F1 - Abiteboul n'aime pas la F1 en crypté

Publié le 30 juin 2016 à 06:28
Mis à jour le 20 novembre 2020 à 08:22
Jerôme Stoll et Cyril Abiteboul

Cyril Abiteboul estime que le passage de TF1 à Canal + a nuit à la Formule 1 en France. Le directeur général de Renault fait un lien avec les budgets.

Depuis 2013, la Formule 1 est diffusée sur Canal + en France. Seuls les abonnés à la chaîne peuvent suivre le championnat, auparavant diffusé sur TF1. Cette tendance se voit dans de nombreux pays et en 2019, ce sera également le cas en Grande-Bretagne, quand Sky Sports F1 deviendra le diffuseur exclusif.
Les chaînes à péage proposent des sommes plus importantes pour les droits mais l'exposition du championnat en souffre, ce qui déplaît aux sponsors. Cyril Abiteboul déplore cette situation.
« Regardez la France, » a déclaré le directeur général de Renault Sport Racing à Auto Motor und Sport. « Le passage de TF1 à une chaîne payante, Canal +, a tué l'intérêt pour la F1. Nous sommes un constructeur français. Et nous pensons clairement à des sponsors français en premier. Mais la Formule 1 n'existe plus en France. Maintenant, c'est impossible qu'une entreprise française arrive en F1. C'est un cercle vicieux. »
« Nous investissons en profondeur, et de moins en moins de gens peuvent voir notre championnat. Ca n'a aucun sens. Nous devons refaire de la Formule 1 un sport populaire. Comme Le Mans. Là-bas, les billets ne coûtent pas cher et la course sera diffusée à la télévision. Ok, ce n'est qu'une seule course. Mais si ce modèle était étendu à la Formule 1, nous aurions un championnat excellent. »
Par rapport aux autres pays, le cas de la France reste particulier. Canal + a acquis les droits pour une somme plus faible que celle payée par TF1 auparavant. Plus qu'un investissement de la chaîne cryptée, il s'agissait d'un changement de politique de TF1, qui a préféré se séparer de plusieurs droits sportifs. La chaîne ensuite confirmé cette volonté puisqu'elle a renoncé à la Ligue des Champions.

Réduire les coûts sera la clé

Cyril Abiteboul voit un lien direct entre le passage de la F1 sur des chaînes payantes et les budgets trop élevés des équipes. Des droits commerciaux importants sont nécessaires afin que les équipes aient les revenus suffisants pour maintenir ces niveaux de dépenses.
Le Français prône une réduction des budgets, pour lancer un processus inverse. Un besoin de revenus moins important, des droits plus abordables pour les diffuseurs et un retour de la F1 sur des chaînes gratuites, avec une plus grande exposition..
« Une équipe devrait être en mesure d'être performante avec 100 millions d'euros, » précise-t-il. « Les équipes en meilleure santé financière ne devraient pas dépenser plus de 150 millions d'euros. Le spectacle serait meilleur, à mon avis, nous attirerions plus de sponsors. »
« Et Bernie (Ecclestone, le gestionnaire commercial de la F1) n'aurait plus besoin de vendre les droits à des chaînes à péage. Il doit le faire pour avoir assez d'argent à donner aux équipes. Ca leur convient à court terme, mais pas à long terme. Une réduction des coûts changerait complètement le modèle économique de la F1. En ce moment, nous sommes piégés pour que la part du gâteau soit plus grande pour les équipes. Ca ne peut être que des revenus à court terme. Mais à long terme, la valeur de la F1 sera dépréciée. »
Abiteboul s'inquiète pour l'avenir de la F1 si les budgets restent aussi élevés : « Pour résumer : il est nécessaire de réduire les coûts. Sinon, la Formule 1 disparaîtra. La question n'est pas de savoir si Renault peut se le permettre. Nous pourrons battre les meilleurs. Le constructeur peut gérer (l'implication en) Formule 1 avec 200 ou 300 millions par an. Mais il y a un problème de valeurs. »

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