la F70 n’en
revendique plus que 40,8 sur sa fiche technique… dont seulement
36,9 se pointent au banc !
En manque de fun
Après ces vérifications, je mets le cap plein sud pour rejoindre
le Vigeant, en récupérant l’A20 par Rambouillet et Ablis. Un long
et monotone trajet qui fait apparaître les quelques défauts de
cette M135.
A commencer par une position de conduite perfectible, malgré les
sièges M Sport optionnels (dans le pack M Sport Pro à 1 550 €) :
les cuisses ne sont pas assez soutenues, et on aimerait pouvoir
rapprocher davantage le volant. Quant à ce dernier, à jante (très)
épaisse typique des BMW M modernes, il ne plaira pas à tous.
Enfin, l’ergonomie de l’écran tactile laisse à désirer, avec des
menus trop complexes. Sur autoroute, la direction ultra-incisive
rend l’auto excessivement nerveuse autour du point milieu : il faut
pas mal de kilomètres avant de s’habituer à cette
hypersensibilité.
Concernant l’ambiance, elle manque de raffinement, avec des bruits
de roulement trop présents. Sans parler de la sonorité mécanique,
quasi inexistante : s’il n’y avait pas ce bruit généré par les
haut-parleurs, un peu pénible mais mieux que rien, on se croirait
presque au volant d’une électrique ! Bref, cette étape autoroutière
apparaît passablement ennuyeuse.
Heureusement, je quitte le grand ruban à hauteur de la charmante
bourgade de Bessines-sur-Gartempe et file plein est en direction
des premiers contreforts du Massif central, puis vers l’ouest et le
lac de Saint-Pardoux.
Ici, les paysages sont rudes et les routes tortueuses, étroites et
piégeuses, avec un revêtement inégal aux nombreux trous et bosses.
Une vraie séance de torture pour le châssis !
Et il faut reconnaître que dans ces conditions météo excellentes
(une température douce et un bitume parfaitement sec), la M135 s’en
sort plutôt bien. Le train avant s’inscrit sans délai, même si la
direction, pourtant très directe sur les premiers degrés de
braquage, impose de remettre pas mal d’angle dans les courbes les
plus serrées.
Et si la BMW ne tourne pas assez à votre goût, un simple lever de
pied ou une remise des gaz après la corde aide le train arrière à
se replacer. La M135 ne virevolte pas pour autant, et ses
suspensions piochent un peu sur les passages les plus heurtés, mais
elle démontre une certaine efficacité.
Cependant, j’ai beau enchaîner les kilomètres et les virages,
j’attends toujours la révélation, l’instant fun qui pourrait me
coller la banane. Si je ne m’ennuie pas, je reste sur ma faim.
Et ce n’est certainement pas cette mécanique, volontaire mais sans
caractère, qui me fera ressentir le grand frisson ! Même la gestion
de la boîte à double embrayage peine à convaincre : hyper-orientée
« écolo » en Drive, elle s’obstine à garder trop longtemps le
rapport inférieur en mode Sport. On demeurera donc en manuel, en
constatant au passage que l’étagement pourrait être plus
cohérent.
Comme un malaise
Le lendemain, c’est ainsi non sans circonspection que je cours
vers ma monture sous cette pluie battante. Comment va-t-elle se
comporter sur le bitume détrempé du Vigeant cette M135, dont
l’architecture générale tient davantage de la traction «
intégralisée » que de la voiture de Rallye homologuée ?
En effet, rappelons que cette Série 1 F70 reste, comme sa
devancière, avant tout une traction à moteur transversal. Et pour
aider à faire passer la puissance au sol, cette version « de pointe
» reçoit un différentiel autobloquant mécanique sur le train avant,
combiné à un embrayage multidisque renvoyant l’excédent de couple à
l’essieu arrière.
Quant à la répartition des masses, elle est de 59/41 %, loin du
50/50 dont pouvait se vanter la marque de Munich sur les premières
générations de Série 1, qui demeuraient fidèles aux roues arrière
motrices (et au 6 cylindres en ligne, mais je crois avoir déjà
suffisamment remué le couteau dans la plaie !).
Les premiers tours exploratoires sur le circuit se font avec la
prudence requise par un bitume et des pneus humides et froids. Et
dès les premiers virages, il y a comme un malaise !
Sur cette surface détrempée, la M135 n’est pas assez franche. Dans
les virages les plus serrés, elle oblige à être très patient tant
le sous-virage domine. Mais, à l’inverse, dans les courbes
moyennement rapides, le train arrière se montre un peu trop
susceptible. Dans ces conditions, difficile de faire confiance à
cette BMW !
Et s’il n’y a rien à dire en matière de performances – j’approche
des 200 km/h compteur au bout de la ligne droite opposée –, la
boîte ne facilite pas la tâche.
Dans le sinueux, la deuxième ultra-courte doit être abandonnée très
vite, sous peine de cogner le rupteur. Je me résous donc à rester
la plupart du temps en troisième, quitte à ce que certaines
relances manquent de vigueur.
Pas pour le circuit
Je ne suis pas le seul à me faire des frayeurs, car la session
est neutralisée sur drapeau rouge. Nous partageons en effet la
piste avec des engins autrement radicaux (Ligier JS2, protos, 911
Cup…), et leurs pilotes transpirent abondamment vu les
circonstances.
De retour dans les stands, je ne suis pas vraiment accueilli comme
le Messie : « Elle ne fait aucun bruit ! » me lance d’un air
désappointé une membre du Club Sport Auto. Je hausse les épaules,
ne pouvant qu’acquiescer. Il est vrai qu’au verdict du sonomètre,
la concurrence est rude aujourd’hui.
C’est au tour de Christophe Tinseau de prendre la mesure de l’auto…
et à son retour, la déception est palpable : il est frustré par les
réactions de la M135, qui dans ces conditions sous-vire dans le
sinueux et se montre instable dans les courbes plus rapides. Le
monde à l’envers !
En fin de matinée, la pluie cesse et – miracle ! – dans
l’après-midi, Christophe parviendra à signer un tour chrono en
1’58”68 sur la piste enfin sèche. Une pendule pas brillante pour
une intégrale d’une telle puissance, mais qui reflète bien la
difficulté d’effectuer un tour propre à son volant… et aussi le
fait que le châssis fatigue vite : deux tours lancés suffisent à
cuire freins et pneus. Définitivement, la M135 n’est pas faite pour
ça.
Je repars donc dépité du circuit. Inapte à la piste, la petite BMW
n’a pas assez de panache sur route et pourrait même se révéler
piégeuse (ce n’est pas moi qui le dis, c’est Christophe) pour le
néophyte qui se laisserait surprendre par un virage gras mouillé se
refermant. Un défaut de mise au point étonnant pour un modèle
estampillé M !
Le lendemain, les mesures à Mortefontaine confirmeront la bonne
santé de la mécanique, qui abat le 0 à 100 km/h en 4”7, malgré un
launch control trop peu déterminé. Mais les reprises faiblardes
trahissent son manque de punch à bas régime.
Enfin, on évitera de tirer sur l’ambulance à propos des médiocres
149 m pour stopper depuis 200 km/h : vu le traitement que
Christophe a imposé aux freins, ces derniers ne s’en sortent pas si
mal…
L'avis de Vincent Desmonts : 2/5
Au vu du passif de la précédente génération de M135i, je
crois que personne n’imaginait que cette nouvelle version
accomplisse un exploit. Mais nous ne nous attendions pas non plus à
une telle déception.
Entre sa mécanique aphone, sa boîte perfectible et son châssis
à la fois pataud et piégeux, cette BMW ne fait guère honneur à son
blason. Ses performances et son comportement routier correct sur
route sèche lui évitent le bonnet d’âne… mais on espérait tellement
mieux !
BMW M135 xDrive : fiche technique
- Moteur : 4 en ligne, turbo, 16 S
- Position : AV, transversale
- Cylindrée : 1 998 cm3
- Alésage x course : 94,6 x 82 mm
- Rapport volumétrique : 9,5
- Régime maxi : 6 500 tr/mn
- Puissance maxi : 300 ch à 5 750 tr/mn
- Puissance au litre : 150 ch/l
- Couple maxi : 40,8 mkg à 2 000 tr/mn
- Couple au litre : 20,4 mkg/l
- Transmission : intégrale, 7 rapports auto à double embrayage
- Autobloquant : de série, mécanique (AV)
- Antipatinage : de série déconnectable Cx : 0,27
- Suspension AV/AR : MacPherson, barre antiroulis/ essieu multibras, barre antiroulis
- Direction : crémaillère, assistance électrique variable
- Diamètre de braquage : 11,7 m
- Freins AV/AR : disques ventilés, étriers fixes à 4 pistons/ disques ventilés, étriers flottants monopistons
- Antiblocage : de série
- Poids constructeur/contrôlé : 1 550/1 600 kg
- Répartition AV/AR : 59/41 %
- Rapport poids/puissance : 5,3 kg/ch
- L - l - h : 4 361 - 1 800 - 1 459 mm
- Empattement : 2 670 mm
- Voies AV/AR : 1 562/1 562 mm
- Réservoir : 49 l
- Pneus : 225/45 R 18 (235/40 R 19 sur modèle d’essai)
- Prix de base : 57 950 €
- Options/malus : 13 815/15 996 €
- Prix du modèle essayé : 87 761 € (malus compris)
BMW M135 xDrive : sur circuit ?

Retrouvez notre essai de la BMW M135 xDrive dans le Sport Auto n°760 du 25/04/2025.


