F1 - Comment Mercedes a pris la bonne décision

Mercedes a étudié plusieurs options pour décaler la stratégie de Lewis Hamilton à Budapest. Les simulations ont permis de définir la stratégie gagnante.
La stratégie de Mercedes a permis à Lewis Hamilton de s'imposer
au Hungaroring. Alors qu'il butait sur Max Verstappen, l'équipe a
décidé de faire un deuxième arrêt. Il est reparti à distance de son
rival mais ses pneus en meilleur état lui ont permis de combler
l'écart et de prendre la tête.
Avant d'en arriver à cette décision, Mercedes a étudié la
possibilité de prendre l'avantage sur Max Verstappen au premier
arrêt. Deux options s'offraient à l'équipe, un undercut ou un
overcut. L'undercut est un arrêt avant l'autre pilote, pour
bénéficier des pneus tendres et faire de meilleurs temps, avec
l'espoir que cela sera suffisant pour se retrouver devant après
tous les arrêts. L'overcut est la stratégie inverse, rester en
piste plus longtemps, afin de profiter du champs libre pour
réaliser de meilleurs temps.
« Dans le premier relais de la course, il était évident que pour
battre Verstappen, nous devions soit faire un undercut, soit un
overcut, pour créer une différence au niveau des pneus, »
explique James Vowles, le responsable des stratégies de Mercedes,
dans une vidéo publiée par l'équipe. « Nous avons choisi la
deuxième option, mais nous avons vraiment étudié la possibilité
d'un undercut. »
« Le problème est que nous avions les deux Ferrari dans la fenêtre
de l'arrêt. Vettel et Leclerc étaient là, pendant de nombreux
tours. Au final, Vettel est sorti (de la fenêtre) et il n'y avait
que Leclerc. Il y avait deux problème. Le premier est que les pneus
durs avaient une petite fenêtre de températures. Ils n'étaient pas
vraiment prêts pour les premiers virages en sortant (des stands)
donc c'était difficile d'être immédiatement dans le rythme de
Verstappen, qui serait resté en piste. Le second (problème) était
qu'il fallait doubler une Ferrari très rapidement, après la sortie
des stands. Et le fait est que quand on est à seulement une
demi-seconde derrière une voiture, comme avec Verstappen, on ne
gagne pas de temps dans le tour de sortie des stands. »
« Donc nous avons décidé d'allonger (le relais). Verstappen s'est
arrêté dès qu'il pouvait avoir le champ libre, c'était la bonne
chose à faire pour eux, et cela nous a amené à faire un relais long
et à nous décaler. »
Mercedes devait encore décaler Hamilton
Avec ses pneus usés, Hamilton était moins performant que
Verstappen en pneus neufs. Après son premier arrêt, il était à
4,9sec du pilote Red Bull. Il ne lui a fallu que deux tours pour
revenir à moins d'une seconde, mais il n'a pas pu le doubler.
Mercedes estimait que la différence entre leurs pneus n'était pas
assez grande. James Vowles et ses équipes avaient prévu un seul
arrêt mais l'avance prise sur les pilotes Ferrari a créé la
possibilité d'en faire un deuxième.
« Avant la course, nous avions moins de données que d'habitude, en
raison de la pluie vendredi, » explique l'Anglais. Personne n'avait
fait de relais long avec les pneus durs, rouler avec avec du
carburant pour comprendre l'usure, la dégradation, et l'évolution
en course. Cela crée beaucoup d'inconnues. »
« Tout le monde a abordé la course, nous y compris, avec
l'intention de faire un arrêt. Les dépassements sont incroyablement
difficiles à Budapest, et selon nos prévisions, les pneus devaient
tenir. Au fur et à mesure, il est devenu évident que nous n'avions
pas la possibilité de faire l'undercut, Notre nouvelle idée a été
de choisir nos pneus par rapport à Verstappen. Et ensuite de
l'obliger à utiliser ses pneus durs autant que possible, et
peut-être à dépasser la limite. Puisque Verstappen et Lewis ont
commencé à s'échapper, il est devenu évident que d'autres
opportunités s'ouvraient, et dans notre cas, faire un deuxième
arrêt. »
« Nous avons une équipe en coulisses, qui travaille sans relâche.
Ils ont pris les fragments de données de vendredi, le peu de
roulage que nous avions eu, et construit des simulations pour voir
comment nos pneus et ce de Verstappen évolueraient en course. Et
ils ont été bons. Ce sont ces simulations qui nous ont permis de
comprendre que faire deux arrêts mènerait à une situation
fantastique à la fin de la course, Et que les pneus de Verstappen
devraient perdre en performance si nous mettions la pression
suffisante. »
Hamilton avait une « montagne à gravir »
La décision de faire l'arrêt n'offrait aucune garantie à
Mercedes. Un tour plus tard, Hamilton était à 19,2sec de son rival
et il devait combler l'écart, avec seulement 21 tours à disputer.
Il a indiqué par radio qu'il doutait de sa stratégie mais il
a pu revenir sur Verstappen, dont les pneus perdaient en
performance.
« Après avoir décidé de faire l'arrêt pour Lewis, il est devenu
évident qu'il y avait cette immense montagne à gravir, »
estime Vowles. « Nous avions 20 secondes à compenser, et ensuite il
fallait doubler Verstappen en fin de la course. Lewis avait des
inquiétudes justifiées à ce sujet, mais il a fait le temps dont
nous avions besoin à chaque tour. »
« Cela signifie que Verstappen devait répondre et attaquer, et
utiliser totalement ses pneus pour maintenir l'écart, mais au final
ce n'était pas possible. Ses pneus se sont dégradés, comme l'équipe
l'avait prévu, et nous avons gagné. »
Ce dernier relais a été effectué en pneus médiums, et pas les pneus
tendres, pourtant plus performants. Mercedes estimait que les
gommes rouges n'offraient pas l'endurance nécessaire pour les 22
tours à effectuer.
« Pour le dernier arrêt de Lewis, nous avions le choix entre les
tendres et les médiums, » précise Vowles. « Nous avions vu vendredi
que les tendres n'étaient pas aussi endurants. Leur dégradation
était plus forte. Et c'était avec une température plus fraîche que
celle que nous avions en course. De plus, nous avions besoin de
pneus très bons jusqu'à la fin du relais. Les médiums sont devenus
le choix évident. »


