F1 - Abiteboul n'aime pas la F1 en crypté

Cyril Abiteboul estime que le passage de TF1 à Canal + a nuit à la Formule 1 en France. Le directeur général de Renault fait un lien avec les budgets.
Depuis 2013, la Formule 1 est diffusée sur Canal + en France.
Seuls les abonnés à la chaîne peuvent suivre le championnat,
auparavant diffusé sur TF1. Cette tendance se voit dans de nombreux
pays et en 2019, ce sera également le cas en Grande-Bretagne, quand
Sky Sports F1 deviendra le diffuseur exclusif.
Les chaînes à péage proposent des sommes plus importantes pour les
droits mais l'exposition du championnat en souffre, ce qui déplaît
aux sponsors. Cyril Abiteboul déplore cette situation.
« Regardez la France, » a déclaré le directeur général de
Renault Sport Racing à Auto Motor und Sport. « Le passage de
TF1 à une chaîne payante, Canal +, a tué l'intérêt pour la F1. Nous
sommes un constructeur français. Et nous pensons clairement à des
sponsors français en premier. Mais la Formule 1 n'existe plus en
France. Maintenant, c'est impossible qu'une entreprise française
arrive en F1. C'est un cercle vicieux. »
« Nous investissons en profondeur, et de moins en moins de gens
peuvent voir notre championnat. Ca n'a aucun sens. Nous devons
refaire de la Formule 1 un sport populaire. Comme Le Mans. Là-bas,
les billets ne coûtent pas cher et la course sera diffusée à la
télévision. Ok, ce n'est qu'une seule course. Mais si ce modèle
était étendu à la Formule 1, nous aurions un championnat
excellent. »
Par rapport aux autres pays, le cas de la France reste particulier.
Canal + a acquis les droits pour une somme plus faible que celle
payée par TF1 auparavant. Plus qu'un investissement de la chaîne
cryptée, il s'agissait d'un changement de politique de TF1, qui a
préféré se séparer de plusieurs droits sportifs. La chaîne ensuite
confirmé cette volonté puisqu'elle a renoncé à la Ligue des
Champions.
Réduire les coûts sera la clé
Cyril Abiteboul voit un lien direct entre le passage de la F1
sur des chaînes payantes et les budgets trop élevés des équipes.
Des droits commerciaux importants sont nécessaires afin que les
équipes aient les revenus suffisants pour maintenir ces niveaux de
dépenses.
Le Français prône une réduction des budgets, pour lancer un
processus inverse. Un besoin de revenus moins important, des droits
plus abordables pour les diffuseurs et un retour de la F1 sur des
chaînes gratuites, avec une plus grande exposition..
« Une équipe devrait être en mesure d'être performante avec
100 millions d'euros, » précise-t-il. « Les équipes en
meilleure santé financière ne devraient pas dépenser plus de 150
millions d'euros. Le spectacle serait meilleur, à mon avis, nous
attirerions plus de sponsors. »
« Et Bernie (Ecclestone, le gestionnaire commercial de la F1)
n'aurait plus besoin de vendre les droits à des chaînes à péage. Il
doit le faire pour avoir assez d'argent à donner aux équipes. Ca
leur convient à court terme, mais pas à long terme. Une réduction
des coûts changerait complètement le modèle économique de la F1. En
ce moment, nous sommes piégés pour que la part du gâteau soit plus
grande pour les équipes. Ca ne peut être que des revenus à court
terme. Mais à long terme, la valeur de la F1 sera
dépréciée. »
Abiteboul s'inquiète pour l'avenir de la F1 si les budgets restent
aussi élevés : « Pour résumer : il est nécessaire de
réduire les coûts. Sinon, la Formule 1 disparaîtra. La question
n'est pas de savoir si Renault peut se le permettre. Nous pourrons
battre les meilleurs. Le constructeur peut gérer (l'implication en)
Formule 1 avec 200 ou 300 millions par an. Mais il y a un problème
de valeurs. »


